L’assainissement des secteurs préoccupants des Grands Lacs s’est avéré difficile et s’est échelonné sur plus de trois décennies.
L’expérience récente montre que les travaux de restauration aident les gens à se reconnecter à leurs rives de manière à améliorer le bien-être de la collectivité et à en retirer des avantages économiques.
Un exemple est la rivière Raisin, qui rejoint le lac Érié occidental à Monroe, au Michigan.
Près de 100 millions de dollars ont été dépensés pour l’assainissement et la restauration de la rivière Raisin. Ce nettoyage a été un élément essentiel dans la revitalisation de Monroe.
La ville est en train de se refaire une image de centre urbain dynamique avec une rivière d’importance écologique, des atouts historiques, un nouveau parc national, un parc d’État et un refuge faunique international dans les limites de la ville – tous reliés par des sentiers verts.
Le River Raisin National Battlefield Park attire déjà plus de 230 000 visiteurs par année et on prévoit que la fréquentation du parc atteindra 635 000 personnes, ce qui améliorera l’économie locale et celle de l’État de plus de 53 millions de dollars par année.
De telles évaluations des avantages économiques s’avèrent être des outils importants pour soutenir l’élan à long terme de ces travaux de restauration et aider à la transition vers la revitalisation de la collectivité, un rendement des investissements manifeste, et attirer des champions pour un financement soutenu afin de terminer le travail de restauration de tous les secteurs préoccupants et de récolter les nombreux avantages d’une eau saine.
Les premiers plans d’assainissement, pour restaurer les secteurs préoccupants, remontent à 1985. En réponse à une recommandation du Conseil de la qualité de l’eau des Grands Lacs de la Commission mixte internationale, les États des Grands Lacs, la province de l’Ontario et les gouvernements fédéral canadien et américain se sont engagés à élaborer et à mettre en œuvre des plans d’assainissement pour rétablir les « utilisations bénéfiques » altérées dans chaque secteur préoccupant des Grands Lacs à l’intérieur de leurs frontières politiques. Cet engagement a été codifié dans le Protocole de 1987 à l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs.
Chaque plan d’assainissement devait relever des utilisations et des causes altérées, les mesures nécessaires pour rétablir ces altérations, les organismes ou organisations responsables de la mise en œuvre des mesures et le calendrier de mise en œuvre pour accroître la responsabilisation. De plus, les plans d’assainissement devaient adopter une approche écosystémique qui tienne compte des interrelations entre l’air, l’eau, la terre et tous les êtres vivants, y compris les humains, et qui fasse participer tous les groupes d’utilisateurs à la gestion.
Les principales leçons tirées de recherches récentes sur le nettoyage de ces « points chauds » toxiques sont les suivantes :
- Adopter une approche écosystémique pour renforcer les capacités de restauration des utilisations et créer un sentiment d’appropriation locale
- Assurer une participation significative du public en vue d’un état futur désiré viable
- Mobiliser les dirigeants locaux et recruter un champion de haut niveau
- Établir une vision convaincante avec des objectifs clairs
- Établir des cibles mesurables pour la restauration des utilisations et le retrait de la liste des secteurs préoccupants
- Pratiquer une gestion adaptative et inciter les chercheurs scientifiques à y participer
- Établir des partenariats
- Poursuivre le financement collaboratif et créatif
- Construire un bilan de réussites et le célébrer fréquemment
- Quantifier les avantages
En date de 2017, sept secteurs préoccupants ont été retirés de la liste, deux ont été désignés comme secteurs préoccupants en voie de rétablissement, 67 des 146 utilisations altérées connues ont été restaurées dans les secteurs préoccupants canadiens et 73 des 255 utilisations altérées connues ont été restaurées dans les secteurs préoccupants américains.
En 2017, à l’occasion du 32e anniversaire des engagements envers les plans d’assainissement et du 30e anniversaire de l’inclusion dans l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs, un symposium de deux jours intitulé « Restoring Great Lakes Areas of Concern (restaurer les secteurs préoccupants des Grands Lacs) » a été convoqué lors de la 60e réunion annuelle de l’International Association for Great Lakes Research.
La CMI, l’Aquatic Ecosystem Health and Management Society, l’International Association for Great Lakes Research, la Commission des Grands Lacs et le refuge faunique international de la rivière Détroit du U.S. Fish and Wildlife Service font partie des promoteurs.
L’objectif était d’examiner ce qui a été réalisé et ce qui a été appris depuis le début des plans d’assainissement pour restaurer les secteurs préoccupants. En tout, 27 articles et cinq affiches ont été présentés. Des articles choisis de ce symposium seront bientôt publiés dans un numéro spécial du Journal of Aquatic Ecosystem Health and Management (AEHMS). De plus, un livre sur les secteurs préoccupants, en cours de rédaction, sera publié dans le cadre de la série de monographies mondiales Ecovision de l’AEHMS.