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Il faut que ce soit obligatoire : les programmes volontaires ne suffisent pas à arrêter la prolifération d’algues dans le lac Érié

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Kevin Bunch
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Les eaux pluviales non traitées peuvent s’écouler dans les Grands Lacs, apportant les eaux de ruissellement à forte teneur en éléments nutritifs
Les eaux pluviales non traitées peuvent s’écouler dans les Grands Lacs,
apportant les eaux de ruissellement à forte teneur en éléments nutritifs.
Source : Annis Water Resources Institute (Grand Valley State University)

Bien qu’elle félicite les gouvernements d’avoir établi des cibles pour réduire la quantité de phosphore entrant dans le lac Érié, la CMI a conclu dans son premier rapport d’évaluation triennal des progrès réalisés (RETPR) que la qualité de l’eau dans le bassin ouest du lac Érié est inacceptable.

Dans son rapport sur la priorité de l’écosystème du lac Érié (PELE) de 2014, la CMI recommande que les gouvernements utilisent davantage de mécanismes réglementaires et de normes de certification en ce qui concerne la pollution par les éléments nutritifs afin d’accélérer la réduction de la taille et de l’intensité des proliférations d’algues nuisibles dans le bassin ouest du lac.

Le RETPR, publié le 28 novembre 2017, recommande aussi l’établissement de normes et de contrôles obligatoires et indique que, au cours de 10 à 15 dernières années, tous les ordres de gouvernement ont axé leurs efforts sur des programmes volontaires et fondés sur des mesures incitatives pour réduire les charges en éléments nutritifs.

D’autres organisations, comme l’Alliance pour les Grands Lacs et le Conseil de l’environnement de l’Ohio, que ces programmes volontaires ne suffisent pas pour atteindre les réductions de 40 % de la pollution par les éléments nutritifs visées d’un commun accord par les gouvernements. Ces groupes – et la CMI – soutiennent que des efforts obligatoires s’imposent pour réussir à contrôler les proliférations d’algues nuisibles, étant donné que 10-15 années de mesures volontaires appuyées par le gouvernement n’ont pas permis d’améliorer de façon significative la qualité de l’eau du lac Érié.

Les gouvernements fédéraux, ainsi que les États et provinces dont les cours d’eau sont directement liés au lac Érié ou liés à ce dernier par des affluents – le Michigan, l’Ohio, l’Ontario, la Pennsylvanie, l’État de New York et l’Indiana – doivent établir leurs propres plans d’action pour contribuer à l’atteinte des cibles de réduction de 40 %. Certains de ces gouvernements ont déjà proposé des ébauches de plans, notamment ceux du Michigan, de l’Ontario, de l’Indiana et de l’Ohio, mais, étant donné qu’on se fie aux programmes volontaires dans ces trois États et en Ontario, la CMI doute qu’ils puissent atteindre les cibles de cette façon.

Les éléments nutritifs, comme le phosphore, qui pénètrent dans le bassin ouest du lac Érié causent des proliférations d’algues nuisibles chaque année à la fin de l’été. Cette photo a été prise le 25 septembre 2017
Les éléments nutritifs, comme le phosphore, qui pénètrent dans le bassin ouest du lac Érié causent des proliférations d’algues nuisibles chaque année à la fin de l’été. Cette photo a été prise le 25 septembre 2017. Source : Great Lakes Environmental Research Laboratory de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) des États-Unis.

Cela ne veut pas dire que la CMI ne voit pas d’utilité à ces programmes volontaires; il est indiqué dans le RETPR que la promotion de pratiques exemplaires volontaires et fondées sur des mesures incitatives est un élément essentiel pour améliorer la santé du lac Érié. Il faut, cependant, que les plans d’action nationaux comprennent des échéanciers et des normes exécutoires dans le but d’atteindre les objectifs de réduction, et des méthodes mesurables pour déterminer de façon quantitative si les gouvernements des États ou de la province atteignent les seuils fixés. Cela peut comprendre la restauration de milieux humides ou la création de nouveaux milieux humides, car ces milieux sont un moyen efficace de filtrer les éléments nutritifs avant qu’ils ne pénètrent dans le lac.

