Question 15. Ces niveaux d’eau auraient-ils été plus bas si la Voie maritime du Saint-Laurent et le barrage Moses-Saunders n’avaient pas existé?
Réponse : Non, les niveaux d’eau du lac Ontario et du cours inférieur du fleuve Saint-Laurent auraient été plus élevés pendant plus longtemps en 2017 et en 2019 si la Voie maritime du Saint-Laurent et le barrage Moses-Saunders n’avaient jamais été construits.
Explication
Outre la construction du barrage Moses-Saunders et des écluses de navigation, le projet de la Voie maritime du Saint-Laurent comprenait d’importants travaux de dragage dans le cours supérieur du fleuve Saint-Laurent. Il est donc maintenant physiquement possible de relâcher un plus grand volume d’eau du lac Ontario qu’avant la construction du projet.
Par conséquent, on relâche de plus grands volumes de débit quand le niveau d’eau du lac Ontario est élevé, avant et après la crue printanière de la rivière des Outaouais, ce qui abaisse le niveau d’eau du lac Ontario. Le barrage Moses-Saunders permet de réduire le débit du lac Ontario au‑dessous de ce qu’il aurait été sans ce projet, ce qui réduit le niveau maximal du cours inférieur du fleuve Saint-Laurent pendant la crue printanière de la rivière des Outaouais.
La régularisation de débit atténue la sévérité des impacts du haut niveau d’eau sur le lac Ontario de même que sur la partie aval du fleuve Saint-Laurent. En 2017 et 2019, la régularisation a réduit le pic et la durée de l’inondation alors qu’en 2018, elle a pu aidé à prévenir l’inondation
Il est possible de simuler ce que serait ce débit sans le projet de la Voie maritime du Saint-Laurent et du barrage Moses-Saunders en établissant une relation entre les niveaux d’eau et les débits observés avant la construction du projet. Cette relation est connue sous le nom de relation préalable au projet. Le graphique de gauche compare la moyenne hebdomadaire du débit réel de 2017 à 2019 aux débits calculés chaque semaine avant le projet pour les mêmes apports dans le lac Ontario (Figure 13). De même, le graphique en haut à droite compare la moyenne hebdomadaire du niveau d’eau du lac Ontario de 2017 à 2019aux niveaux simulés en fonction des débits enregistrés avant le projet. Le graphique en bas à droite compare la moyenne hebdomadaire du niveau réel du lac Saint-Louis aux débits enregistrés avant le projet. On constate ainsi que la construction du projet et la régularisation ont permis de hausser le débit du lac Ontario pour qu’il soit plus élevé que le cours naturel de la rivière avant et après le printemps. On réduit ainsi le niveau maximal du lac Ontario d’environ 35 cm (13,8 po) en 2019 et l’on accélère sa baisse par la suite. Ces mesures ont également permis de réduire son débit pendant les inondations critiques qui ont lieu en aval du lac Saint-Louis en 2019 lorsque le débit de la rivière des Outaouais atteint des pics records, ce qui a abaissé le niveau d’eau maximal du lac Saint-Louis de plus de 50 cm (1,6 pi).
La régularisation ne peut par elle-même prévenir les inondations durant des périodes de temps extrêmement pluvieux avec de surcroit des apports d’eau très élevés de l’amont. Cependant, la régularisation de l’eau suite au projet de construction de la Voie maritime et de production d’hydroélectricité au barrage Moses-Saunders (Projet), permet de réduire la sévérité des impacts des niveaux d’eau élevés autant sur le lac Ontario que sur la partie aval du fleuve Saint-Laurent. Ainsi, durant les conditions extrêmement pluvieuses de 2017 et 2019 avec des apports d’eau élevés de l’amont, la régularisation ne pouvait que réduire le pic et la durée de l’inondation. Par contre, en 2018 sous des conditions modérées d’apports d’eau de l’amont, le projet et la régularisation ont aidé à prévenir toute d’inondation dans le système.
Question 16. Le Plan de 2014 a t il causé les crues?
Réponse : Non, les crues sont dues au temps humide et aux apports d’eau records provenant du lac Érié et de la rivière des Outaouais.
Explication
Les crues records de 2019 suivaient les précipitations supérieures à la moyenne qui sont tombées continuellement sur le bassin des Grands Lacs pendant plusieurs mois et qui ont donné lieu à des apports records du lac Érié ainsi qu’à des débits records sur l’ensemble du système de la rivière des Outaouais. La régularisation du débit du lac Ontario en 2019 ainsi que des débits en général depuis 2017, repose sur ces apports élevés.
