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Des ondes internes comme les seiches pourraient assécher les œufs de brochet dans le lac Érié

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Kevin Bunch
8 septembre 2020
northern pike lake erie

Le grand brochet est l’un des principaux prédateurs des Grands Lacs ainsi qu’une espèce prisée par les pêcheurs sportifs. Il est même connu pour apprécier la carpe commune envahissante, ce qui pourrait faire de lui un acteur non négligeable du contrôle écologique. Toutefois, l’espèce a eu de la difficulté à se reproduire ces dernières années dans la partie occidentale du lac Érié. Une étude en cours suggère que les vents et les vagues féroces pourraient y être pour quelque chose.

Le grand brochet fraie au début du printemps dans les zones de terres humides peu profondes, dès que la glace se retire lors du dégel printanier. Ce poisson aime utiliser ces espaces comme frayères et aires de croissance parce que l’eau y est chaude et que ses petits peuvent y croître rapidement.

Bien que le grand brochet soit en général très étudié, on ne savait pas grand-chose à son sujet dans la partie occidentale du lac Érié jusqu’à ce que Nathan Stott (un doctorant à la Bowling Green State University, en Ohio) n’entreprenne, en 2017, une étude sur sa répartition selon l’âge.

Lors d’une conférence virtuelle de l’International Association for Great Lakes Research (IAGLR) en juin dernier, M. Stott a déclaré que 106 brochets adultes avaient été attrapés en 2017, mais qu’après enquête sur leur âge, on avait conclu que la plupart avaient éclos en 2012 ou 2016. Cela l’a amené à faire des recherches sur ce qui se passe d’une année à l’autre et sur ce qui influe sur le succès du frai dans la région.

Les chercheurs de Bowling Green retournent sur le terrain chaque année depuis 2017, en utilisant des pièges et des filets pour attraper les jeunes brochets dans les quatre à six mêmes zones humides (selon l’année). En 2017 et 2018, deux jeunes brochets seulement ont été capturés, un par année; toutefois, 22 ont été capturés en 2019, avec moins de tentatives de piégeage et un échantillonnage généralement moins important.

Qu’est-ce qui a changé?

Selon Stott, il semble que les vents forts de l’ouest jouent un rôle. Ces vents peuvent entraîner des seiches qui poussent l’eau du lac Érié vers l’est et abaissent le niveau d’eau dans les milieux humides littoraux de l’extrémité ouest du lac, parfois jusqu’à 1 mètre (3,2 pieds).

Lorsque ces seiches se produisent au mauvais moment de l’année, elles peuvent laisser les œufs de brochet à fleur de sol et provoquer leur asséchement et donc leur mort.

« Un jour où je me suis rendu sur un site d’échantillonnage dans un milieu humide côtier, un vent de 50 milles à l’heure soufflait de l’ouest et mon site d’échantillonnage n’était rien d’autre qu’une vasière sur un mille », a dit M. Stott.

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Une zone humide du lac Érié s’est asséchée après qu’une seiche a poussé l’eau vers l’est. Crédit photo : Jeff Miner

Les seiches ont lieu presque chaque année, mais elles ont une incidence sur le grand brochet lorsqu’elles coïncident avec la période de gestation des œufs, au printemps.

En se fondant sur l’âge des poissons capturés et étudiés dans le lac Érié, M. Stott pense qu’il semble y avoir une corrélation entre le faible nombre d’éclosions de brochets et les années où des seiches ont malheureusement eu lieu. Les frayères échantillonnées ont subi d’importantes seiches pendant la saison de fraie et de gestation en 2017 et en 2018, ce qui a entraîné une importante baisse temporaire des niveaux d’eau. En revanche, en 2019, il n’y a pas eu de seiches et le niveau d’eau a baissé pendant cette période.

Étant donné que le niveau d’eau du lac Érié a été exceptionnellement élevé cette année et que le grand brochet est en mesure de frayer dans des habitats peu profonds nouvellement disponibles, comme des prairies herbeuses, Stott espère retourner sur le terrain en 2021 pour recueillir des données supplémentaires.

Il effectuera à cette occasion le suivi de 44 grands brochets qui ont été munis d’un transmetteur acoustique au début de la recherche, en 2017, pour voir où ils frayent, puis il effectuera l’échantillonnage des œufs. L’étape suivante consistera à examiner l’historique des seiches dans les zones de frai du grand brochet pour voir à quel point elles sont répandues. À partir de là, Stott pourra travailler sur un modèle informatique qui calculera le risque de desséchement des œufs de brochet en fonction de la profondeur et de la fréquence globale des seiches pendant la saison de frai.

La recherche sur les événements de desséchement des œufs du grand brochet pourrait aider à éclairer les décisions de gestion de l’eau et de restauration le long des berges du lac Érié, estime M. Stott. Les gestionnaires des terres humides en mesure de contrôler le niveau d’eau localement pourront intégrer cette information sur les seiches et sur le comportement de frai du grand brochet afin de tirer le meilleur de leurs terres humides, a-t-il ajouté. Le financement de l’US Great Lakes Restoration Initiative a également servi à promouvoir le développement des terres humides et la reconnexion le long de la rive sud du lac Érié, et ces travaux peuvent également aider à la prise de décisions à cet endroit, affirme M. Stott.

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Stott en plein travail d’échantillonnage du grand brochet dans une zone humide du lac Érié. Crédit photo : Jeff Miner
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Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.

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