5. Conséquences pour les divers intérêts

5.1 Généralités

5.1.1 Quels sont les avantages et les conséquences d’un niveau d’eau élevé? Qui est touché?

Un niveau d’eau élevé est généralement bénéfique pour les usagers municipaux de l’eau, la navigation, la production d’hydroélectricité et les plaisanciers, bien qu’un niveau extrêmement élevé et des courants rapides puissent être dangereux et défavorables à ces intérêts également. Les navires peuvent être incapables de passer sous les ponts et les câbles aériens. Les crues ont des répercussions négatives sur les propriétaires riverains en inondant les quais fixes ou les bâtiments près du rivage. En outre, le taux d’érosion des berges a tendance à augmenter lorsque le niveau d’eau est plus élevé, et les crues peuvent endommager les ouvrages de protection des rives. Les terres humides qui s’étendent vers l’intérieur sont inondées à de plus grandes profondeurs, ce qui est bénéfique de temps à autre. Un niveau d’eau élevé est nécessaire périodiquement pour maintenir la productivité et la santé des milieux humides, mais un niveau extrême peut annuler de tels avantages.

5.1.2 Quels sont les avantages et les conséquences d’un niveau d’eau faible? Qui est touché?

Un bas niveau d’eau touche les usagers municipaux, car les prises d’eau peuvent se trouver au-dessus de la surface de l’eau, ou parce que l’eau peut être plus chaude et de moins bonne qualité. Aussi, il y a moins d’eau disponible pour la dilution des eaux usées municipales et les coûts d’épuration peuvent augmenter.

La navigation commerciale et de plaisance souffrent des eaux basses, car les chenaux sont moins profonds. Les navires peuvent devoir diminuer leur charge afin de réduire leur tirant d’eau et les plaisanciers peuvent trouver que les quais ou les rampes de mise à l’eau ne se rendent pas assez loin. La production d’hydroélectricité est touchée par la baisse du débit disponible.

Les eaux basses peuvent bénéficier aux propriétaires riverains dont les quais sont courts et bas ou qui ont des bâtiments à proximité du rivage. Le taux d’érosion diminue généralement lorsque le niveau d’eau est faible.

Une baisse périodique du niveau d’eau en été peut aussi avoir des effets positifs pour l’environnement. Elle expose davantage de plages et de vasières. De plus, les plantes de milieux humides peuvent pousser plus loin dans le lac et le fleuve. L’assèchement périodique des milieux humides favorise la germination de graines aquatiques dormantes, et profite aux espèces végétales et à la biodiversité.

5.1.3 Les impacts négatifs se produisent à partir de quel niveau (bas ou élevé) sur le lac Ontario?

Il n’existe aucun niveau repère à partir duquel on peut affirmer que des impacts négatifs se produisent dans le système. L’importance du préjudice subi par un utilisateur est fortement tributaire du lieu, de l’usage et parfois du moment de l’année, puisque les intempéries et les vents violents peuvent toujours causer des vagues déferlantes et endommager les rives. Le Conseil sait que différents secteurs du réseau peuvent être touchés lorsque le niveau du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent varie, même à l’intérieur de la plage de fluctuation historique.

5.1.4 Que peuvent faire les collectivités riveraines, le cas échéant, pour aider le Conseil?

Les collectivités riveraines peuvent aider le Conseil en communiquant avec lui afin qu’il comprenne leur situation et leurs préoccupations. Surtout, elles peuvent s’aider elles-mêmes en se renseignant davantage au sujet des dangers qui menacent les zones riveraines et en cherchant à atténuer les risques en prévoyant des mesures à cet effet lors de leurs efforts de revitalisation des rives et en les intégrant à leurs plans d’intervention et de rétablissement en cas d’inondation, ainsi qu’à leur planification à long terme de l’aménagement des zones riveraines. La résilience des rives est une mesure qui reconnaît la probabilité de fluctuations extrêmes de temps à autre.

5.1.5 Quels ont été les impacts de la régularisation sur le lac St. Lawrence, par rapport aux conditions qui prévalaient avant les travaux d’aménagement?

