Lac Ontario et fleuve Saint-Laurent Niveau d’eau élevé en 2017 - Questions et réponses


Le présent document d’information fut établi et révisé par le personnel de la Commission mixte internationale (CMI) et celui de son Conseil international du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent (CILOFSL).
 

Causes de l’évènement de niveau d’eau élevé en 2017

Quelles furent les causes du niveau d’eau élevé en 2017?

La cause principale fut le temps extrêmement pluvieux d’avril et mai sur l’ensemble du bassin du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent, précédé d’une période de temps pluvieux de janvier à mars. Les causes secondaires connexes vinrent du débit record en provenance de la rivière des Outaouais qui a suivi en avril et en mai, l’affluent du lac Érié tout au long de 2017 qui fut bien supérieur à sa moyenne , et l’englacement inhabituel du fleuve Saint-Laurent à plusieurs occasions qui a pour sa part, nécessité des réductions temporaires du débit du lac Ontario, de janvier à mars.



Les précipitations ont-elles établie un record?

Oui. Plusieurs endroits du bassin du lac Ontario ont reçu des précipitations records durant la période de cinq mois, de janvier à mai 2017, soit la période au cours de laquelle le niveau d’eau a atteint un sommet, y compris dans les villes de Toronto (Ontario) et de Rochester (État de New York). En mai, la quantité totale d’apport d’eau dans le lac Ontario a battu un record en raison de son gonflement par l’affluent élevé du lac Érié par la rivière Niagara, tandis qu’au mois d’avril, on a enregistré le second apport d’eau le plus important de l’histoire. Les précipitations sur le bassin de la rivière des Outaouais, dont les eaux se jettent dans le fleuve Saint-Laurent à Montréal, ont également établi des records au printemps et pour l’année 2017 dans son ensemble.
 

Le Plan 2014 fut-il été la cause du niveau d’eau élevé?

Non. Le niveau d’eau élevé de cette année est le résultat de conditions météorologiques extrêmes et, dans certains cas, sans précédent, dont un apport naturel d’eau extraordinairement élevé et des conditions météorologiques hivernales très inhabituelles. Ces conditions ont en grande partie dictée la façon dont le débit a dû être géré durant les cinq premiers mois de 2017. Premièrement, de janvier jusqu’à la fin mars, le temps pluvieux et les fluctuations anormales de température ont obligé l’ajustement du débit du lac Ontario presque continuellement pour composer avec les conditions de glace exceptionnellement variables sur le fleuve Saint-Laurent et ainsi prévenir la formation d’embâcles qui auraient pu réduire gravement le débit et provoquer rapidement des inondations localisées. Deuxièmement, la période d’avril à mai, en fut une d’apport d’eau record au lac Ontario de même qu’une record du débit de la rivière des Outaouais au cours de laquelle, il a fallu à nouveau ajuster presqu’en continue le débit du lac Ontario pour contrebalancer les répercussions du niveau d’eau élevé en amont et en aval. Le débit au cours des cinq premiers mois de 2017 a été fixé selon les règles énoncées dans le Plan 2014, mais ces règles (c.-à-d. la limite « G » pour la glace et la limite « D » pour le débit) ont été établies selon le mode d’exploitation antérieur appliqué par le CILOFSL dans des conditions similaires, alors que le Conseil avait à l’époque dévié du Plan 1958-D pour atteindre le même résultat. 

À la fin du mois d’avril, le niveau d’eau dépassait les seuils supérieurs du critère H14, conférant ainsi le pouvoir au Conseil de déroger des règles du Plan 2014. À partir du 24 mai, alors que les crues se sont atténuées en aval, le débit fut augmenté au-delà de celui prescrit par le Plan 2014, jusqu’au maximum possible sans interrompre la navigation commerciale sur la Voie maritime du Saint-Laurent. Pendant cette période, le débit a dépassé le volume d’eau le plus élevé jamais écoulé auparavant de façon aussi soutenue; ce débit sans précédent a d’ailleurs été maintenu de la mi-juin jusqu’en août. Il a ensuite été diminué à mesure que le niveau d’eau du lac Ontario baissait, de façon à prévenir la fermeture de la Voie maritime du Saint-Laurent. Néanmoins, le débit a continué de dépasser les valeurs des règles du Plan 2014, jusqu’au début du mois de septembre.

