Faire front pour s’adapter : Atelier de la CMI sur les pressions climatiques qui pèse sur les bassins hydrographiques transfrontaliers

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Chrissy Chiasson
IJC
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Dans la région transfrontalière que se partagent le Canada, les États-Unis et de nombreuses nations autochtones, les experts en gestion des ressources hydriques constatent les pressions croissantes que les changements climatiques exercent sur les systèmes hydrologiques. L’augmentation du nombre de phénomènes météorologiques extrêmes, ainsi que leur durée accrue, explique les changements marqués de niveaux, de débits et de qualité des eaux dans les lacs et les rivières le long de la frontière. 

Afin de mieux comprendre ces enjeux, la Commission mixte internationale (CMI) a décidé d’organiser une table ronde et un atelier pour discuter de la gestion concertée des bassins hydrographiques transfrontaliers au vu des pressions associées aux changements climatiques en Amérique du Nord. 

L’événement s’est déroulé à Ottawa (Ontario) à l’occasion de la réunion semestrielle d’automne de la CMI qui réunit des experts de l’eau de tous les Conseils de la CMI et des comités actifs le long des zones transfrontalières que se partagent les États-Unis et le Canada. Il était ouvert à tous les membres de conseils et de comités de la CMI, aux associés des conseils ainsi qu’au personnel de la CMI. 

L’atelier a fait ressortir la nécessité d’améliorer la circulation de l’information entre les gestionnaires des eaux, d’appliquer des méthodes novatrices de communication scientifique et de soutenir dans la durée les outils et les données susceptibles d’aider les gestionnaires des eaux à adapter leurs stratégies de gestion des systèmes hydriques.

La CMI a invité un groupe d’experts à parler de la façon dont ses conseils observent les changements climatiques dans leurs bassins hydrographiques respectifs, et se préparent à d’éventuels scénarios climatiques à venir. Ce groupe était composé de représentants des conseils de la CMI ainsi que d’experts du milieu universitaire et d’organismes gouvernementaux. 

Les membres du groupe ont donné une pléthore d’exemples de la façon dont les changements climatiques influent sur leur travail dans les bassins transfrontaliers, comme les changements des régimes d’écoulement, les changements de fréquence et de gravité des épisodes d’étiage et de crues, les changements de fréquence et de durée des phénomènes d’englacement et d’embâcles, ainsi que les divers impacts sur la qualité de l’eau. 

Le groupe a aussi soulevé le problème de la résistance de certains à l’idée que ces défis croissants sont effectivement dus aux changements climatiques plutôt qu’à des dérèglements météorologiques ou à une mauvaise gestion des ressources hydriques. Il est essentiel de trouver des moyens de communiquer efficacement ce que les conseils de la CMI apprennent au sujet des tendances climatiques. 

La table ronde a été suivie d’une discussion en petits groupes entre les participants qui en ont profité pour échanger des exemples de constats, par les Conseils, des pressions liées aux changements climatiques et de la façon dont ils s’y attaquent dans leurs bassins respectifs. Les participants ont fait part de leurs réussites et des défis liés à l’adaptation ou à la préparation à des conditions météorologiques plus extrêmes. Ils ont également discuté de l’utilité d’établir un carrefour climatique en ligne en tant que mécanisme d’échange continu d’informations entre les conseils de la CMI.

En réaction aux changements climatiques, la CMI a adopté comme principe fondamental que ses conseils devaient s’appuyer sur la gestion adaptative. Dans le cadre de son Initiative internationale sur les Bassins hydrographiques (IIBH), la CMI aide les Conseils à modéliser l’incidence des changements climatiques sur les régimes hydriques dans leurs bassins. La compréhension des tendances climatiques est essentielle à la mise à jour ou à l’élaboration de nouveaux plans de gestion des systèmes hydrologiques.

Le coprésident canadien de la CMI, Pierre Baril, et le coprésident américain, Gerald Acker, ont assisté à l’atelier et ont fait part de leur propre point de vue sur la question des changements climatiques. 

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M. Baril, à gauche, s’adresse aux participants de l’atelier, en compagnie de M. Acker, à droite. Crédit photo : CMI

« Chaque bassin versant transfrontalier est confronté à des défis uniques imposés ou aggravés par les changements climatiques », a affirmé M. Baril. « Il est important, a-t-il ajouté, que la CMI réunisse les gestionnaires des eaux pour favoriser l’échange d’idées, le partage des expériences et la discussion sur les solutions possibles. Nous savons que les membres des conseils apprécient cette occasion de se rencontrer et d’échanger des idées. » 

M. Acker, quant à lui, a déclaré : « On nous dit que nos conseils sont de plus en plus sollicités en raison d’épisodes d’étiages et de crues plus intenses, de la prolifération croissante des algues et d’autres problèmes de santé des écosystèmes. La réalisation du mandat de la Commission face aux répercussions croissantes des changements climatiques exige une approche plus généralisée et holistique des bassins hydrographiques transfrontaliers du Canada et des États-Unis. »

La CMI continuera d’offrir aux gestionnaires des eaux des occasions d’échanger de l’information et de discuter de pratiques exemplaires en matière de gestion de l’eau dans leurs bassins respectifs. La CMI continuera par ailleurs d’encourager et d’appuyer les conseils en matière d’adaptation des approches de gestion des bassins hydrographiques face à l’augmentation des facteurs de stress climatiques.

Voici les membres du groupe d’experts lors de l’atelier : 

  • Bruce Davison, chef, eaux transfrontalières, Services d’Ingénierie Nord et Ouest, Services hydrologiques nationaux à Environnement et Changement climatique Canada, et coprésident canadien du Conseil international de la rivière Souris.
  • Sarah Dunn, spécialiste des affaires publiques à l’US Geological Survey - Washington Science Center, et secrétaire américaine du Conseil international de contrôle du fleuve Columbia et du Conseil international de contrôle du lac Osoyoos. 
  • Chanel Mueller, experte en changements climatiques et ingénieure hydraulique à l’US Army Corps of Engineers. 
  • Teika Newton, coordonnatrice internationale des bassins versants à la Lake of the Woods Water Sustainability Foundation, et secrétaire canadienne au Comité de gestion adaptative du Conseil international du bassin du lac des Bois et de la rivière à la Pluie. 
  • Martin Suchy, scientifique des ressources hydriques au Service hydrologique national d’Environnement et Changement climatique Canada, et secrétaire canadien au Conseil international de contrôle du fleuve Columbia, au Conseil international de contrôle du lac Osoyoos et au Conseil international de contrôle du lac Kootenay 
  • Joel Trubilowicz, hydrologiste au Service hydrologique national d’Environnement et Changement climatique Canada, et coprésident canadien du Conseil international de contrôle du fleuve Columbia et du Conseil international de contrôle du lac Kootenay.
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Chrissy Chiasson
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Christina Chiasson is a policy analyst for the Canadian Section of the IJC in Ottawa, Ontario.