Avant la construction du barrage de la centrale hydroélectrique Moses-Saunders, du barrage de Long Sault et des ouvrages de protection connexes, le tronçon du fleuve Saint-Laurent en amont du projet était beaucoup plus étroit et il était caractérisé par des eaux vives et des rapides. Les conditions étaient également propices à la formation d’embâcles qui causaient des inondations. La construction de la Voie maritime et de la centrale ont stabilisé le débit et créé le lac St. Lawrence, le grand réservoir en amont du barrage Moses-Saunders. L’élargissement du fleuve à cet endroit a causé l’inondation de certains villages historiques et de fermes sur les deux rives du fleuve. Les gens qui ont perdu leur maison ont dû être relocalisés et beaucoup de maisons ont été déménagées sur de nouveaux terrains situés en milieu sec. Ces aménagements ont aussi permis à la navigation de plaisance et aux entreprises connexes de prendre de l’expansion dans la région. Sans l’aménagement du barrage Moses-Saunders et de la régularisation connexe, la plus grande partie du fleuve Saint-Laurent entre Ogdensburg et Massena, N.Y., ne serait pas accessible aux navires commerciaux ou de plaisance, sauf pour les canots, les kayaks et les radeaux.

5.1.6 Quels sont les renseignements disponibles sur le niveau d’eau? 

Étant donné que le niveau d’eau concerne beaucoup de groupes d’intérêt, peut-être un des vôtres, le Conseil a recours à de nombreux moyens pour diffuser l’information à ce sujet. L’onglet « Bassin hydrographique » de notre site Web https://ijc.org/fr/clofsl  indique les « Conditions actuelles et prévues » (niveau et débit) dans l’ensemble du réseau. Les parties intéressées peuvent utiliser ce lien pour s'abonner aux annonces des flux et niveaux hebdomadaires specifiés. L’onglet « Nouvelles et événements » du site Web énumère les communiqués de presse. Le Conseil publie régulièrement sur sa page Facebook des prises de vues du niveau d’eau autour du réseau du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent. D’autres sources d’information sur le niveau d’eau sont disponibles directement auprès de l’organisme concerné : NOAA, SHC, Voie maritime, CPRRO.

Le Conseil exhorte tout le monde à être prêt à vivre en considérant la gamme complète des fluctuations de niveau qui se sont produites par le passé et de celles qui pourraient se produire à l’avenir. D’après les observations historiques et les conditions prévues, le niveau du lac Ontario devrait tout au moins  varier d’un maximum de 75,92 m (249,1 pi) à un minimum de 73,56 m (241,3 pi) à des intervalles sporadiques. Toutefois, il est également reconnu que les conditions climatiques futures sont incertaines et que l’on peut s’attendre à des valeurs encore plus extrêmes et plus fréquentes. Le niveau du fleuve Saint-Laurent a tendance à varier davantage que celui du lac Ontario. De plus, ces prévisions ne tiennent pas compte des divers effets locaux des vents forts et de l’action des vagues qui augmentent ou diminuent considérablement le niveau du lac et du fleuve, des changements temporaires de plus d’un demi-mètre (deux pieds) s’étant avérés possibles à certains endroits.

5.1.7 Quelles mesures d’adaptation les usagers d’eau et les propriétaires fonciers devraient-ils prendre en amont et en aval du barrage pour se protéger contre les effets négatifs, et que compte faire le Conseil pour encourager de telles mesures? 

Le Conseil encourage toujours les usagers de l’eau et les propriétaires fonciers à planifier en fonction de la gamme complète des fluctuations de niveau observées par le passé. La recommandation de mesures d’adaptation précises ne relève pas de la compétence du Conseil, mais l’information à ce sujet est facilement accessible en ligne, ou auprès de vos représentants locaux et des offices de protection de la nature.

5.2 Approvisionnement en eau potable et utilisations sanitaires

5.2.1 De quelle façon un niveau faible ou élevé peut-il nuire aux utilisations domestiques et sanitaires?

Un niveau d’eau élevé peut menacer l’approvisionnement en eau à des fins domestiques et sanitaires, en raison de l’inondation et du refoulement des conduites d’égout sanitaire, de l’inondation et de la contamination des puits de stockage d’eau douce et, lors des crues ou de tempêtes, où les postes de captage d’eau peuvent être inondées.

Un niveau très faible peut par ailleurs nuire aux puits riverains ainsi qu’aux prises d’eau municipales et industrielles le long du fleuve Saint-Laurent et de l’ensemble des rives du lac Ontario. On peut éviter de telles répercussions par une conception adéquate de ces installations, en tenant compte de la plage des fluctuations du niveau et du débit du lac Ontario précisée dans l’ordonnance d’approbation et observée dans le fleuve Saint-Laurent.

