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Les bassins centraux se préparent à un climat plus chaud, plus extrême

kevin bunch
Kevin Bunch

Par Kevin Bunch, CMI

 

 

Dans les bassins des Prairies près des rivières St. Mary et Milk et de la rivière Souris, les modèles climatiques prévoient des conditions météorologiques plus chaudes et plus extrêmes au cours des prochaines décennies. Dans une région du continent connue pour osciller entre des périodes de sécheresse et d’humidité, les agents examinent déjà la possibilité d’adapter leurs procédures actuelles afin de s’y préparer.

Au cours des 100 dernières années d’activité, les agents régulateurs des rivières St. Mary et Milk de la CMI ont observé une grande variabilité climatique, a affirmé un représentant canadien sur le terrain, Jeff Woodward, également gestionnaire du programme hydrométique pour les Prairies à Environnement et Changement climatique Canada (ECCC). Par conséquent, les pratiques actuelles sont conçues en fonction de la gestion des fluctuations importantes dans le volume d’eau disponible pour l’irrigation, les résidents et les espèces sauvages.

Ces pratiques pourraient devenir de plus en plus pertinentes au cours des prochaines années. Selon M. Woodward, les agents régulateurs s’attendent à ce que les températures grimpent de 2 à 3 oC (de 3,6 à 5,4 oF), mais les modèles climatiques n’ont pas suffisamment de renseignements pour déterminer si la région sera plus sèche ou humide à l’avenir. Peu importe les résultats, le conseil s’attend à ce que les périodes de sécheresse ou d’humidité soient plus intenses et durent plus longtemps.

La rivière St. Mary, qui coule entre le Montana et l’Alberta, pourrait être exposée à davantage de phénomènes météorologiques extrêmes au cours des prochaines décennies. Photo : Royalbroil
La rivière St. Mary, qui coule entre le Montana et l’Alberta, pourrait être exposée à davantage de phénomènes météorologiques extrêmes au cours des prochaines décennies. Photo :
Royalbroil

John Kilpatrick, représentant américain sur le terrain pour les agents régulateurs et directeur du Wyoming-Montana Water Science Center du US Geological Survey (USGS, le service géologique des États‑Unis), a indiqué que les conditions actuelles ne tombent pas à l’extérieur de la plage historique, mais qu’elles s’approchent des limites. Le Bureau of Reclamation des États‑Unis a lancé un projet de modélisation des répercussions possibles des changements climatiques sur l’irrigation future.

Les rivières St. Mary et Milk suivent une tendance saisonnière selon laquelle la fonte des neiges et les orages printaniers fournissent la grande majorité des eaux de ruissellement de l’année. Les agents régulateurs répartissent les débits naturels afin que chacun obtienne sa part dans le cadre du Traité des eaux limitrophes, qui vise à ce que le Canada et les États‑Unis reçoivent chacun la moitié du débit combiné de ces cours d’eau. Les deux pays ont des réservoirs de retenue qui se remplissent lors de la crue printanière (ruissellement) et sont utilisés pendant la saison d’irrigation.

À un niveau de crue « important » de 34 pieds, la rivière Milk commence à inonder la route 24 au Montana. La dernière crête historique de cette ampleur est survenue en 2011. Photo : National Weather Service
À un niveau de crue « important » de 34 pieds, la rivière Milk commence à inonder la route 24 au Montana. La dernière crête historique de cette ampleur est survenue en 2011. Photo : National Weather Service

Les agents régulateurs peuvent devoir prendre des mesures s’ils constatent des changements dans le moment où survient la période d’irrigation, a indiqué M. Kilpatrick. Le travail du conseil pourrait devenir plus difficile si la quantité d’eau provenant du ruissellement printanier est réduite ou si celui‑ci survient plus tôt dans l’année. Cette situation pourrait entraîner des périodes prolongées de sécheresse et faire en sorte qu’une quantité insuffisante d’eau soit stockée dans les réservoirs pour répondre aux besoins des fermiers et des éleveurs qui dépendent de l’irrigation. Il serait plus facile de gérer un avenir humide que l’inverse, a ajouté M. Woodward, étant donné qu’il n’y a aucune collectivité importante le long de l’une ou l’autre des rivières qui serait  confrontée à des risques d’inondation et les réservoirs pourraient être utilisés pour retenir les quantités d’eau supplémentaires.

