L’article suivant est tiré d’un bulletin archivé. Consultez notre bulletin Eaux partagées.

Examen approfondi de la gouvernance des eaux souterraines

irrigation minnesota

Que font les habitants du Midwest lors de sécheresses comme celle qui sévit actuellement dans la région? Utilisent-ils leurs systèmes d’arrosage pour leurs pelouses? C’est, certes, ce que font ceux qui n’ont pas de problème d’approvisionnement en eau, quand l’herbe vire au brun ou qu’une récolte est compromise. Or, cette façon de faire est très différente de celle en vigueur dans l’ouest des États-Unis, où la consommation d’eau est limitée en période de sécheresse.

Selon les recherches actuelles, la plupart des résidents du Midwest ayant l’impression que l’eau est disponible en abondance, ils en sont venus à négliger tout ce qui touche à la notion d’utilisation durable des eaux souterraines, lesquelles échappent essentiellement à toute surveillance… du moins jusqu’à ce qu’elles fassent les manchettes.

Les unes des journaux parlent de l’établissement d’usines d’embouteillage près d’une ville, de la présence de radium dans un puits municipal, des préoccupations relatives à la qualité des eaux de surface qui nécessitent une transition vers les eaux souterraines, des effets cumulatifs du pompage sur l’état d’un lac populaire ou simplement de l’assèchement de la nappe phréatique par une ville en croissance rapide. La nature et l’ampleur moment de ces pressions ont mené à des approches différentes en matière de gouvernance des eaux souterraines dans la région, avec un bilan inégal sur les plans du soutien financier et de la réussite.

Les chercheurs étudient maintenant en détail les différences et les points communs entre cinq États des Grands Lacs, du Minnesota à l’Ohio, et les nations tribales de cette région géographique, dans le cadre d’une évaluation comparative sur 12 mois de la gouvernance des eaux souterraines.

suburbs groundwater
Les banlieues champignons dépendent des eaux souterraines. Crédit photo : Carrie E. Jennings

L’objectif visé est d’appréhender le statu quo et de cerner les possibilités de promotion d’une gestion durable, intégrée et équitable des eaux souterraines. La Joyce Foundation, un organisme subventionnaire sans but lucratif établi à Chicago, appuie cette recherche dans le cadre de ses activités de protection des eaux souterraines.

Le travail est dirigé par Freshwater, autre organisme sans but lucratif installé depuis 51 ans au Minnesota. Son directeur général, John Linc Stine, a été commissaire de la Minnesota Pollution Control Agency. Il est aussi président sortant de la Commission des Grands Lacs.

L’équipe interdisciplinaire est composée : de chercheurs de la Humphrey School, de l’Université du Minnesota; de juristes d’un cabinet de Milwaukee, Water 365; de Mary Manydeeds, hydrologue au US Bureau of Indian Affairs, Midwest Office; d’Ann McCammon Soltis, directrice à la Division des affaires intergouvernementales de la Great Lakes Indian Fish and Wildlife Commission; de Jen Vanator, analyste des politiques et coordonnatrice du programme des lacs à la Great Lakes Indian Fish and Wildlife Commission; de collaborateurs de la Harvard Kennedy School of Public Health, et de l’ancien directeur de l’EPA de l’Ohio, Craig Butler, maintenant directeur général du Muskingum Watershed Conservancy District.

Les chercheurs examineront les cadres géologiques et juridiques actuels et la façon dont ils sont appliqués à la gestion des eaux souterraines. Cette collecte d’informations sera suivie d’entrevues et de sondages. D’ailleurs, les entrevues de dirigeants d’organismes d’État ont été réalisées en grande partie, et celles de personnes occupant des postes de responsabilité ou jouant un rôle informel dans des organismes tribaux, régionaux ou sans but lucratif sont en cours. 

Résultats préliminaires

La plupart des États signalent que la disponibilité des eaux souterraines est un problème croissant dans certaines régions, d’autant qu’il arrive que les nappes phréatiques s’étendent au-delà des frontières de ces régions. Les États peuvent avoir un système d’enregistrement des pompes à haut débit, mais ils n’ont aucun moyen de limiter la consommation d’eau. Les gouvernements ont mis sur pied des conseils consultatifs sur l’eau composés de diverses parties prenantes, et des groupes de planification régionaux ont émergé de façon organique ou ont été désignés par des organismes d’État.

Cependant, la plupart des personnes interrogées jusqu’à présent déclarent que leurs ressources financières pour soutenir leurs efforts sont variables ou quasi inexistantes. Il arrive même que les décisions soient fondées sur une compréhension très limitée de l’étendue et de la propriété des aquifères.

Les renseignements préliminaires fournis par le personnel des services de l’environnement des tribus ont permis de déterminer les impacts possibles des pipelines, de l’exploitation minière et du drainage agricole sur les eaux souterraines. Les nations tribales souveraines de cette vaste région géographique sont loin d’avoir la même capacité à faire face à ces problèmes.

La communauté sioux de Shakopee Mdewakanton fait figure de chef de file au Minnesota en matière de gestion durable des eaux souterraines. Elle dispose d’une zone de protection des têtes de puits et administre un solide programme de réutilisation de l’eau. Les membres ont également envisagé la possibilité d’améliorer l’alimentation de leur aquifère et fournissent maintenant de l’eau potable à une ville voisine. Ils sont en train de former une communauté dakota qui collabore sur les questions d’eau. 

lakeville groundwater
Lakeville a participé au Southeast Metro workgroup, un groupe sous-régional de planification des eaux souterraines organisé par le Metropolitan Council du Minnesota. Crédit photo : Carrie E. Jennings

Les valeurs fondamentales qui sous-tendent le droit d’utiliser une ressource partagée — même s’il s’agit d’une ressource exploitable — sont à la base des différentes approches. D’aucuns ont mentionné l’importance du Compact des Grands Lacs pour les États dont une grande partie du territoire se trouve dans un des bassins hydrographiques des eaux de surface des Grands Lacs, comme le Michigan, le Wisconsin et l’Ohio. Il en a été moins question dans les discussions avec le Minnesota et l’Illinois dont la frontière ne fait que jouxter la berge d’un lac et dont le territoire n’empiète que très peu sur le bassin hydrographique des eaux de surface de ce Grand Lac.

Les entrevues et notre étude des réseaux de personnes travaillant sur les eaux souterraines aideront à recenser les chefs de file disposés à partager les pratiques exemplaires et les clés du succès avant la fin de l’année du projet, en mars 2022. Les résultats de ces activités de sensibilisation seront inclus dans le rapport final à l’intention de la Fondation Joyce.

Abonnez-vous à notre bulletin !

Formulaire d'inscription