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Adaptation aux répercussions des changements climatiques dans les Grands Lacs : il reste encore du chemin à faire

Jeff Kart
IJC
Une tempête déchaînée sur le lac Michigan en 2010
2010 storm on Lake Michigan
Une tempête déchaînée sur le lac Michigan en 2010. Photo : NOAA

L’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs de 1972, conclu entre le Canada et les États‑Unis, a été modifié en 2012 afin, entre autres, d’ajouter une nouvelle annexe pour lutter contre les répercussions des changements climatiques.

Dans la nouvelle annexe, les Parties (le Canada et les États‑Unis) s’engagent à « déterminer, quantifier, comprendre et prédire les répercussions des changements climatiques sur la qualité de l’eau des Grands Lacs » et à faire la « mise en commun de renseignements permettant aux gestionnaires des ressources des Grands Lacs de s’attaquer, de manière proactive, à ces répercussions ».

Comme il est mentionné dans le premier rapport triennal d’évaluation des progrès (RTEP) de la CMI, publié récemment sous le régime de l’Accord, des phénomènes liés aux changements climatiques se sont produits au cours des dernières décennies, notamment une réduction de la couverture de glace hivernale et une augmentation des températures estivales et de la fréquence et de l’intensité des tempêtes.

Le RTEP conclut que le Canada et les États‑Unis ont pris un nombre important de mesures nationales relativement aux changements climatiques depuis la dernière modification de l’Accord. Une des plus importantes mesures prises est la publication du rapport sur l’état de la science des changements climatiques dans le bassin des Grands Lacs de 2015, où l’on a consigné les données scientifiques disponibles sur les répercussions, fait l’inventaire des méthodes d’évaluation et résumé plus de 250 études.

Low-pressure area over the Great Lakes
Une zone de basse pression au‑dessus des Grands Lacs ayant apporté des averses en septembre 2011. Photo : NASA

En mettant en œuvre les engagements énoncés dans l’annexe, les deux pays ont donné suite aux engagements scientifiques liés aux répercussions des changements climatiques, collaboré avec succès sur de nombreux projets de mesure et de communication et respecté les échéanciers de mise en œuvre.

Néanmoins, la Commission conclut dans le RTEP qu’il faut mettre davantage l’accent sur le passage de la théorie à la pratique. Les études effectuées ont permis de déterminer les répercussions des changements climatiques dans le bassin, mais d’autres travaux sont nécessaires pour s’adapter aux facteurs de stress que cela représente pour les gens et les infrastructures qui se trouvent dans le bassin. Les gouvernements doivent être mieux préparés.

Le Conseil de la qualité de l’eau des Grands Lacs de la CMI s’est penché sur l’adaptation dans un rapport de 2017, où elle conclut que la plupart des administrations ont en place une politique ou un plan en matière de changements climatiques, mais que l’atténuation (p. ex. la réduction des émissions) est plus commune que l’adaptation ou la planification de la résilience.

Il faut que des initiatives d’adaptation soient intégrées à d’autres programmes, comme la gestion des eaux pluviales, étant donné qu’on s’attend à ce que les tempêtes, plus fréquentes et plus intenses, augmentent les débordements d’égouts dans les villes de part et d’autre de la frontière.

Des épisodes de précipitations extrêmes plus nombreux entraîneront également une plus grande variabilité des niveaux des lacs, ce qui signifie que l’aménagement du territoire et le zonage doivent protéger les rives et les régions côtières. Il s’agit d’un domaine où la CMI accepte les conseils du Comité de gestion adaptative des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent, qui surveille les débits et les niveaux d’eau.

En harmonie avec les travaux du Conseil de la qualité de l’eau, le RTEP recommande aux Parties :

  • de faire preuve de leadership mondial en élaborant conjointement, en collaboration avec d’autres administrations, y compris les gouvernements et organisations autochtones dans la région des Grands Lacs, une approche binationale pour l’adaptation et la résilience aux changements climatiques dans les Grands Lacs;
  • d’investir dans une évaluation binationale de la vulnérabilité, qui permettrait de définir les risques que représentent les changements climatiques et de fournir du soutien technique concernant les mesures pour s’adapter aux changements climatiques, mobiliser les intervenants et tous les ordres de gouvernement et établir les priorités pour la prise de mesures adaptées aux besoins dans la région des Grands Lacs;
  • de reconnaître les répercussions des changements climatiques sur les infrastructures d’approvisionnement en eau et de fournir du soutien aux collectivités afin d’améliorer de façon proactive et systématique la capacité d’intervenir lors d’épisodes de tempêtes extrêmes, particulièrement en ce qui concerne les débordements d’égouts unitaires, la planification, le zonage et l’adaptation.

Des projections climatiques précises et des effets environnementaux possibles dans la région des Grands Lacs sont fournis ci‑dessous, dans une partie d’un tableau du RTEP et compte tenu de travaux effectués par le Conseil de la qualité de l’eau (voir le tableau complet aux pages 147-149).

Des projections climatiques précises et des effets environnementaux possibles dans la région des Grands Lacs
Des projections climatiques précises et des effets environnementaux possibles dans la région des Grands Lacs.
Jeff Kart
IJC

Jeff Kart is executive editor of the Shared Waters IJC newsletter and a contractor to the US Section of the International Joint Commission in Washington, D.C.

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