Au cours de l’été et de l’automne 2018, la régularisation du débit a principalement suivi la limite L maximale du Plan de 2014. Cette limite L fixe le débit le plus élevé possible, compte tenu du niveau d’eau du lac Ontario et des répercussions que le débit élevé peut avoir sur le cours supérieur du fleuve Saint-Laurent, notamment l’accélération des courants et le faible niveau d’eau du lac Saint-Laurent, deux facteurs qui ont une incidence sur la navigation commerciale et sur la navigation de plaisance. La limite L du Plan de 2014 se fonde sur une limite semblable établie dans le plan de régularisation précédent, le Plan 1958‑D. Toutefois, la limite L du Plan de 2014 autorise un débit plus élevé que celle du Plan 1958-D, car elle respecte les capacités des navires modernes et les infrastructures de navigation commerciale ainsi que les connaissances acquises au cours des 60 ans d’exploitation en fonction du plan réglementaire précédent.
En novembre et en décembre 2018, avec les conditions météorologiques plus humides, le niveau d’eau du lac Ontario a commencé à monter. On a alors augmenté son débit en veillant à nouveau à établir un débit maximal sécuritaire pour la navigation. On l’a augmenté en fonction de la hausse du niveau d’eau du lac Ontario. Cela s’est généralement poursuivi jusqu’au début de la formation des glaces. Au cours de cette période de deux mois, la moyenne de son débit était de 8 120 m3/s (286 800 p3/s), soit la 7e moyenne la plus élevée enregistrée de novembre à décembre (depuis 1900 jusqu’à aujourd’hui), ce qui équivalait à un relâchement de 2,19 m (7,19 pi) du lac Ontario pendant cette période. Néanmoins, les apports d’eau totaux ont été en moyenne de 8 840 m3/s (312 200 p3/s) pendant cette même période, ce qui représente le 4e niveau le plus élevé pour la période de novembre à décembre et qui équivaut à un ajout de 2,39 m (7,84 pi). Voilà donc ce qui explique pourquoi le niveau d’eau a augmenté pendant cette période bien que son débit ait été élevé.
Au cours de la deuxième semaine de janvier 2019, des températures froides ont entraîné la formation de glace dans les zones critiques du fleuve Saint-Laurent. Comme on le fait régulièrement depuis que la régularisation a commencé en 1960, on a réduit le débit du lac Ontario temporairement pendant que les glaces se formaient sur le fleuve Saint-Laurent afin de prévenir les embâcles, qui auraient considérablement limité l’écoulement et produit des inondations localisées soudaines. Ces mesures correspondaient à la limite l du Plan de 2014, qui fixe le débit maximal possible pendant la formation des glaces. Cette règle se fonde également sur des règles semblables et sur l’expérience opérationnelle acquise au cours de décennies d’exploitation en vertu du Plan 1958‑D. L’hiver dernier, contrairement à l’hiver de 2017, la couche de glace s’est formée relativement rapidement dès le 11 janvier et elle s’est stabilisée en quelques semaines (Figure 14). On a alors augmenté le débit tout en veillant à maintenir la stabilité des glaces.
La couche de glace sur le fleuve Saint-Laurent réduit la section transversale et augmente la rugosité du chenal, ce qui fait aussi baisser les niveaux d’eau immédiatement en amont du barrage Moses-Saunders sur le lac Saint-Laurent. De février à mars 2019, on a augmenté le débit en fonction de l’écoulement maximal pouvant être relâché du lac Ontario tout en maintenant le niveau d’eau du lac Saint-Laurent au minimum afin de protéger les prises d’eau municipales et domestiques et de maintenir la stabilité de la couche de glace.
Malgré les réductions effectuées pour favoriser la formation des glaces et pour maintenir le niveau d’eau minimal du lac Saint-Laurent, le débit du lac Ontario était très élevé par rapport à l’écoulement établit par le passé au cours de cette même période. La quantité totale d’eau relâchée au cours des trois mois d’hiver de décembre 2018 à février 2019 s'est classée au 4e rang des quantités enregistrées et n'a été dépassée qu’au cours des hivers de 1986‑1987, de 1996‑1997 et de 2017‑2018.