En résumé, le Conseil a géré le débit dans des conditions météorologiques inhabituelles et extrêmes de janvier à la fin de mai, conformément aux règles du Plan 2014 fondées sur le mode d’exploitation appliqué par le Conseil en vertu du plan de régularisation précédent. De la fin du mois de mai jusqu’en septembre, le Conseil n’a pas suivi les règles du Plan 2014, mais a choisi de faire passer un débit plus élevé pour accorder un répit aux propriétaires riverains du lac Ontario. Dès septembre, le Conseil est revenu au Plan 2014, qui prévoyait généralement le maintien du débit maximum tout en assurant la poursuite des activités de navigation commerciale dans la Voie maritime du Saint-Laurent, jusqu’à la fin de 2017.



Le Plan 2014 a-t-il fait emmagasiner de l’eau dans le lac Ontario?

Les facteurs qui ont limité le débit en 2017 étaient naturels, incontrôlables et ils auraient été les mêmes, peu importe le plan de régularisation : conditions de glace très variables sur le fleuve Saint-Laurent, inondations en amont et en aval et sécurité de la navigation. Malgré ces contraintes, l’écoulement total d’eau fut bien supérieur à la moyenne en 2017, et le débit fut élevé à un taux record au fur et  à mesure que la crue en aval diminuait, de la fin mai à la mi-août.

 

Les barrages sur la rivière des Outaouais auraient-ils pu servir à réduire les apports d'eau au fleuve Saint-Laurent?

La CMI n’a aucun pouvoir sur les barrages de la rivière des Outaouais. Toutefois, les barrages ont été exploités de façon à réduire le débit élevé dans le fleuve Saint-Laurent. Devant la crue extrême, toutes les mesures nécessaires ont été prises pour réduire l’apport d’eau des réservoirs en amont. La réduction combinée de l’écoulement, grâce au stockage dans les réservoirs du nord, a entraîné des diminutions du débit d’environ 2 800 mètres cubes par seconde vers le fleuve Saint-Laurent, lors de la période de pointe du 8 mai 2017. Durant des évènements d’inondation, la sécurité des riverains et l’intégrité des infrastructures de rétention d’eau ont priorité sur la production hydroélectrique.

Même si les réductions du débit ont été importantes cette année, il y a des limites à avoir recours aux barrages pour réduire le débit de la rivière des Outaouais, tout particulièrement dans les conditions survenues cette année. La capacité de stockage du bassin de la rivière des Outaouais est faible par rapport au volume total de la crue printanière annuelle. Cette année, le volume de ruissellement de cette montée soudaine des eaux lorsque les pluies se combinent à la fonte des neiges était de trois fois supérieur au volume de stockage total des réservoirs du bassin. De plus, environ 60 % de la zone de drainage du bassin ne fait l’objet d’aucune régularisation et ne présente aucune capacité significative de stockage. La majorité des précipitations extrêmes reçues à la fin du mois d’avril et au début du mois de mai de cette année s’est concentrée sur cette portion non régularisée du bassin, laquelle se trouve à l’extrémité aval du système, soit celle qui est la plus près du fleuve Saint-Laurent. La géographie physique de cette zone ne permet pas la construction de nouveaux réservoirs. Cette contrainte a été clairement démontrée en 2017 par les graves inondations qui ont sévi le long du cours inférieur de la rivière des Outaouais quand le débit record fut enregistré au début du mois de mai. L’écoulement des eaux dépassait déjà la normale en raison des précipitations du mois d’avril, deux fois supérieures aux valeurs normales, conjuguées à une fonte tardive des neiges.
 


Exploitation en 2017

Pourquoi n’y a-t-il pas eu davantage d’eau écoulée du lac Ontario au printemps 2017?

Comme il y avait des inondations en amont et en aval du barrage au printemps 2017, le débit du lac Ontario a été ajusté afin d’équilibrer les répercussions des inondations en amont et en aval.


Pourquoi ne pas avoir écoulé davantage d’eau en 2016 lorsqu’il n’y avait pas de problème de crue en aval?

Rien ne justifiait le conseil de faire passer davantage d’eau, puisque le lac Ontario était en dessous de son niveau moyen à long terme de mai à décembre 2016 et parce que le bassin avait souffert d’une grave sécheresse à la fin de l’été et à l’automne de cette année-là. Il était impossible de prévoir si les conditions seraient pluvieuses ou sèches l’année suivante.

