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Les effets des changements climatiques, les menaces provenant des espèces envahissantes et la coordination binationale sont les principales questions qui préoccupent des résidents de la région du lac Supérieur

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Sally Cole-Misch
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L’Université Lakehead à Thunder Bay (Ontario); Duluth (Minnesota) et le Northland College à Ashland (Wisconsin) ont accueilli la CMI lors de consultations et de réunions publiques à la fin de septembre. Crédits photos : iStock, S. Cole-Misch, Northland College

 

Lors de sa dernière série de consultations et de réunions publiques visant à faire le point sur les progrès réalisés par le Canada et les États-Unis dans le cadre de l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs, la CMI a entendu un message uniforme dans la bouche des résidents de Thunder Bay (Ontario), de Duluth (Minnesota) et d’Ashland (Wisconsin) : Le lac Supérieur, qui est au cœur de leur identité régionale, est menacé à plus d’un titre. Ce qui arrive au lac arrive à ses riverains et la protection de la santé de tout l’écosystème exige une intervention urgente.

Thunder Bay (Ontario)

La Commission a entamé sa tournée le 23 septembre par l’Université Lakehead, à Thunder Bay, où elle a parrainé un symposium d’une journée sur les répercussions des changements climatiques et l’adaptation à ces changements dans le bassin du lac Supérieur. Le professeur agrégé du Département de géographie, Rob Stewart, a organisé le symposium « Climate Con 2019 ». Les discours d’ouverture ont été prononcé par Jay Austin, professeur à l’Université du Minnesota à Duluth, et par Kelsey Casey Jones, de Weave Collaborative, le premier sur le réchauffement du lac Supérieur au cours du dernier siècle et la seconde sur la façon dont les riverains composent avec les changements climatiques. Plusieurs professeurs de l’Université Lakehead ont également fait part de leurs constats sur les répercussions des changements climatiques sur le lac Supérieur, et des étudiants ont présenté des résumés de leurs recherches en cours.

Jay Austin a confirmé que le lac Supérieur connaît un changement radical en ce qui a trait à la diminution de la couche de glace et au réchauffement des températures moyennes de l’eau en été (jusqu’à 1,2 °C). La température du lac pourrait augmenter de 5 °C d’ici 2070. L’augmentation de 1,2 °C a déjà entraîné des phénomènes météorologiques violents importants et la prolifération d’algues nuisibles le long de la rive sud du lac.

Adam Cornwell, de l’Université Lakehead, a expliqué que le lac Supérieur et d’autres régions semi-continentales se réchaufferont plus rapidement que d’autres lieux sur la planète. Si la hausse moyenne de la température de l’air à l’échelle mondiale est de 1,5 °C, par exemple, le bassin du lac Supérieur subira une augmentation de la température ambiante de 4 °C. 

Lors des discussions en petits groupes, en après-midi, les participants au symposium ont traités de sujets prioritaires allant de l’établissement et de la propagation d’espèces aquatiques envahissantes à la prolifération accrue d’algues à mesure que le lac se réchauffe. La nécessité pour tous les ordres de gouvernement d’adopter des mesures audacieuses pour protéger le lac Supérieur est ressortie comme un thème commun. Des tempêtes violentes ont déjà causé des dommages de plusieurs millions de dollars dans le secteur occidental du lac, et l’on s’attend à ce que ce genre de phénomène météorologique augmente en fréquence et en intensité. Les participants ont déclaré que les gouvernements devraient se concentrer sur l’atténuation et la prévention des dommages que les futures tempêtes causeront aux infrastructures.

Duluth (Minnesota) et Superior (Wisconsin)

Le lendemain, des chercheurs, des porte-parole et des représentants d’organismes de la région des deux ports, en bordure des Grands Lacs, ont pu dialoguer avec un panel de commissaires et de membres du personnel de la CMI des questions clés liées à la qualité de l’eau. La discussion a notamment porté sur les progrès réalisés pour restaurer le secteur préoccupant de la rivière Saint-Louis et sur la nécessité d’élaborer un cadre de surveillance à long terme de ce cours d’eau après son retrait de la liste afin d’en assurer le rétablissement dans la durée. Les mesures de gestion devraient être aboutir d’ici 2025. Il a aussi été question de la nécessité de moderniser les systèmes de surveillance par télédétection dans l’ensemble des Grands Lacs pour comprendre comment les cours d’eau et les lacs changent sous l’effet de l’augmentation des précipitations causée par les changements climatiques.