En mars, le débit du lac Ontario est demeuré élevé et près du débit maximal requis pour maintenir le niveau minimal du lac Saint-Laurent. Le temps froid a également conservé la couche de glace un peu plus tard qu'à l'ordinaire. Le 26 mars, on a ouvert la Voie maritime du Saint-Laurent pour la saison et, comme le niveau du lac Ontario était encore élevé, on a régularisé le débit de sortie de manière à assurer la sécurité de la navigation. En mars, le débit de sortie s’est placé au 6e rang des débits les plus élevés jamais enregistrés. Bien que l’apport du lac Érié ait été bien au-dessus de la moyenne, le niveau du lac Ontario n’a augmenté que de 2 cm (0,8 po), se plaçant 11e parmi les hausses les plus faibles enregistrées au mois de mars depuis 1900.
Le temps frais et le débit élevé ont persisté jusqu’à la mi‑avril. Les températures froides ont maintenu une couche de neige très profonde et dense dans le bassin de la rivière des Outaouais. À partir du 14 avril, la température s’est adoucie, et des pluies abondantes sont tombées pendant plusieurs jours. Avec la fonte rapide des neiges, ces pluies ont fait grimper le débit de la rivière des Outaouais à des niveaux qui ont dépassé le dernier record établi en 2017. Comme le débit de la rivière des Outaouais fait augmenter le niveau d’eau du lac Saint-Louis, on a commencé à appliquer la limite F du Plan de 2014 pour équilibrer le niveau élevé de l’eau en amont du lac Ontario et du cours supérieur du fleuve Saint-Laurent avec celui des eaux en aval du lac Saint-Louis et du cours inférieur du fleuve Saint-Laurent.
Pendant la plus grande partie de l’été et de l’automne de 2018, puis des cinq premiers mois de 2019, on a régularisé le débit conformément aux règles du Plan de 2014, soit la limite I (glace), la limite L et la limite F (inondations). On trouvera une description de ces limites en ligne dans la. Toutes ces limites maximales de débit ont été conçues en fonction des mesures que le Conseil avait prises dans des conditions semblables dans le passé lorsqu’il a souvent dû s’écarter du Plan 1958‑D pour obtenir le même résultat. Les limites maximales de débit ne s’appliquent que lorsque le débit du lac Ontario prescrit par le Plan de 2014 est élevé et qu’il risque de monter trop haut et de nuire aux intérêts du système du fleuve Saint-Laurent.
En début mai 2019, les niveaux d’eau dépassaient les seuils élevés du critère H14, ce qui permit au Conseil de déroger aux règles du Plan de 2014. Il a augmenté le débit du lac Ontario pendant tout le mois de mai, même lorsque le niveau d’eau de la rivière des Outaouais diminuait, afin de continuer à équilibrer les niveaux d’eau élevés dans le cours inférieur du fleuve Saint-Laurent avec l’augmentation des niveaux d’eau en amont du lac Ontario et dans le cours supérieur du fleuve Saint-Laurent (Figure 15). Dès le mois de juin, le Conseil s’est écarté des règles du Plan de 2014 et a relâché plus d’eau afin de soulager les propriétaires riverains du lac Ontario. À partir du 10 juin, comme les conditions d’inondation diminuaient en aval, on a augmenté le débit à un niveau supérieur à ceux prescrits par le Plan de 2014 afin de relâcher le maximum de volume possible sans arrêter la navigation commerciale sur la Voie maritime du Saint-Laurent. Le débit a alors atteint les niveaux les plus élevés jamais enregistrés de façon régulière, ce qui s’était produit la première fois pendant l’été de 2017. On a maintenu ce débit sans précédent de la mi‑juin à la mi‑août 2019. On l’a ensuite réduit graduellement en suivant la baisse du niveau du lac Ontario, mais on l’a maintenu à 200 m3/s (7100 p3/s) au‑dessus du débit maximal normal de la limite L pour assurer la sécurité de la navigation (Figure 16). Ce débit élevé a abaissé le niveau d’eau du lac Ontario tout en maintenant des conditions sécuritaires pour le fleuve Saint-Laurent.
En résumé, le Conseil a géré le débit dans des conditions météorologiques inhabituelles et extrêmes de novembre 2018 jusqu’à la fin de mai 2019 conformément aux règles du Plan de 2014. Ces règles reposaient sur les mesures que le Conseil avait prises en suivant le plan de régularisation précédent, le Plan 1958-D. Pendant toute cette période, les apports d’eau dans le lac Ontario sont demeurés élevés, atteignant des niveaux records en mai, et aucun des deux plans de régularisation n’aurait permis de relâcher davantage d’eau du lac Ontario et assez rapidement pour faire une différence significative sur son niveau d’eau et prévenir les inondations de 2019.