À titre d’exemple, à la fin mars 2017, le niveau d’eau du lac Ontario était identique à celui de la fin mars 2016. En 2016, une sécheresse extrême a suivi, alors qu’en 2017 ce sont de très fortes précipitations qui suivirent. Aucun de ces scénarios n’aurait pu être prévu, et aucun ne l’a été.


Le Conseil aurait-il eu davantage de latitude pour écouler de l’eau si le Plan 1958DD avait été en vigueur en 2017?

Bien que le Conseil aurait eu davantage de pouvoir de consentir d’écart au plan et faire ainsi passer un débit différent de celui prescrit, il n’aurait peut-être pas exercé cela à l’occasion des conditions climatiques extrêmes de 2017, notamment durant les importantes variations de température et l’état de la glace sur le fleuve Saint-Laurent en hiver ainsi que lors des fortes précipitations et crues en amont et en aval dans le bassin au printemps. Par conséquent, cela n’aurait fait que peu ou aucune différence que le Conseil ait agi dans le cadre du Plan 1958DD.

À titre d’exemple, alors que le Conseil détenait le pouvoir de dévier du débit prescrit par le Plan 2014 quand le lac Ontario a atteint son niveau de déclenchement de crue le 28 avril, le Conseil a choisi de suivre le Plan 2014 jusqu’au 24 mai afin d’équilibrer les inondations qui se produisaient simultanément en amont et en aval. Les décisions concernant le débit prises par le Conseil, une fois qu’il a commencé à s’écarter du débit du Plan 2014 auraient pu être les mêmes que celles qu’il aurait prises dans le cadre du Plan 1958DD parce que le Conseil aurait été confronté aux mêmes considérations.


Pourquoi le débit a-t-il été réduit pour la navigation?

En 2017, le Conseil avait pour priorité d’atténuer les répercussions des crues en amont et en aval. Toutefois, lorsqu’il établit le débit, le Conseil doit tenir compte du degré d’allègement qui peut être accordé tout comme les conséquences pour tous les intéressés. Un débit plus élevé que celui établi par le Conseil aurait accru les courants dans la section internationale du fleuve Saint-Laurent dans une mesure qui aurait effectivement forcé l’arrêt de la navigation commerciale. Cela aurait affecté la vie des gens et l’économie dans toute la région des Grands Lacs en perturbant le transport des matières premières et des produits finis, sans apporter beaucoup de soulagement autour du lac Ontario.

À partir du 24 mai, à mesure que les inondations diminuaient en aval, le débit a augmenté au-delà du niveau qui aurait autrement été prescrit par le Plan 2014. En fait, le débit a dépassé de façon soutenue le niveau le plus élevé jamais atteint, et ce débit sans précédent s’est maintenu de la mi-juin jusqu’en août. Afin d’assurer des conditions de navigation sans danger pendant ce débit record et soutenu, les instances de la Voie maritime ont imposé des limitations de vitesse, des restrictions de dépassement ainsi que d’autres mesures d’atténuation.

La baisse graduelle du niveau du lac Ontario au cours des mois d’été a entraîné une augmentation progressive de la vélocité de l’eau dans le cours supérieur du fleuve Saint-Laurent. Cela représentait des défis supplémentaires et, en fin de compte, le maintien du débit record n’était plus sécuritaire pour la navigation. En conséquence, à partir du mois d’août, le débit a dû être progressivement réduit pour favoriser des conditions de sécurité et permettre de maintenir le passage des navires.

En résumé, de fin mai à fin décembre, le débit a été établi au taux ou près du taux le plus élevé possible permettant une navigation sans danger afin de baisser le niveau d’eau du lac Ontario de façon aussi rapide et sécuritaire que possible.


Pourquoi le Conseil n’a-t-il pas établi un débit qui aurait engendré des arrêts temporaires de la navigation comme cela s’est produit en 1993?

Les interruptions des activités d’exploitation de la Voie maritime en 1993 constituaient une mesure expérimentale à court terme et n’ont permis de baisser le niveau d’eau du lac Ontario que d’un peu plus d’un pouce. En 2017, le débit du lac Ontario était comparable ou supérieur à celui libéré en 1993 sur une base hebdomadaire et s’est poursuivi sur une période prolongée tout en équilibrant tous les intérêts dans le système. Cela a entraîné un débit d’eau sans précédent ainsi qu’un taux d’abaissement du lac Ontario plus important que celui qui a été atteint en 1993, et ce, avec moins de répercussions pour les autres parties intéressées. Au cours des quatre mois qui ont suivi le niveau d’eau record (de juin à septembre), le lac Ontario a enregistré une baisse record de 93 centimètres (36,6 pouces); la diminution suivante la plus importante enregistrée au cours de cette période a été de 86 centimètres (33,9 pouces) en 1993.


