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L’eau, c’est la vie : Une nouvelle toile de fond pour les partenariats autochtones dans la gérance de l’eau et la recherche sur les Grands Lacs

Le Nibi (ojibwé pour l’eau) est la force vitale qui nous relie tous. C’est aussi la raison d’être du Healthy Headwaters Lab, un nouveau groupe de recherche au sein du Great Lakes Institute for Environmental Research de l’Université de Windsor, qui se donne pour mission de faire progresser la science qui relie la terre, l’eau et les gens, en commençant par les peuples autochtones de la région.

Les principes directeurs du laboratoire sont simples, mais transformateurs : nous sommes résolus à donner toute son importance à la voix des collectivités locales dans nos recherches afin de veiller à la permanence de l’eau douce pour les générations futures. Ainsi, notre équipe est un mélange diversifié de scientifiques et de naturalistes spécialisés en eau douce, d’agriculteurs locaux, de scientifiques et d’artistes autochtones, de communicateurs et d’autres, tous reliés à l’eau à l’échelle locale et mondiale.

La science est claire : pour une gestion efficace, il s’agit d’harmoniser et de multiplier les efforts, tout en optimisant les partenariats avec les détenteurs de connaissances autochtones et locaux. Aussi, c’est dans cette optique que le laboratoire s’est officiellement engagé envers les communautés autochtones, notamment en recrutant parmi elles de nouveaux scientifiques et intendants de l’eau. 

Bkejwanong (là où les eaux se divisent) dans le lac Sainte-Claire est souvent appelé le cœur du bassin des Grands Lacs. C’est ici que le laboratoire a élaboré conjointement un cours pratique d’une semaine en 2019 et lancé de nouveaux partenariats de recherche communautaires. Ces efforts renouvelés comprennent la conservation, la gestion des espèces envahissantes et la participation au mentorat des jeunes, à l’intendance et aux événements communautaires.

Voici les expériences de deux nouvelles intendantes de l’eau qui font preuve de leadership au sein du laboratoire :

Destiny Soney, coordonnatrice de projet Nin.Da.Waab.Jig

destiny soney
Photo : D. Soney

« Bkejwanong ndoonjibaa, là où les eaux se divisent, c’est chez moi, la terre d’où je viens.

Pour moi, Nibi, c’est le Tout. Encore plus parce que je suis une femme. On m’a toujours parlé des eaux sacrées que nous possédons, du fait que la vie commence dans l’eau, et que le créateur nous a confié la responsabilité d’en prendre soin parmi nous, mais aussi autour de nous.

On m’a demandé de me joindre à l’équipe de Healthy Headwaters à l’automne dernier, ce qui m’a semblé tout à fait approprié, car j’étais au courant de sa mission et de la manière dont elle s’acquittait de ses responsabilités. Sa mission est de rétablir la santé et la vitalité des écosystèmes d’eau douce pour le plus grand bien des générations futures. Je n’ai pas trouvé surprenant que plusieurs de mes collègues soient des femmes, des personnes brillantes, passionnées et consciencieuses. Dans le cadre de nos efforts de recherche, je travaille à l’Université de Windsor et dans mon territoire natal, Bkejwanong. Ensemble, nous aidons à élaborer des solutions durables pour l’eau douce en suivant des approches holistiques.

Je suis reconnaissante de connaître l’importance du Nibi dans ma culture et d’avoir l’occasion de m’en occuper maintenant. Miigwech (Merci). »

Katrina Keeshig, coordonnatrice des partenariats de recherche et guide locale

Katrina Keeshig
Photo : K. Keeshig

« Neyaashiinigmiing ndonjibaa. Point de terre entouré d’eau sur trois côtés.

Toute ma vie a été façonnée par cette eau. Avant même de savoir nager, je m’accrochais à des membres de ma famille pour me faire bercer dans l’eau froide et limpide de la baie Georgienne. Après mes études universitaires, j’ai voyagé dans cinq pays pendant deux ans, où je ne faisais que baigner dans la nostalgie de notre eau.

À mon retour, j’ai eu le grand honneur de faire des recherches pour un livre sur le Nibi et de demander à nos aînés de me raconter leurs histoires. C’est ainsi qu’ils m’ont parlé des changements qui étaient survenus, notamment la façon dont la glace avait changé, le goût de l’eau, l’abondance des poissons, l’arrivée d’espèces envahissantes et les coutumes d’autrefois, quand la communauté se rassemblait  autour de l’eau. Tout au long de leurs récits, ils m’ont également appris ce qu’il fallait faire : retourner à nos enseignements, renforcer la résilience de nos communautés, protéger nos terres et nos eaux.

Mes recherches pour le livre m’ont également amenée à Parry Sound pour parler au nom de ma communauté de la baisse du niveau des lacs. Dans une salle bondée, j’ai parlé, tremblante et fière, dans ma langue autochtone, l’ojibwé. Des années se sont écoulées depuis, mais tout semblait me guider pour que je continue à travailler à la protection de l’eau. Mon parcours m’a amenée au Healthy Headwaters Lab de l’Université de Windsor, où je suis entourée de gens de divers milieux, tous liés par notre amour et notre désir de protéger l’eau et tout ce qu’elle nourrit. L’eau, c’est la vie. »

On est de plus en plus conscient de la richesse, pourtant inexploitée, des connaissances et de l’expérience des collectivités autochtones et locales en matière de restauration et de gestion de l’eau douce dans les Grands Lacs. Le renforcement des liens avec la nature est essentiel à la gestion et à la restauration des ressources en eau douce. Les initiatives menées par les Autochtones et l’engagement envers les partenariats et la collaboration enrichiront nos efforts collectifs et sont autant d’éléments essentiels à la réalisation de notre vision commune pour l’avenir des Grands Lacs.

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