5.3 Navigation commerciale

5.3.1 Quelles sont les répercussions de la régularisation du débit du lac Ontario sur la navigation commerciale?

La construction de la Voie maritime et du barrage hydroélectrique a ouvert les Grands Lacs à la navigation des navires océaniques. Quand le débit dépasse les limites prévues au Plan de régularisation on assiste à une accélération de la vitesse du courant et des courants transversaux dans le fleuve, qui peuvent se produire à des emplacements clés, comme les entrées des écluses, ce qui rend difficile le contrôle des navires. De plus, un débit très élevé au barrage hydroélectrique Moses-Saunders réduit le tirant d’eau dans le lac St. Lawrence, juste en amont du barrage, en raison de l’abaissement de la surface de l’eau au niveau du barrage et juste en amont.

Lorsque le débit excède environ 9 900 m3/s (une fois considéré comme la limite pour la navigation commerciale), les sociétés de la Voie maritime imposent certaines restrictions de vitesse et de dépassement, les remorqueurs peuvent aider les navires à entrer dans les écluses, les navires ne peuvent pas passer dans les tronçons critiques du fleuve et des propulseurs d’étrave à grande puissance sont nécessaires pour les aider à naviguer dans les forts courants du fleuve. Certains remorqueurs, chalands et grands voiliers peuvent être empêchés d’entrer dans le système.

Par contre, un débit très faible peut entraîner un niveau d’eau extrêmement bas dans les tronçons de la Voie maritime situés en aval et dans le Port de Montréal, ce qui restreint la capacité des navires de franchir les chenaux et/ou de s’approcher des quais. Dans certaines situations, les transporteurs peuvent devoir alléger leurs navires, ce qui les force à abandonner des marchandises, ou bien à effectuer un plus grand nombre de voyages.

5.3.2 Le niveau d’eau du lac Ontario a-t-il une incidence sur les intérêts de la navigation? 

Oui. Même si un niveau d’eau élevé dans le lac Ontario peut être bénéfique pour la navigation, il entraîne souvent un débit plus abondant dans le fleuve Saint-Laurent, ce qui peut avoir des impacts négatifs. Le passage des navires peut être restreint par des ponts et des câbles qui ne laissent pas suffisamment d’espace aérien lorsque le niveau de l’eau est élevé. Un débit fluvial trop abondant peut causer des retards dans le transport en commun et une augmentation de la consommation de carburant pour la circulation en amont. Un niveau trop faible peut aussi présenter des dangers pour la navigation et provoquer l’échouage des navires. Les transporteurs peuvent devoir alléger leurs navires, ce qui les force à abandonner des marchandises, ou bien à effectuer un plus grand nombre de voyages.

5.3.3 Peut-on mettre fin plus tôt à la saison de navigation entre le lac Ontario et Montréal afin d’augmenter le débit du lac Ontario?

La Commission ne fixe pas les dates de début et de fin de la saison de navigation. La saison  est déterminée d’un commun accord par la Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint- Laurent, au Canada, et par la St. Lawrence Seaway Development Corporation, aux États-Unis. Toutefois, la régularisation du débit en conformité au Traité relatif aux eaux limitrophes et à l’ordonnance d’approbation de la CMI prend en considération la navigation. Or, dans des circonstances normales, le fait de raccourcir la saison de navigation une ou deux semaines au début ou à la fin de la saison donnerait rarement lieu à des possibilités importantes de modifier considérablement le débit, de sorte que cela n’offrirait pas d’avantages mesurables en ce qui concerne le niveau du lac Ontario. Lorsque le critère H14 est dépassé par des apports en eau élevés, le Conseil a le pouvoir de déroger en libérant le débit au détriment du transport maritime, surtout si les avantages pour les propriétaires riverains sont aussi importants qu’évidents.