Pourquoi le débit a-t-il été réduit en octobre pour permettre le hissage des bateaux?

Le débit extrêmement élevé, notamment après que le lac Ontario ait atteint un niveau plus bas en août, a réduit le niveau du lac Saint-Laurent, juste en amont du barrage à Cornwall, en Ontario et à Massena, dans l’État de New York. Le niveau y était alors plus bas qu’il ne l’avait jamais été depuis 1987, laissant de nombreux bateaux échoués, et plusieurs marinas et plaisanciers incapables de déplacer leurs bateaux avant l’arrivée de l’hiver. La réduction du débit pendant une fin de semaine à l’automne (les 7 et 8 octobre 2017) a suffisamment élevé le niveau d’eau du lac Saint-Laurent pour faciliter le hissage des bateaux, sans répercussion significative sur celui du lac Ontario. Dans tous les cas, l’effet sur le lac Ontario a par la suite été éliminé en laissant couler un débit légèrement plus élevé au cours des semaines suivantes. 


Quelles mesures peuvent être prises pour abaisser le niveau d’eau et prévenir les inondations en 2018?

Alors qu’approchait la fin de l’année 2017, le Plan 2014 a continué à établir un débit très élevé, mais l’arrivée ou non d’une inondation au cours du printemps 2018 dépendra des conditions climatiques et de l’approvisionnement en eau pendant l’hiver et les mois du printemps et non pas du plan de régularisation. Alors que le Conseil et le Plan font tout ce qui peut être fait, aucun plan de gestion du débit ne peut éliminer le risque de futures inondations.


Pourquoi ne pas réduire le niveau d’eau du lac Ontario chaque automne afin qu’il y ait une capacité suffisante de stockage pour prévenir une inondation au printemps?

La capacité physique de prévenir les inondations les années où les approvisionnements en eau en amont et en aval sont aussi extrêmes que ceux vécus en 2017 , n’existe tout simplement pas. Des études antérieures de la CMI ont montré qu’il n’est pas possible de prévenir tout risque d’inondation sur le lac Ontario, même si c’était le seul objectif du plan de régularisation. De plus, on doit tenir compte des répercussions qui peuvent affecter d’autres parties, tels que la navigation commerciale et celle de plaisance, au cours des années où le niveau d’eau est plutôt bas. À titre d’exemple, s’il y a une sécheresse au printemps suivant, faire baisser le niveau d’eau du lac Ontario au maximum chaque automne entraînerait des incidences économiques significatives pour les autres intérêts, susceptibles de dépasser largement la réduction des dommages économiques causés aux propriétaires riverains du lac Ontario.
 

Dans quelle mesure le débit à l’automne 2017 du Plan 2014, diffère-il de celui qui aurait été en vertu du Plan 1958DD?

Cela ne peut être déterminé avec exactitude étant donné que les décisions qu’aurait pu prendre le Conseil dans cette situation en vertu du Plan 1958DD ne sont pas entièrement prévisibles et restent donc inconnues. Toutefois, d’avril à août 2017, le Conseil avait le pouvoir de s’écarter du Plan 2014. Ce qu’il a fait, à compter de la fin mai alors que les inondations en aval s’atténuaient, avec le débit maximal possible tout en maintenant la navigation commerciale sur le fleuve Saint-Laurent tout au long de l’été. À partir du mois de septembre, le Conseil est revenu au Plan 2014 qui a continué à établir un débit maximal tout en maintenant les opérations de navigation commerciale sur le haut Saint-Laurent tout au long de l’automne et jusqu’au début de la formation des glaces à la fin décembre. Si le débit avait continué à augmenter, dans le cadre d’un plan de régularisation quelconque ou de déviations, le risque pour les navires s’en serait trouvé accru et les opérations de navigation commerciale auraient peut-être été suspendues sur le fleuve Saint-Laurent. En fin de compte, le niveau d’eau du lac Ontario est principalement influencé par les apports d’eau naturels, la régularisation du débit n’ayant qu’une influence moindre. On peut s’attendre, surtout dans des conditions de niveau d’eau élevé extrêmes, à ce que se produise le même niveau d’eau record, sous l’un ou l’autre plan de régularisation.