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Histoire et évolution des microbilles

Par Ellen Perschbacher
Université de Waterloo
Ancienne stagiaire au bureau régional des Grands Lacs de la Commission mixte internationale, Windsor (Ontario)

Partie 2 de 4

Étant donné l’ubiquité du plastique dans la société d’aujourd’hui, il est difficile de se rendre compte à quel point la production de masse du plastique est récente.

Le développement commercial initial des thermoplastiques, comme le chlorure de polyvinyle, le polyéthylène basse densité, le polystyrène et le méthacrylate de méthyle, a commencé avec l’arrivée de la Seconde Guerre mondiale en 1939. Le caoutchouc naturel était limité et de grandes recherches ont été réalisées pour créer des solutions synthétiques. La production à grande échelle de polyéthylène à la fin des années 1970 a fortement réduit les coûts et de nouvelles applications ont été découvertes, des voitures aux produits de soins personnels.

L’un des effets secondaires négatifs de cette production de masse est que le plastique à base de pétrole représente désormais entre 60 et 80 % de tous les déchets ou débris marins, des océans aux Grands Lacs. Les microplastiques constituent la majorité de ces derniers.

 Plastique mordu par les poissons. Source : 5Gyres
Plastique mordu par les poissons. Source : 5Gyres

Ces microplastiques proviennent du lavage des vêtements et des textiles synthétiques, des pastilles pour le sablage des coques de bateau qui ont été jetées, de la boue d’égout appliquée en tant qu’engrais, des médicaments et des produits pharmaceutiques, des dépôts atmosphériques et des plastiques de plus grande taille comme les bouteilles d’eau.

Les microplastiques sont si petits qu’ils peuvent passer inaperçus dans les procédés de traitement des eaux usées et finir dans les lacs, où ils se désintègrent dans l’eau, sur la rive et les lits de lac, et peuvent ainsi rester pendant des centaines d’années.

Les plastiques ont une présence envahissante dans les Grands Lacs. Les chercheurs à la State University of New York, par exemple, ont estimé que le lac Ontario contenait 1,1 million de particules par kilomètre carré. Ailleurs, 46 000 particules par kilomètre carré ont été mesurées dans le lac Érié, 17 000 dans le lac Michigan et entre 6 000 et 8 000 dans les lacs Supérieur et Huron. Les microbilles représentent au moins 20 % de la pollution par les microplastiques dans les Grands Lacs.

 Photo détaillée de microbilles synthétiques en plastique. Source : 5Gyres
Photo détaillée de microbilles synthétiques en plastique. Source : 5Gyres

Les premiers brevets concernant les microbilles dans les produits de soins personnels remontent à la fin des années 1960. Les microbilles n’étaient pas régulièrement présentes dans les produits commerciaux jusque dans les années 1990, période à laquelle elles étaient considérées comme une source incontournable d’innovation dans les produits de soins personnels. Les fabricants les ont ajoutés à des centaines de produits de soins personnels, y compris des cosmétiques, des lotions, des nettoyants pour le visage, des dentifrices, des shampoings, des écrans solaires, des crèmes à raser et des exfoliants, pour la texture soyeuse qu’ils procurent. Les microbilles peuvent également agir en tant qu’agent structurant, exfoliants et polisseur dentaire, et sont utilisées pour prolonger la durée de conservation en piégeant et en absorbant les ingrédients dégradables.

Avant l’utilisation généralisée des microbilles synthétiques, les fabricants utilisaient des matériaux naturellement abrasifs, notamment des fèves de cacao, des amandes moulues, des noyaux d’abricot broyés, du sel de mer, de la ponce broyée et du gruau, qui se biodégradent lorsqu’ils sont rejetés dans l’environnement.

En raison de leur omniprésence et de leur petite taille, les microbilles sont pratiquement impossibles à éliminer de l’environnement, en particulier dans l’eau. Une prévention par le biais de lois qui interdisent la fabrication et la vente de produits contenant des microbilles constitue la stratégie d’atténuation clé. Jusqu’à ce que des interdictions soient en place au Canada et aux États-Unis, les citoyens peuvent soutenir les lois existantes et utiliser leur pouvoir d’achat pour appuyer les entreprises qui utilisent des solutions de rechange naturelles aux microbilles ou qui les ont déjà volontairement éliminées de leurs produits.

À venir : Les décisions du consommateur peuvent freiner la pollution par les microbilles

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