5.4 Hydroélectricité

5.4.1 Le débit élevé du lac Ontario profite-t-il aux sociétés hydroélectriques?

En général, la production d’hydroélectricité peut  augmenter lorsqu’il y a un plus grand volume d’eau qui passe dans les turbines. Toutefois, l’abaissement subséquent du niveau en amont diminue la hauteur de chute à la centrale hydroélectrique, ce qui réduit la quantité d’électricité produite pour un volume d’eau donné. Enfin, un débit extrêmement élevé peut dépasser la capacité des installations hydroélectriques, et dans ce cas une partie de l’eau sera détournée des installations, et donc perdue pour la production d’hydroélectricité. Le fait de faire fonctionner les turbines à pleine capacité pendant une période prolongée réduit également les possibilités d’entretien des moteurs tout en augmentant la probabilité qu’ils en aient besoin.

5.4.2 Lorsque le Conseil augmente le débit du lac Ontario, l’eau en sus est-elle évacuée ou sert-elle tout de même à produire de l’électricité?

La capacité de production du barrage Moses-Saunders est d’environ 9 300 m3/s lorsque toutes les turbines fonctionnent dans des conditions normales d’exploitation. Comme le débit moyen est de 7 360 m3/s, l’eau n’est pas évacuée quand le débit est augmenté, surtout par temps sec, quand le but de l’augmentation est de pallier le faible niveau en aval. L’eau est turbinée. Par conséquent, l’évacuateur de crues au barrage de Long Sault est rarement utilisé, mais il l’a été pour des périodes limitées en 1998, 2017 et 2019, par exemple. Lorsqu’un déversement est nécessaire, on utilise normalement seulement quelques-unes des vannes au barrage de Long Sault, et il est très peu probable qu’il soit nécessaire de les utiliser toutes.

5.5 Environnement

5.5.1 De quel pouvoir le CILO-FSL dispose-t-il pour tenir compte de l’environnement au moment de fixer le débit du lac Ontario?

L’ordonnance de 1956 ne tenait pas compte de l’environnement. Ainsi, le Conseil n’avait pas directement l’autorité d’en tenir compte dans ses délibérations en vertu de cette ordonnance, qui déterminait que peu d’avantages pour l’environnement sur le lac Ontario étaient possibles, mais que certains avantages ponctuels pouvaient être obtenus dans le fleuve Saint-Laurent. Depuis l’ordonnance de 2016, le Plan 2014 espère permettre des fluctuations plus divergentes en période d’approvisionnement normal que le plan précédent. Les fluctuations plus fréquentes du niveau d’eau dans le lac Ontario devraient entraîner des avantages pour les milieux humides et des facteurs écologiques à long terme.

Il est à noter que, pendant les périodes extrêmement humides ou sèches, l’intention du Plan 2014 est de rétablir l’équilibre dans le système le plus rapidement possible, et que les avantages environnementaux sont mis de côté jusqu’à ce que les conditions reviennent à la normale.

5.5.2 Par le fait de réduire les fluctuations extrêmes du débit du lac Ontario de 1960 à 2016, la régularisation a‑t‑elle eu des effets négatifs sur les milieux humides?

Oui, l’Étude internationale sur le lac Ontario et le fleuve Saint-Laurent a conclu que la régularisation a eu des impacts négatifs sur les milieux humides et sur leurs habitats dans le lac Ontario et le fleuve Saint-Laurent. En vertu de l’ordonnance d’approbation de 1956, les régularisations prévues dans le Plan 1958-D visaient à maintenir le niveau d’eau du lac dans une plage de 1,2 mètre (quatre pieds), ce qui ne permettait pas de tenir compte du niveau d’eau variable dont un milieu humide diversifié a besoin. Même si chaque milieu humide est unique, le fait de réduire la plage des fluctuations entraîne généralement une diminution de la superficie des milieux humides et de la diversité de leurs communautés végétales. En 1993, le Groupe d’étude sur les niveaux d’eau de la Commission a conclu que la réduction de l’éventail des fluctuations du niveau d’eau découlant de la régularisation avait nui à l’étendue et à la diversité des milieux humides du lac Ontario. On a également conclu que la modification des fluctuations naturelles du niveau d’eau dans le lac Ontario a facilité l’implantation d’espèces végétales indésirables dans les habitats des milieux humides et a restreint la capacité de pourvoir aux besoins des poissons et des autres espèces sauvages pendant l’hiver. De plus, les impacts environnementaux de la régularisation du débit sur les habitats des milieux humides et du poisson dans les secteurs en aval du fleuve suscitent également des préoccupations. Des données plus précises sur tous ces impacts sont fournies dans l’Étude sur le lac Ontario et le fleuve Saint- Laurent produite pour la CMI (2000 à 2006).