Question 17. Le Plan de 2014 a t il retenu de l’eau pour relever intentionnellement le niveau d’eau du lac Ontario?
Réponse : Non, son niveau d’eau a augmenté en raison des apports élevés et non contrôlés, même quand son débit prévu dans le Plan de 2014 était bien au‑dessus de sa moyenne et a été maintenu, pendant la majeure partie de 2018 et de 2019, aux niveaux d’eau des limites maximales prescrites.
Explication
Les facteurs naturels non contrôlés qui influaient directement sur le niveau d’eau du lac Ontario en 2018 et en 2019 ont également permis de déterminer le débit pendant cette période et souvent de le limiter; il s’agissait notamment :
- Du temps pluvieux à la fin de l’automne et en hiver;
- De l’état des glaces dans le fleuve Saint-Laurent en hiver;
- De l’apport d’eau du lac Érié qui a atteint des niveaux records;
- Des accumulations de neige abondante et dense et d’une fonte tardive coïncidant avec des pluies abondantes qui ont produit un débit record dans le bassin de la rivière des Outaouais;
- Des conditions humides autour du lac Ontario pendant le printemps.
Ces facteurs naturels, et non les règles elles-mêmes, ont parfois limité les volumes d’eau à relâcher en vertu du Plan de 2014. Ils auraient eu le même impact sur le système, et n’importe quel plan de régularisation aurait prévu des réductions semblables du débit, y compris le Plan 1958‑D.
En fait, malgré ces contraintes naturelles, on a relâché du lac Ontario, dans le cadre du Plan de 2014, des volumes d’eau bien au‑dessus de sa moyenne pendant la majeure partie de 2018 et de 2019. Pendant l’été et l’automne de 2018, la hausse de son débit effectuée selon le Plan de 2014 et le niveau du lac Ontario qui s’est maintenu près de sa moyenne ont donné lieu à des niveaux d’eau très bas (parfois même records) pour le lac Saint-Laurent, ce qui a empêché l’augmentation du débit pendant cette période. Par la suite, et malgré les réductions nécessaires pour établir une couche de glace stable, on a continué à augmenter le débit selon le Plan de 2014 pendant la majeure partie de l’hiver, ce qui a à nouveau fait baisser le niveau d’eau du lac Saint-Laurent.
Conformément au Plan de 2014, on a temporairement réduit le débit de sortie pendant la crue nivale record de la rivière des Outaouais au printemps. Bien que ces réductions soient intégrées à la règle de la limite F du Plan de 2014, on avait déjà pris des mesures semblables dans le cadre du plan de régularisation précédent. N’importe quel plan de régularisation du débit de sortie doit tenir compte des conditions printanières exceptionnelles et de leurs répercussions en amont et en aval. À la fin du printemps, on a augmenté le débit de sortie à des niveaux records, et les inondations en aval ont diminué en début juin. Comme on l’explique dans une réponse précédente, sans le projet, le niveau du lac Ontario aurait été encore plus élevé en 2019.
Question 18. L’exploitation des barrages du système de la rivière des Outaouais a t elle contribué à réduire le débit vers le fleuve Saint-Laurent?
Réponse : Oui. Bien que la CMI ne soit pas responsable de l’exploitation des barrages du réseau de la rivière des Outaouais, on a exploité ces barrages, tout comme en 2017, de manière à réduire le débit élevé et les inondations tout au long de la rivière des Outaouais, ce qui a également contribué à réduire le débit de pointe dans le fleuve Saint-Laurent près de Montréal.
Explication
Pour atténuer les inondations extrêmes survenues dans le réseau de la rivière des Outaouais, on a pris toutes les mesures possibles pour réduire les volumes relâchés des réservoirs situés en amont. De plus amples renseignements sur les opérations dans le réseau de la rivière des Outaouais sont disponibles sur le site Web de la Commission de planification et de régularisation de la rivière des Outaouais et une présentation vidéo résumant la crue de 2019 est également disponible.
