Consciente à la fois des défis que posait l’incohérence des données ainsi que des avantages potentiels que pourrait procurer une meilleure mise en correspondance des ensembles de données hydrographiques géospatiales le long de la frontière internationale, la CMI a créé en 2008 le Groupe de travail sur l’harmonisation des données hydrographiques transfrontalières (GTHDHT). Ce groupe de travail s’est donné pour objectif d’élaborer une approche binationale et coordonnée pour l’harmonisation et l’intendance à long terme des ensembles de données hydrographiques portant sur une « bande » d’aires de drainage binationales le long de la frontière internationale. En harmonisant les données binationales, cette équipe favorise la coopération et améliore la prise de décisions grâce à une information harmonisée et à une compréhension commune des deux côtés de la frontière.
Ce projet a été désigné comme une initiative stratégique de la CMI dans le cadre de l’Initiative internationale sur les bassins hydrographiques (IIBH), une initiative du XXIe siècle axée sur les écosystèmes, qui reconnaît que les écosystèmes, en l’occurrence les bassins hydrographiques, fonctionnent en tant qu’entités globales et qu’ils doivent être gérés en tant que tels, au-delà des frontières et des administrations compétentes traditionnelles. L’harmonisation des données est essentielle au succès de cette initiative axée sur les bassins hydrographiques et la participation locale.
La « Bande »
Les zones sur lesquelles se penche le GTHDHT sont appelées la « bande », représentée ci-dessus en deux tons de bleu. Ces zones représentent plus de 10 000 aires de drainage binationales accolées le long de la frontière internationale. Cette bande transfrontalière représente les zones où des activités d’harmonisation sont en cours. Les zones cartographiées en gris représentent la zone de drainage complète ou « contributive » des réseaux hydrographiques transfrontaliers. Les partenaires des États et des provinces le long de la frontière sont tenus informés des activités dans la bande.
Le Problème et la Solution
Composé de représentants des deux gouvernements, le GTHDHT s’est efforcé de remédier à l’absence d’hydrographie et de zones de drainage transfrontalières sans soudure (unités hydrologiques). Le GTHDHT a donc mis sur pied deux groupes techniques binationaux, l’un axé sur l’hydrographie et l’autre sur les aires de drainage, afin de s’assurer de l’harmonisation des ensembles de données nationales respectifs des deux pays dans la bande transfrontalière.
Une Approche par Étapes / Situation Actuelle
L’initiative d’harmonisation des données hydrographiques binationales de la CMI se déroule selon les étapes suivantes : les phases I et II sont terminées et sont accessibles au public par l’entremise du Watershed Boundary Dataset (WBD) des États-Unis, du National Hydrography Dataset (NHD) des États-Unis et du Réseau hydrographique national (RHN) du Canada.
Les phases III et IV sont en cours. Les données harmonisées sont mises à la disposition du public par l’intermédiaire du WBD à mesure qu’elles sont prêtes. Tous ces ensembles de données sont considérés comme étant « en évolution » et continueront d’être peaufinés et mis à jour à mesure que de nouvelles méthodes et données de base seront disponibles.
Si vous souhaitez obtenir un aperçu plus détaillé de chaque phase, veuillez consulter le site Web de l’USGS Confluence Wiki.
Mises en oeuvre et Résultats
L’harmonisation des données hydrographiques et des données sur les bassins hydrographiques dans la bande transfrontalière a ouvert la voie à une gamme d’activités binationales qui exigent des applications et des analyses sans soudure. Ces activités ont favorisé et élargi le développement et la découverte de données au moyen d’une gamme de projets qui s’ajoutent aux efforts du GTHDHT.
Les aires de drainage harmonisées fournissent à la communauté des ressources en eau un cadre commun pour la communication de l’information et la définition des zones visées dans le cadre des études sur l’eau. L’information harmonisée sur les aires de drainage permet aux conseils de la CMI et à d’autres organismes comme le Conseil de gouvernance de l’eau des bassins versants de la rivière Saint-François (COGESAF) d’assurer la gestion intégrée des bassins versants dans une aire de drainage reconnue.
Les données hydrographiques géospatiales comprennent une fonctionnalité qui crée un réseau permettant la délinéation en amont et en aval. Cette fonctionnalité permet d’associer au réseau des informations relatives à l’eau (telles que l’emplacement des stations hydrométriques, des ouvrages de dérivation, des échantillons de qualité de l’eau ou des barrages) et de les utiliser pour les analyses, la gestion de l’eau, l’atténuation des risques et les modèles de quantité ou de qualité de l’eau.
Les données harmonisées sont également à la base d’applications comme StreamStats et de systèmes de modélisation comme SPARROW. StreamStats est une interface Web de l’U.S. Geological Survey (USGS – service géologique des États-Unis) qui permet de délimiter rapidement le bassin versant, de calculer les caractéristiques de certains bassins et de calculer le débit prévu en tout point des cours d’eau. StreamStats pour le bassin binational de la rivière à la Pluie constitue la première mise en œuvre internationale de l’interface Web et s’appuie sur les données hydrographiques harmonisées. SPARROW est un système de modélisation mis au point par l’USGS pour estimer le transport des nutriments ou d’autres constituants dans les bassins versants. Les modèles SPARROW qui s’appuient sur les données hydrographiques harmonisées font partie de l’Initiative internationale sur les bassins hydrographiques. Les données harmonisées et les partenariats établis entre les agences de ressources canadiennes et américaines ont également permis à l’USGS de développer NHDPlus High Resolution pour les bassins transfrontaliers. NHDPlus High Resolution est un cadre prêt à l’emploi qui sous-tend l’analyse hydrographique et les modèles comme SPARROW et StreamStats.
En plus d’améliorer et de faire évoluer les modèles de ressources en eau, l’analyse et la découverte de données, les efforts d’harmonisation ont aidé les partenaires du GTHDHT à élaborer des pratiques normalisées communes pour la gestion et le conservation des données géospatiales, tout en améliorant la collaboration et en renforçant les partenariats entre les organismes qui participent au travail.