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L’assainissement de l’eau des Grands Lacs : la responsabilité de tous

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Allison Voglesong Zejnati
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2020 TAP report cover image. Credit: Dan Denardo

Pour réaliser des progrès opportuns et significatifs en vue d’améliorer la santé des Grands Lacs, il faudra un village. Le Rapport d’étape sur les Grands Lacs de 2020 de la CMI met l’accent sur ce qui peut changer au cours des deux prochaines années si tous les secteurs se réunissent pour coordonner leur action en ce qui concerne les changements climatiques et les éléments nutritifs, la mobilisation du public et l’amélioration de la responsabilisation grâce à la production de rapports.

En 2020, les gouvernements du Canada et des États-Unis ont évalué l’état et la tendance de la qualité de l’eau de chacun des cinq Grands Lacs. Les gouvernements ont déclaré dans leur rapport sur l’état des Grands Lacs que la santé globale des Grands Lacs était « passable et inchangée ».

Au cours de l’été et de l’automne 2019, la CMI a visité et écouté les collectivités du bassin des Grands Lacs. Lors de ces visites, les participants ont exprimé leurs attentes sans équivoque que les gouvernements prennent des mesures pour restaurer et protéger les lacs qu’ils chérissent. De l’avis du public, quand le statut de l’état d’un lac est qualifié de « passable et inchangé », c’est un signe d’inaction et d’absence de progrès.

La CMI a récemment publié son deuxième rapport sur l’évaluation triennale des progrès. Le rapport expose en détail les recommandations de la CMI visant à mieux coordonner les progrès de la lutte contre les changements climatiques, l’équilibre des apports en éléments nutritifs et la mobilisation du public. On reconnaît dans ces recommandations qu’il faudra une approche axée sur la collaboration afin de protéger les lacs pour les générations à venir.

 

 

De qui relèvent les progrès au juste?

Qui sont les « responsables » des progrès réalisés pour maintenir la propreté et la santé des eaux des Grands Lacs, et dans quelle mesure font-ils bien leur travail?

Des sondages binationaux menés par le Conseil de la qualité de l’eau des Grands Lacs de la CMI montrent qu’environ 40 % des gens conviennent que « tout le monde » est responsable de la protection de la santé des Grands Lacs, y compris tous les ordres de gouvernement, les résidents, les entreprises et les utilisateurs récréatifs. Mais nous avons tous des responsabilités uniques pour assurer la santé des eaux des Grands Lacs.

Dans son plus récent rapport d’étape, la CMI s’acquitte de l’une de ses responsabilités en vertu de l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs, qui consiste à fournir un avis indépendant sur les progrès réalisés par les gouvernements du Canada et des États-Unis en vue de réaliser les buts et les objectifs de l’Accord.

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Eaux propres à la pêche : L’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs de 2012 comporte neuf objectifs généraux et dix annexes thématiques. Photo : Aaron Burden/Unsplash

Bien que tous partagent la responsabilité de protéger les Grands Lacs et de maintenir la qualité de leurs eaux, de nombreux organismes et secteurs gouvernementaux participent aux programmes et aux activités de surveillance et de gestion de la qualité de l’eau des Grands Lacs.

Dans l’évaluation triennale des progrès de la CMI, l’Accord exige que la CMI adresse ses recommandations aux « Parties » ou aux gouvernements fédéraux du Canada et des États-Unis. Il y a toutefois de nombreux intervenants qui participent à l’établissement et à la production de rapports sur les progrès réalisés.

Les gouvernements ont décrit un certain nombre de réalisations dans leur plus récent Rapport d’étape des Parties (REP) de 2019.

La CMI fait l’éloge du programme des secteurs préoccupants (SP) pour ses réussites. Ce programme est un brillant exemple de collaboration, réunissant l’industrie, les administrations municipales, régionales, étatiques, provinciales, nationales et autochtones à tous les niveaux et le public dans un processus axé sur un objectif commun.

Tout en célébrant le programme des secteurs préoccupants et de nombreux autres exemples de progrès, tous les secteurs — et non seulement les gouvernements — doivent s’attaquer aux défis hérités et émergents.

Collaboration 2020 : élaborer, diriger et transformer

Le rapport sur l’ETP 2020 est concis et met l’accent sur trois recommandations réalisables visant à faire progresser les gouvernements et tous les autres secteurs au cours des deux prochaines années.