On a abaissé pendant l’hiver le niveau d’eau des réservoirs de rétention dans les parties nord et réglementées du bassin de la rivière des Outaouais afin de permettre à une grande partie du ruissellement printanier de s’y accumuler. Cela a permis de réduire le débit de la rivière au printemps afin d’abaisser les niveaux de crue de pointe dans toute la rivière des Outaouais. Ces mesures ont également permis de réduire les débits de pointe dans le fleuve Saint-Laurent et d’atténuer les répercussions des inondations dans la région de Montréal. Par exemple, le 30 avril 2019, au plus fort de l’inondation de la rivière des Outaouais, grâce à la réduction du débit due au stockage du réservoir, on a réduit d’environ 4 000 m3/s (141 300 p3/s) le relâchement du barrage Carillon, qui est situé le plus en aval de la rivière des Outaouais. Cela a réduit de plus de 50 cm (1,6 pi) le niveau d’eau du lac Saint-Louis sur le fleuve Saint-Laurent. Les résultats de ces mesures s’ajoutent aux effets de la régularisation du lac Ontario, qui vise à y réduire les pics de niveaux d’eau. Pendant les inondations, la sécurité des riverains et l’intégrité des structures de rétention d’eau ont priorité sur la production d’hydroélectricité.
Bien que cette année on ait considérablement réduit le débit, on ne peut pas utiliser uniquement des barrages pour réduire le débit de la rivière des Outaouais, particulièrement dans des conditions si extrêmes. La capacité de stockage du bassin de la rivière des Outaouais est faible par rapport au volume total de sa crue printanière annuelle (la pointe qui se produit au printemps à cause des pluies et de la fonte des neiges). Le ruissellement total de la crue printanière de cette année a été près de quatre fois supérieur au volume total de stockage des réservoirs du bassin. De plus, environ 60 % de l’aire de drainage du bassin de la rivière des Outaouais n’est pas contrôlée et n’a pas une grande capacité de stockage. Les précipitations extrêmes de la fin avril et du début mai de cette année étaient très étendues. Les totaux enregistrés étaient très élevés dans la partie nord du bassin de la rivière des Outaouais, où la neige abondante était prête à fondre, ainsi que dans la partie sud non contrôlée du bassin, à l’extrémité aval du réseau le plus près du fleuve Saint-Laurent. La géographie physique de cette région du sud ne permet pas de stocker davantage d’eaux de crue; en fait, les graves inondations qui ont eu lieu en 2017 et en 2019 le long du cours inférieur de la rivière des Outaouais pendant les débits records de la fin avril et du début mai l’ont clairement démontré.
Question 19. Le Conseil aurait-il pu relâcher plus d’eau si le Plan 1958 D avait été en vigueur avant les crues records de 2019?
Réponse : Probablement pas, car le débit du lac Ontario prévu dans le Plan de 2014 était déjà près du volume maximal que l’on pouvait relâcher sans nuire davantage aux intérêts dans l’ensemble du système.
Explication
Il est impossible de savoir exactement comment le Conseil aurait agi en suivant le Plan 1958‑D avant ces inondations printanières. Ces hypothèses seraient fondées sur des renseignements incertains et elles demeurent très subjectives.
Les facteurs naturels - y comprit les apports d’eau records du lac Érié et du système de la rivière des Outaouais - auraient eu le même impact sur le système et des réduction de débit similaires auraient eu à être considérées sous quelque plan de régularisation que ce soit, incluant le plan précédent 1959-D.
Toutefois, dans des conditions extrêmement humides, les contraintes imposées par la capacité du système sont les mêmes, et les débits prévus dans le nouveau plan sont très semblables à ceux qu’aurait prescrits l’ancien plan. Cela s’explique par le fait que les règles du Plan de 2014 prévues pour de telles conditions d’humidité ont été conçues à partir des règles du Plan 1958‑D et de l’expérience acquise au fil des années en s’écartant de ce plan dans des conditions d’humidité similaires. En suivant le Plan 1958‑D, le Conseil a souvent dû s’écarter des règles sur son débit pour faire face à certaines conditions; la version de ce plan présentant aussi les écarts effectués s’intitule le Plan 1958‑DD. Il a souvent été nécessaire de déroger aux règles du Plan 1958‑D pour tenir compte de l’état des glaces en hiver, pour adapter ces règles aux effets des débits élevés ou faibles de la rivière des Outaouais sur le cours inférieur du fleuve Saint-Laurent et pour maximiser le débit du lac Ontario afin de prévenir les inondations tout en protégeant la navigation. Il a fallu aborder ces conditions en s’écartant du Plan 1958‑D, mais ces règles ont été directement incluses dans celles du Plan de 2014 qui régissent les débits.