5.5.3 De quelle façon la régularisation a-t-elle modifié l’environnement en amont des installations de Massena et de Cornwall?

La construction du barrage à Massena et Cornwall a créé le lac St. Lawrence, juste en amont, ce qui a transformé une partie du fleuve en un lac. Ce changement a apporté des modifications physiques, chimiques et biologiques. L’utilisation du chenal par les navires suscite aussi des préoccupations à l’égard de l’environnement (p. ex., érosion accrue du littoral, espèces envahissantes, etc.).

5.5.4 De quelle façon la régularisation a-t-elle nui à l’environnement en aval du barrage?

La régularisation a réduit le nombre et, peut-être de façon plus critique, la synchronisation et la durée des épisodes où le niveau d’eau est extrêmement élevé ou extrêmement bas dans le fleuve, en aval. Des données plus définitives concernant les répercussions sur les terres humides, la sauvagine, la faune et la pêche ont été fournies par l’Étude du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent produite pour la CMI (2000 à 2006) (https://ijc.org/fr/iloslrsb).

5.6 Propriétés riveraines

5.6.1 Quels facteurs influent sur les inondations et l’érosion des zones riveraines?

Les principaux facteurs qui influent sur les taux d’érosion à long terme comprennent les matériaux et la structure des rives, les modes de transport des sédiments le long des rives, et le niveau d’eau. Ces facteurs sont responsables de l’érosion depuis la dernière période glaciaire et ils continueront de causer l’érosion dans l’avenir.

Les vents forts causent une importante érosion sur de courtes périodes. Lorsque le niveau d’eau est élevé, les vagues induites par le vent peuvent causer une érosion importante en peu de temps qui, autrement, se serait produite plus tard ou plus lentement. Elles peuvent aussi diriger leur énergie vers les ouvrages de protection contre l’érosion, ce qui les endommage parfois. Lorsque le niveau d’eau est extrêmement élevé, les vagues peuvent aussi atteindre directement les habitations et les autres ouvrages près de la rive et les endommager. Il peut aussi entraîner l’inondation localisée des routes et d’autres installations publiques, et causer des dommages aux propriétés privées ainsi qu’aux installations des réseaux publics d’eau et d’égout. L’Étude sur le lac Ontario et le fleuve Saint-Laurent a constaté que les dommages causés aux propriétés riveraines et aux ouvrages de protection des rives augmentent avec l’élévation du niveau d’eau moyen dans le lac Ontario. Même si le taux de recul à long terme ne semble pas dépendre des fluctuations de niveau dans certaines zones riveraines des Grands Lacs, dans d’autres, ces fluctuations influent sur le taux de recul à long terme. Elles peuvent aussi permettre au sable de se redéposer sur les berges et aux dunes de se reconstituer. Des données plus précises sur tous ces effets sont fournies dans l’Étude sur le lac Ontario et le fleuve Saint-Laurent produite pour la CMI (2000 à 2006).

5.6.2 Quels ont été les avantages de la régularisation du lac Ontario pour les propriétaires riverains du fleuve Saint-Laurent?

La gestion en temps opportun du débit du lac Ontario a permis d’éviter les inondations dans la région de Montréal. Cette régularisation du débit a aussi sensiblement réduit l’incidence des embâcles dans le fleuve, autant en amont qu’en aval de Cornwall et de Massena, ce qui a diminué les inondations et les dommages connexes. Enfin, la construction de la Voie maritime du Saint-Laurent et du barrage hydroélectrique a créé les conditions propices à l’établissement et à la croissance de la navigation de plaisance dans de nombreux secteurs du fleuve Saint-Laurent. La navigation de plaisance est devenue possible grâce à l’élimination des rapides, à la création du lac St. Lawrence juste en amont du barrage et à la stabilisation du débit et du niveau d’eau du fleuve. Les rives du lac St. Lawrence et du lac Saint-François sont amplement protégées contre les inondations en raison de la présence de grands barrages et d’autres ouvrages de contrôle à leurs extrémités amont et aval.

5.6.3 Existe-t-il d’autres moyens que la régularisation du niveau d’eau pour résoudre les problèmes d’inondation et d’érosion? 

