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Le rétablissement du gaspareau se poursuit sur la rivière Sainte-Croix et bat des records

kevin bunch
Kevin Bunch
milltown fish trap

Les gaspareaux reviennent toujours plus nombreux dans la rivière Sainte-Croix… en 2020, ils sont 25 % plus nombreux qu’en 2019 et ils n’ont jamais été aussi abondants depuis 1996.

D’avril à juillet 2020, 611 907 gaspareaux ont traversé la passe migratoire du barrage Milltown, située près de l’embouchure de la rivière Sainte-Croix entre les collectivités de St. Stephen (Nouveau-Brunswick) et de Calais (Maine). Il s’agit du plus récent exemple d’une tendance d’un retour massif du gaspareau dans la rivière. Selon les relevés de 2019, ils avaient été 486 500 à franchir la passe de Milltown, soit une augmentation spectaculaire par rapport à 2018. En 2020, les chercheurs ont également dénombré 29 aloses, 10 anguilles d’Amérique, un meunier noir et une achigan à petite bouche dans la passe migratoire.

La pandémie de COVID-19 a restreint l’accès physique à l’équipement de recherche de la passe migratoire, mais un système de vidéo à distance installé par l’exploitant du barrage, Énergie NB, a permis de surveiller le passage et de dénombrer les poissons. En dépit de certains problèmes techniques et de l’interruption occasionnelle du signal vidéo, le Conseil international du bassin de la rivière Sainte-Croix considère que le décompte de cette année est un succès.

Le barrage de Milltown, qui a 139 ans, est la première barrière que doivent franchir les poissons venant de l’océan Atlantique pour entrer dans la rivière Sainte-Croix. Le barrage est équipé d’une passe à poissons munie d’un piège de recherche qui permet de les dénombrer.

Énergie NB, propriétaire du barrage, a réclamé des directives des gouvernements provinciaux, étatiques et fédéraux sur les approbations à obtenir pour mettre le barrage hors service et le démenteler. L’entreprise affirme que le barrage de Milltown ne produirait pas assez d’électricité après des travaux de modernisation pour être rentable. Énergie NB pense que la mise hors service et l’élimination du barrage permettront la restauration de Salmon Falls et d’un tronçon d’environ 16 kilomètres (9,9 milles) de la rivière Sainte-Croix.

remote camera milltown
Caméra télécommandée installée au barrage de Milltown pour enregistrer le passage des poissons en 2020. Source : St. Croix International Waterway Commission

La CMI contribue au financement du dénombrement des poissons depuis 2011 dans le cadre de son Initiative internationale sur les bassins hydrographiques, bien que le projet de dénombrement des poissons remonte à 1981, année où des passes à poissons inadaptées ont été mises à niveau.

La St. Croix International Waterway Commission gère la recherche sur le piégeage et le dénombrement des poissons depuis 2015, ce dont d’autres organisations comme Pêches et Océans Canada et la Fédération du saumon atlantique s’occupaient auparavant. Énergie NB a également travaillé aux côtés de la St. Croix International Waterway Commission et de Pêches et Océans Canada pour gérer le débit au barrage Milltown afin d’attirer les poissons vers la passe, selon un rapport de recherche de 2019 sur les pièges jalonnant la voie migratoire Milltown.

Lorsque la passe migratoire du barrage Milltown a été inaugurée en 1981, la rivière Sainte-Croix soutenait des remontées de plus de 2 millions de gaspareaux, ainsi que d’une variété d’autres poissons qui passent une partie de leur vie dans l’océan.

Par la suite, cependant, et à cause de préoccupations suscitées par l’impact des gaspareaux sur la pêche sportive à l’achigan à petite bouche, l’État du Maine a décidé de fermer les passes à poissons à hauteur des barrages de Woodland et de Grand Falls en 1995, ce qui a provoqué une réduction de cette espèce qui a chuté à 900 individus en 2002. Cependant, le Nouveau-Brunswick a cherché à continuer de favoriser la remonte des gaspareaux, et les passes des barrages du côté canadien de la rivière sont demeurés ouvertes. Après qu’un article publié en 2005 par le Conseil Sainte-Croix de la CMI eut montré que les gaspareaux n’avaient pas d’impact négatif sur l’achigan à petite bouche, le Maine a commencé à rouvrir ses passes à poissons en 2008. En 2013, l’État avait complétement rouvert les passes à hauteur des barrages, du côté américain de la rivière, avec l’appui de la Nation Peskotomuhkati du Nouveau-Brunswick et de ses homologues du Maine, les tribus Passamaquoddy (Peskotomuhkati) de Pleasant Point et de Indien Township.

Les communautés peskotomuhkati ont dépendu du Gaspareau sur les plans culturel et spirituel et s’en sont servis de source de nourriture pendant des siècles, de sorte que la restauration et la pérennisation de l’espèce intéresse beaucoup les tribus riveraines. Le gaspareau a aussi représenté une importante source de nourriture pour les autres collectivités installées le long des berges.

Le gaspareau sert très souvent d’appât pour la pêche au homard, des deux côtés de la frontière internationale, et il est une des principales ressources alimentaires de nombreuses espèces tant marines que terrestres comme l’aigle, le macareux, l’ours, le vison, la morue, la morue chardonnière, le bar rayé et même la baleine. 

Avant les barrages, la rivière Sainte-Croix accueillait également beaucoup d’autres poissons qui vivent en partie dans l’océan Atlantique, dont l’anguille d’Amérique, l’alose, le saumon de l’Atlantique et la lamproie marine. On trouve encore des aloses et des anguilles, bien qu’en plus petits nombres dans la rivière, mais le saumon et la lamproie semble avoir cessé de remonter jusqu’au barrage de Milltown si l’on se fonde sur les données de dénombrement recueillies sur plus 30 ans. En 2018, Sean Ledwin, directeur de la Maine Sea Run Fisheries and Habitat Division du Department of Marine Resources (Maine), a indiqué à la CMI que la rivière pourrait devenir la plus grande pêcherie de gaspareaux de la côte Est si l’on disposait d’échelles à poisson adéquates et d’autres moyens permettant aux gaspareaux de se déplacer en amont.

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Kevin Bunch

Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.

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