Pour ce qui est du bassin de la rivière Souris, M. Woodward, qui est également membre du Conseil international de la rivière Souris, a affirmé que les inondations et, en particulier, les sécheresses sont à l’origine de l’établissement des méthodes actuelles de répartition et d’irrigation, ce qui a permis de rendre le processus en quelque sorte résistant aux changements climatiques.

« Au cours des quatre ou cinq dernières années, il y a eu un changement notable dans le moment où l’eau arrive dans le bassin, » a affirmé M. Woodward. Il a expliqué que la gestion des eaux du bassin de la rivière Souris est axée sur l’eau qui arrive au début de la crue printanière; cependant, au cours des dernières années, des quantités importantes d’eau sont arrivées lors d’orages tardifs du printemps ou de l’été. Pour l’instant, il a ajouté que le conseil n’a pas été capable de déterminer s’il s’agit simplement d’une variabilité naturelle ou si la situation découle de changements climatiques.

M. Woodward a affirmé que le USGS a effectué de la modélisation numérique relativement au bassin de la rivière Souris afin d’établir des scénarios de changements climatiques futurs possibles. Comme le climat et l’apport en eaux des deux bassins sont semblables, il croit qu’il est possible d’établir des mesures adaptatives pour les deux régions. Le modèle, conçu à l’aide de données météorologiques enregistrées et d’analyses des anneaux de croissance des arbres comme données de référence, a permis de constater que les conditions de la région tendent à alterner, sur une période de plusieurs décennies, entre des climats secs et humides, les derniers changements ayant eu lieu vers les années 1970.

Le modèle a été utilisé pour déterminer la probabilité d’une autre inondation importante le long de la rivière Souris, semblable à l’inondation dévastatrice de 2011. Il a permis de constater qu’il existe deux pour cent de risque annuel d’une autre inondation importante pendant le cycle d’humidité actuel, sans que l’on puisse prédire combien de temps durera ce cycle avant le retour d’un cycle de sécheresse.

Vue de Minot, au Dakota du Nord, au cœur  de la plus importante inondation enregistrée de la rivière Souris, prise le 6 juillet 2011. Photo : FEMA
Vue de Minot, au Dakota du Nord, au cœur  de la plus importante inondation enregistrée de la rivière Souris, prise le 6 juillet 2011. Photo : FEMA

Bruce Davison, hydrologue à ECCC, travaille sur une proposition visant à utiliser des modèles informatiques pour avoir une meilleure idée de ce que pourraient signifier des scénarios de changements climatiques extrêmes, ainsi que les périodes entre ces changements, pour le bassin. De cette façon, le conseil pourrait mieux comprendre les répercussions des changements climatiques sur ses activités.

« J’ai participé à des réunions de groupe de travail (de la CMI) et ce que je comprends, c’est que ce groupe souhaite fournir un cadre quelconque que les conseils pourraient utiliser pour se pencher sur les changements climatiques et déterminer comment ceux‑ci touchent à leurs activités, » a affirmé M. Davison.

Les bassins sont gérés de manière à résister à la sécheresse; toutefois, si les changements climatiques entraînent des périodes d’humidité et de sécheresse extrêmes, les gestionnaires de l’eau pourraient éprouver de la difficulté à s’assurer qu’il y a suffisamment d’eau pour tous.

Kevin Bunch est un rédacteur spécialiste des communications au bureau de la Section américaine de la Commission mixte internationale à Washington, D.C

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Kevin Bunch

Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.

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