Même si les ouvrages de protection des rives peuvent être efficaces dans certaines circonstances, la meilleure façon de résoudre les problèmes d’inondation et d’érosion est la gestion efficace des rives, qui relève principalement des gouvernements locaux, étatiques ou provinciaux. Le règlement du Department of Environmental Conservation de l’État de New York (NYSDEC), pris en vertu de la loi étatique Coastal Erosion Hazard Act, prévoit plusieurs mesures pour réduire les inondations et les pertes par érosion le long des rives du lac Ontario. Quant aux provinces de l’Ontario et du Québec, elles s’attaquent aux problèmes d’inondation et d’érosion au moyen de mesures de gestion des plaines inondables qui prévoient des servitudes d’inondation et des zones de construction restreinte le long des rives.

Les mesures appliquées par le NYSDEC et les provinces de l’Ontario et du Québec et qui se sont avérées efficaces comprennent :

  • pour les nouveaux ouvrages, des marges de protection contre les inondations et l’érosion qui tiennent compte des taux de recul à long terme;
  • l’interdiction d’enlever ou d’endommager les éléments naturels de protection des rives, comme les falaises et les dunes;
  • l’interdiction d’ériger des constructions ou des ouvrages à l’intérieur des zones à risque d’inondation;
  • la relocalisation des ouvrages à risque;
  • l’exigence de déclarer les biens immobiliers dans les zones à risque;
  • l’acquisition de terrains non aménagés à risque élevé;
  • des restrictions pour la construction dans les plaines inondables;
  • l’achat de servitudes d’inondation dans les plaines inondables

5.6.4 En ma qualité de propriétaire, que puis-je faire pour me protéger contre les dommages causés à ma propriété par un niveau d’eau élevé? Que peut faire le Conseil pour m’aider?

Les propriétaires qui construisent doivent savoir que le niveau d’eau fluctue et ils doivent connaître les extrêmes qui peuvent se produire sur les lieux. Tout en s’efforçant de maintenir le niveau mensuel moyen du lac Ontario selon les limites prévues dans l’ordonnance d’approbation, le Conseil recommande vivement à tous les intéressés de se préparer à tolérer tous les extrêmes possibles. Les propriétaires doivent s’informer de la zone qui s’expose aux inondations et à l’influence des vents, et construire en conséquence. Certains ouvrages, comme des brise-lames et des enrochements, peuvent assurer une protection contre l’action des vents forts s’ils sont adéquatement construits. La construction des habitations doit respecter une marge de retrait adéquate pour éviter de futurs dommages causés par les inondations et l’érosion. Le Conseil annonce le niveau d’eau et le débit hebdomadaires sur sa page Facebook et par courriel. Vous pouvez vous inscrire pour recevoir les bulletins électroniques. La publication à https://ijc.org/fr/clofsl/living-coast-protecting-investments-shore-property-en-anglais-seulement (en anglais seulement) contient des lignes directrices pour rendre les rivages résilients.

5.7 Navigation de plaisance

5.7.1 À part la régularisation du niveau d’eau, y a-t-il d’autres mesures qui peuvent profiter aux plaisanciers?

Les plaisanciers signalent des problèmes de navigation à différents endroits sur le lac et sur le fleuve, même lorsque le niveau et le débit sont à l’intérieur de la plage précisée dans l’ordonnance. Par exemple, un quai privé ou une marina qui a été construit lorsque le niveau de l’eau était élevé peut ne pas être complètement utilisable une fois que le niveau d’eau baisse. Une solution est d’implanter et de concevoir de nouvelles installations pour la navigation de plaisance, et d’entretenir les installations existantes, en tenant compte de toute la plage des fluctuations de niveau et de débit, telles que définies dans l’ordonnance d’approbation pour le lac Ontario et que le fleuve Saint-Laurent a déjà connues. Ces installations devraient probablement être dotées de rampes de mise à l’eau plus longues et de quais flottants (plutôt que fixes), et il faut investir les fonds nécessaires et obtenir les permis requis pour effectuer un dragage d’entretien périodique, au besoin, pour permettre l’utilisation prévue des installations. De plus, il faut savoir que certains secteurs sont peu profonds et qu’on ne peut y aménager de quais pour de grandes embarcations de plaisance. Enfin, les plaisanciers doivent consulter les cartes de navigation pendant les périodes où l’eau est peu profonde, même pour les eaux qu’ils connaissent bien.