Suivant la première recommandation de la CMI, les gouvernements, de concert avec la CMI, doivent élaborer un plan pour mieux évaluer les progrès accomplis.

Les Rapports d’étape des Parties (REP) des gouvernements et les Rapports sur l’état des Grands Lacs (REGL) comprennent un contenu utile, mais ils doivent être examinés ensemble pour que la CMI puisse déterminer si des mesures particulières ont entraîné des améliorations précises des conditions des lacs, et de quelle façon.

Ce jumelage des rapports est également important afin de donner au public toute l’information nécessaire pour formuler des commentaires. Les rapports des gouvernements et le rapport sur l’évaluation triennale des progrès de la CMI pourraient également être mieux coordonnés à l’intérieur d’un cadre d’évaluation qui garantirait que les mesures peuvent être rattachées aux progrès accomplis en matière de santé et de vitalité des Grands Lacs. La CMI souhaite collaborer avec les gouvernements et coordonner les rapports et les évaluations en vertu de l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs.

Comme a permis de le confirmer un récent rapport du Conseil consultatif scientifique des Grands Lacs de la CMI, les changements climatiques aggravent un certain nombre d’autres facteurs de stress pour la qualité de l’eau.

Les effets des changements climatiques augmentent également les risques pour la santé publique, touchent de façon disproportionnée les collectivités autochtones et vulnérables et poussent le niveau de l’eau à des extrêmes sans précédent. Nous notons que les gouvernements n’ont pas donné suite à notre recommandation de 2017 voulant que les Parties élaborent une approche binationale de résilience et d’adaptation aux changements climatiques. La CMI signale de nouveau ce besoin important et non comblé et offre de déterminer et d’explorer plus à fond les éléments essentiels d’une stratégie binationale.

De plus en plus de données probantes indiquent que la résurgence des proliférations d’algues bleu-vert, ou cyanobactéries, dans le lac Supérieur est un phénomène lié aux changements climatiques. Les répercussions des changements climatiques sur le lac Supérieur devraient être considérées comme le proverbial canari dans la mine de charbon.

La CMI recommande que les Parties accordent une grande priorité à la réduction ou à l’élimination des proliférations d’algues cyanobactériennes dans le lac Supérieur. La valeur élevée de ses ressources offre peut-être la meilleure occasion de mettre en place une intervention gouvernementale visant à s’adapter aux répercussions des changements climatiques sur nos Grands Lacs. Nous n’aurons peut-être qu’une seule chance de préserver la haute qualité de leurs eaux.

La CMI recommande également que les gouvernements transforment l’approche de leur plan d’aménagement panlacustre pour communiquer avec la communauté des Grands Lacs et la mobiliser. Dans le cadre de sa responsabilité d’évaluer les progrès réalisés en vertu de l’Accord, la CMI joue le rôle d’animateur du dialogue public.

La CMI offre son aide aux gouvernements pour transformer leurs activités de sensibilisation et de mobilisation dans le cadre du Plan d'action et d'aménagement panlacustre (PAAP) en un modèle qui offre des tribunes plus efficaces aux fins de la mobilisation du public. Les PAAP et les partenariats lacustres qui les soutiennent constituent d’importantes tribunes régionales où le public peut participer à la gestion écosystémique.

Continuer d’intervenir et de défendre les Grands Lacs

Bien que les trois recommandations de la CMI exhortent les gouvernements à élaborer, à diriger et à transformer, la responsabilité de contribuer à la mise en œuvre de ces recommandations au cours des deux prochaines années concerne tout le monde.

Il incombe au public — les particuliers et organisations, y compris des groupes d’intérêt public, des chercheurs et des établissements de recherche, ainsi que des entreprises et d’autres entités non gouvernementales — de continuer à « intervenir et à défendre » les Grands Lacs. La présentation sur l’ETP de 2020 de la CMI documente les nombreuses voix qui ont pu s’exprimer dans le cadre des réunions de 2019.

Au fur et à mesure que la CMI donnera suite à ses engagements de se réunir, de coordonner les activités et de travailler en collaboration, la participation de tous les secteurs sera un élément essentiel de la réussite. Nous profitons tous de la sagesse et de la compréhension élargie que procure la diversité des points de vue.

Nous sommes impatients d’examiner plus à fond notre plus récent rapport sur l’évaluation triennale des progrès dans les prochains numéros de Connexion Grands Lacs.

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Allison Voglesong Zejnati is public affairs specialist at the IJC’s Great Lakes Regional Office in Windsor, Ontario.

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