Les problèmes liés aux éléments nutritifs dans le lac Érié ne se limitent pas au bassin ouest, où le phosphore et d’autres éléments nutritifs entrent dans le lac principalement en provenance de la rivière Maumee, et, dans une moindre mesure, de la rivière Détroit et de la rivière Thames par le lac Sainte‑Claire. Même si le problème est beaucoup plus grave dans le bassin ouest, il y a aussi de petites zones isolées où la concentration d’éléments nutritifs et d’algues constitue un problème près des rives autour du lac. Le RETPR révèle que les activités agricoles, notamment l’épandage d’engrais et les exploitations intensives d’engraissement du bétail (CAFO pour concentrated animal feeding operations), sont une source majeure d’éléments nutritifs (comme le phosphore) entrant dans le bassin ouest du lac Érié. Un nombre limité de mesures législatives ont été prises pour lutter contre ces sources; l’Ohio a adopté une loi pour empêcher l’épandage du fumier et d’engrais durant les mois d’hiver afin de réduire le ruissellement provenant des exploitations intensives d’engraissement du bétail (CAFO) et d’autres exploitations agricoles, mais il y a encore des milliers d’exploitations d’engraissement du bétail au Michigan, en Ontario et en Ohio qui ne sont visées par aucune exigence de permis. Le Conseil de la qualité de l’eau des Grands Lacs de la Commission réalise actuellement un projet dont le but est de se pencher sur différents règlements visant l’épandage du fumier dans l’ensemble de la région du lac Érié, et un rapport est attendu au début de 2018.

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Une prolifération d’algues nuisibles s’étendant dans la rivière Maumee en 2017. Source : NOAA GLERL, Aerial Associates Photography Inc./Zachary Haslick

Même si l’agriculture est le principal facteur contribuant à la pollution par les éléments nutritifs, les fosses septiques défectueuses et qui fuient et le ruissellement urbain constituent aussi d’importantes sources de pollution. La CMI recommande aux gouvernements d’exiger la mise à l’essai, l’entretien et le remplacement périodiques des fosses septiques au Canada et aux États-Unis. Le ruissellement d’éléments nutritifs de source urbaine provenant de tuyaux a diminué au cours des 40 dernières années grâce à des efforts concertés déployés pour la mise à niveau des réseaux d’égout et la fermeture d’autres installations constituant des sources de pollution directes uniques. Toutefois, les pluies abondantes et la fonte de la neige peuvent provoquer le débordement d’égouts et faire entrer des éléments nutritifs issus de l’entretien des pelouses et d’activités de construction dans les cours d’eau. La CMI recommande de promouvoir et d’utiliser des infrastructures vertes (p. ex. des jardins pluviaux, des bandes tampons et des milieux humides artificiels) pour continuer à réduire le ruissellement dans ces zones.

Finalement, la CMI recommande que l’Ohio suive l’exemple du Michigan et déclare que la qualité de l’eau dans le bassin ouest du lac Érié est altérée en vertu du Clean Water Act des États‑Unis, de sorte qu’il faudrait établir une charge quotidienne maximale de phosphore dans ces deux États et dans l’Indiana, et ce, sous la supervision de l’EPA (Environmental Protection Agency) des États‑Unis. Cela fournirait un mécanisme permettant de déterminer la quantité de phosphore qui peut entrer dans le réseau hydrographique sans compromettre la qualité de l’eau et aiderait, en bout de ligne, à restaurer le lac.

De leur côté, le Conseil de la qualité de l’eau des Grands Lacs et le Conseil consultatif scientifique des Grands Lacs de la Commission étudient les problèmes liés à la pollution par les éléments nutritifs dans le lac Érié. Leurs projets portent, entre autres, sur la comparaison de l’effet du fumier par opposition à celui de l’engrais, l’examen de diverses politiques relatives aux exploitations intensives d’engraissement du bétail (CAFO) et l’étude de moyens pour mesurer les progrès réalisés dans l’atteinte des objectifs de réduction des éléments nutritifs, ainsi que sur l’étude du lien existant entre l’enrichissement en éléments nutritifs près des rives et le déclin des éléments nutritifs au large.

Les problèmes concernant les éléments nutritifs dans le lac Érié persistent, et on ne voit pas d’amélioration; il faut donc en faire plus pour que le lac soit de nouveau en santé. 

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Kevin Bunch

Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.

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