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Les participants à la réunion publique de Duluth répondent à une question des panélistes, avant que les commissaires ne prennent la parole au sujet du lac Supérieur. Crédit photo : S. Lobrichon
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Au cours de l’assemblée publique en soirée, les résidents ont souligné l’importance de rapprocher les gens des eaux de leur régions. La St. Louis River Alliance a été mentionnée comme une initiative valable qui va dans ce sens et qui favorise la sensibilisation et la participation aux efforts de protection des eaux. Plusieurs personnes se sont dites préoccupées par la disparition du Lake Superior Binational Forum (Forum binational du lac Supérieur) après l’élimination du financement fédéral, ajoutant qu’il fallait y voir une excellente occasion pour les citoyens, pour les représentants d’organismes et pour d’autres intervenants de coordonner les efforts de protection dans l’ensemble du lac Supérieur. Plusieurs participants ont demandé le rétablissement du financement de la communication et de la coordination à l’échelle du lac. Parmi les autres besoins soulevés, mentionnons la planification proactive des bassins hydrographiques, la recherche et le contrôle des rejets miniers toxiques, l’ajout des sulfates sur la liste des produits chimiques sources de préoccupations communes en vertu de l’annexe 3 de l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs, l’interdiction des mines de sulfure proposées au Minnesota et au Michigan, ainsi que les programmes préscolaires de 12e année axés sur l’eau et les Grands Lacs.

Ashland (Wisconsin)

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À gauche, le directeur du Centre Mary Griggs Burke, Peter Annin, ouvre la journée qui sera ponctuée d’exposés. À droite, les membres de la bande Red Cliff of Lake Superior Chippewa lors d’une cérémonie du tambour en ouverture de la séance publique en soirée. Crédit photo : S. Lobrichon, A. Voglesong Zejnati

 

Le dernier arrêt de la CMI dans sa tournée du lac Supérieur a eu lieu au Northland College, où Peter Annin et Valerie Damstra du Mary Griggs Burke Center for Freshwater Innovation ont organisé une réunion publique en soirée et une séance d’information d’une journée sur les enjeux du lac Supérieur. Des représentants des bandes de Bad River et de Red Cliff de Chippewa, de la Great Lakes Indian Fish and Wildlife Commission, de la ville d’Ashland (Wisconsin), des organismes environnementaux du Minnesota et des professeurs de collèges ont tous présenté des exposés aux commissaires de la CMI.

Les commissaires ont ainsi appris que la baie Chequamegon, située à proximité, est l’une des plus importantes sur le plan écologique dans le lac Supérieur. Elle comporte des zones humides et on y trouve deux populations d’esturgeons autonomes, une importante culture de riz sauvage, le parc Apostle Islands-National Lakeshore ainsi que le premier parc national tribal des États-Unis. L’assainissement du site Superfund dans le port d’Ashland a été entamé, et les égouts sanitaires de la ville, vieux de 100 ans, doivent être modernisés à cause d’une augmentation de 35 à 40 % des précipitations depuis le milieu des années 2000, époque où ces infrastructures ont été construites. La région a connu trois tempêtes de 1 000 ans depuis 2012 qui ont causé des dégâts importants, et il faut donc investir dans l’atténuation, voire la prévention des dommages dans l’avenir. Les participants se sont par ailleurs dit d’avis que les changements climatiques ont stimulé la prolifération d’algues nuisibles dans le lac Supérieur à compter de 2012.

Les exposés ont été enregistrés par la radio publique du Wisconsin.

 

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Almost 200 students and Ashland residents met with Commissioners to express their views and concerns at the evening public meeting at Northland College. Credit: S. Lobrichon

 

Le fait que les gouvernements du Canada et des États-Unis aient jugé l’état du lac Supérieur comme étant bon et immuable a été contesté à Ashland, comme par les résidents des autres collectivités riveraines du lac Supérieur que la CMI a visitées. La réponse aux changements climatiques et la préparation à ces changements ont été régulièrement mentionnées comme étant deux grandes préoccupations qui nécessitent l’adoption de mesures énergiques et concrètes en vue de mettre fin aux sources diffuses de pollution dans le lac. Les participants ont encouragé les commissaires à exhorter les deux pays à se concentrer sur les actions de protection et de restauration. Les résidents demandent aussi aux deux gouvernements d’élaborer un nouvel Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs. Celui-ci devra fournir un cadre efficace pour régler les enjeux du XXIe siècle et pour disposer des structures gouvernementales et du financement nécessaires à la restauration et à la protection de tous les Grands Lacs, ainsi qu’à la sensibilisation et à l’information de la population.

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Sally Cole-Misch
IJC

Sally Cole-Misch is the public affairs officer for the IJC’s Great Lakes Regional Office.

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