Par exemple, si le Conseil avait appliqué les règles du Plan 1958-D avant les inondations printanières de 2019, il aurait certainement tenu compte des risques que les apports élevés du lac Érié posaient au lac Ontario tout au long de 2018. Toutefois, les apports élevés du lac Érié n’ont jamais permis de prévoir avec fiabilité les inondations printanières de l’année suivante. De plus, le niveau d’eau du lac Ontario avait atteint sa moyenne saisonnière pendant l’été et était demeuré près de cette moyenne pendant l’automne de 2018. Cependant, le Plan de 2014 prescrivait un débit maximal de la limite L pendant toute cette période, en grande partie à cause de l’apport volumineux du lac Érié. Cette mesure a considérablement abaissé le niveau d’eau du lac Saint-Laurent situé immédiatement en amont du barrage Moses-Saunders.
Compte tenu de cela, il est probable que le Conseil aurait agi de manière à élever légèrement le niveau d’eau du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent pendant la deuxième moitié de 2018 et peut-être même jusqu’en 2019. En suivant le Plan 1958‑D, le Conseil aurait peut-être réduit le débit à un niveau inférieur au maximal sécuritaire pour la navigation pendant l’été de 2018 afin d’élever le niveau d’eau du lac Saint-Laurent et de soulager les gens qui devaient composer avec des niveaux d’eau records dans cette région. Il a déjà agi ainsi dans des circonstances semblables en suivant le Plan 1958‑D.
En janvier 2019, les conditions météorologiques hivernales auraient imposé les mêmes réductions du débit dans le cadre des deux plans afin de favoriser la formation de la glace et de prévenir celle des embâcles dans le fleuve Saint-Laurent. En février et en mars 2019, la stabilité de la couche de glace a permis de maintenir un débit élevé, mais elle a aussi abaissé le niveau d’eau en amont du barrage, ce qui a accru le risque que couraient les prises d’eau municipales (ce risque aurait été pris en compte dans les deux plans). Comme la glace a fondu en mars, un peu avant l’ouverture de la Voie maritime, le débit est demeuré très élevé (légèrement au‑dessous des valeurs maximales). Comme en début mars 2019, on ne prévoyait pas de conditions météorologiques extrêmes, le Conseil n’aurait probablement pas dérogé du Plan 1958‑D en augmentant fortement le débit de sortie; cette mesure aurait réduit le niveau d’eau du lac Ontario de 5 cm au plus (moins de 2 po). Lorsque l’on a ouvert la Voie maritime à la fin du mois de mars, on a de nouveau suivi le Plan de 2014 en établissant un débit de sortie qui assurait la sécurité maximale de la navigation, tout comme on l’aurait fait dans le cadre du Plan 1958‑DD. En avril et en mai, dans le cadre des deux plans, les débits records de la rivière des Outaouais et les graves inondations en aval du barrage auraient réduit le débit du lac Ontario.
En résumé, une nouvelle dérogation aurait légèrement modifié le débit avant le printemps 2019, mais elle n’aurait pas eu beaucoup d’effet sur les niveaux d’eau du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent au printemps, quand l’apport d’eau a commencé à s’intensifier. Ces modifications auraient peut-être même aggravé les inondations au lieu de les atténuer.
Question 20. Pourquoi ne pas assécher le lac Ontario chaque automne afin de disposer d’une capacité de stockage suffisante pour prévenir les inondations au printemps?
Réponse : Cette mesure aurait des conséquences immédiates sur d’autres intérêts et elle ne préviendrait pas vraiment les répercussions à long terme des inondations autour du lac Ontario.
Explication
Le Plan de 2014 tente de réduire le niveau d’eau du lac Ontario quand les apports sont élevés, comme ils l’ont été à l’automne de 2017, de 2018 et de nouveau en 2019. Cela a permis de prévenir avec succès les inondations en 2018. Toutefois, ce lac ne possède tout simplement pas la capacité physique nécessaire pour prévenir les inondations lorsque les apports de l’eau d’hiver et de printemps en amont et en aval sont aussi extrêmes qu’ils l’ont été en 2017 et en 2019.
Les résultats d’études ont démontré qu’il n’est pas possible de prévenir toutes les inondations dans le lac Ontario, même s’il s’agissait du seul objectif du plan de régularisation (voir p. ex. le Rapport final de 2006 du Groupe d’étude international sur le lac Ontario et le fleuve Saint-Laurent, p. 33). Il faut en outre tenir compte des répercussions que pourrait entraîner ce bas niveau d’eau au cours des années. Par exemple, si l’on abaisse le plus possible le niveau d’eau du lac Ontario en automne et qu’il y a une sécheresse au printemps suivant, la situation nuira fortement à d’autres intérêts. On sait aussi que les abaissements extrêmes de niveau en automne ont des effets néfastes sur la remise en état environnementale.