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Lutte contre le Phragmites : Un Cadre de collaboration fondé sur une approche internationale

Jeff Kart
IJC
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Les méthodes de lutte contre la propagation du roseau commun (Phragmites) comprennent le brûlage des plantes
Les méthodes de lutte contre la propagation du roseau commun (Phragmites) comprennent le brûlage des plantes. Mention de source : Michigan DNR

Le roseau commun ou Phragmites, est une plante envahissante qui ne connaît pas de frontières. Cette espèce croît en peuplements denses le long des rivages et dans les basses‑terres et peut supplanter les végétaux et les animaux indigènes. Pour s’attaquer à la situation, un Cadre de collaboration de lutte au Phragmites (connu sous le nom de « Great Lakes Phragmites Collaborative ») a vu le jour dans le bassin des Grands Lacs pour réunir des organismes, des organisations et des groupes de citoyens du Canada et des États‑Unis dans le but d’échanger de l’information au sujet des meilleures façons d’éliminer cette plante.

Ce groupe a fait un pas de plus avec la création d’un Cadre de gestion adaptative du Phragmites pour recueillir et analyser des données sur les mesures de contrôle dans l’ensemble de la région. Le Cadre de collaboration est coordonné par la Commission des Grands Lacs (CGL), à Ann Arbor, au Michigan.

« Il y a tant de fonds consacrés à la lutte au Phragmites, et personne n’évalue actuellement l’efficacité des mesures prises, signale Karen Alexander, spécialiste principale du programme, au service de la CGL. Ce cadre sera établi pour donner une orientation aux gestionnaires des terres en se fondant sur les travaux réalisés ailleurs ».

Le Cadre de collaboration a été utile à des personnes comme Janice M. Gilbert, directrice administrative du Centre de lutte au Phragmites en Ontario.

Gilbert a commencé ses activités sans but lucratif au début de l’année pour aider des personnes à lutter contre la propagation du Phragmites de façon efficace et respectueuse de l’environnement. Elle mentionne que les propriétaires fonciers et les gestionnaires font d’abord appel à un entrepreneur pour obtenir de l’aide, ce qui peut être une solution coûteuse ou inefficace et entraîner des dommages involontaires aux espèces de plantes et de la faune indigènes.

Des règles différentes

Les personnes qui participent au Cadre de collaboration ont appris les unes des autres grâce à des options gratuites comme des ateliers, des webinaires, des courriels hebdomadaires affichés sur le site de recherche sur la lutte au Phragmites et des études de cas présentées sur un site Web.

La perspective binationale est particulièrement utile en raison des règlements qui varient selon les deux pays.

Dans les États américains entourant les Grands Lacs, les herbicides peuvent être pulvérisés dans l’eau pour lutter contre le Phragmites. En Ontario, il existe des restrictions sur l’épandage d’herbicides, et le Canada utilise donc des méthodes non chimiques comme « couper les plantes pour les noyer ».

« Lorsque les niveaux des lacs sont élevés, vous coupez les tiges sous le niveau de l’eau pour noyer les plantes et leur causer du stress », indique Gilbert.

Bien que les herbicides ne constituent pas une panacée pour lutter contre le Phragmites, les méthodes comme la noyade ne règlent pas non plus tous les problèmes. Sans une organisation comme le Cadre de collaboration, divers groupes qui participent à cette lutte pourraient ne pas se parler sur une base régulière, fait savoir Gilbert. « Vous pourriez penser qu’à l’époque actuelle, la communication est facile, mais ce n’est pas le cas, ajoute‑t‑elle. Ces échanges sont véritablement essentiels à la réussite de cette entreprise. »

 

Heather Braun se tient debout à côté d’un peuplement de phragmites, démontrant ainsi que la plante peut atteindre une très grande taille
Heather Braun se tient debout à côté d’un peuplement de phragmites, démontrant ainsi que la plante peut atteindre une très grande taille (jusqu’à 15 pieds, ou environ 4,6 mètres). Mention de source : Julie Sims, NOAA.

Heather Braun, gestionnaire de programme à la CGL, explique qu’aux États‑Unis, il existe une plus grande latitude pour utiliser des herbicides dans la lutte au Phragmites.

Les herbicides peuvent être utilisés au‑dessus de l’eau dans l’État du Michigan et dans d’autres États des Grands Lacs avec l’approbation d’organismes des États, comme le Michigan Department of Environmental Quality (Département de la qualité de l’environnement du Michigan).

Cependant, en Ontario, la pulvérisation d’herbicides dans l’eau de surface est interdite. Il existe même des règlements stricts pour l’utilisation d’herbicides sur les pelouses.

« Les herbicides sont encore utilisés dans les exploitations agricoles, et on peut contrôler le Phragmites avec un certain succès dans les zones sèches à l’aide d’herbicides, tout comme dans les États, indique Braun. Cependant, dans les zones plus humides comme les terres humides, les fossés bordant les routes et les littoraux, en Ontario, la pulvérisation doit être arrêtée lorsqu’elle atteint la surface d’un cours d’eau. »

Certaines entreprises travaillent avec des organismes de réglementation canadiens pour obtenir l’approbation de pulvériser des herbicides dans l’eau, et des méthodes chimiques sont mises à l’essai en certains endroits comme Long Point et la Baie Rondeau en Ontario le long du lac Érié, avec la surveillance de la professeure adjointe de l’Université de Waterloo, Rebecca C Rooney, qui étudie les incidences sur les organismes aquatiques et la qualité de l’eau.

« Cette recherche apportera une aide extrêmement précieuse des deux côtés de la frontière », fait remarquer Braun.

Un hélicoptère pulvérise des herbicides pour lutter contre le Phragmites
Un hélicoptère pulvérise des herbicides pour lutter contre le Phragmites. Mention de source : Michigan DNR

Le passé et l’avenir

Le Cadre de collaboration de lutte au Phragmites des Grands Lacs existe depuis environ cinq ans. L’équipe principale est formée de membres la CGL et de la Commission géologique des États‑Unis ; un comité consultatif comprend Gilbert, des membres de Canards Illimités et de Conservation de la nature Canada, ainsi que des représentants d’organismes fédéraux, d’États, de gouvernements provinciaux et du milieu universitaire des États‑Unis.

La CGL continue de faire progresser le Cadre de collaboration en mettant l’accent sur l’aide de ses membres et en suscitant la participation d’un plus grand nombre de parties. De plus, la CGL a établi un programme, des priorités et des objectifs communs.

Le Cadre de gestion adaptative du Phragmites utilisera une approche systématique pour obtenir des renseignements supplémentaires, tout en assurant la gestion, fait savoir Alexander, au moyen de l’utilisation de la modélisation prédictive, d’une base de données centralisée et de protocoles de surveillance normalisés.

« Nous nous préparons à recueillir des connaissances de toutes les parties intéressées à la gestion dans le bassin et à analyser systématiquement ces données », ajoute Alexander.

Le Centre scientifique des Grands Lacs de la Commission géologique des États-Unis (US Geological Survey’s Great Lakes Science Center) dirige la conception du Cadre avec l’aide de la CGL. « Finalement, ce sont les meilleures pratiques propres à chaque site qui contribuent aux avancées », explique Alexander.

Le Cadre devrait être lancé en 2018.

La gestion de la lutte au Phragmites repose sur une approche intégrée qui nécessite de nombreux traitements sur plusieurs années pour pouvoir éliminer un peuplement. Et même en faisant cela, l’éradication demeure un défi.

« Il y a tellement d’options à chaque phase de traitement », ajoute Alexander. Les résultats de ces régimes de traitement pourraient être très différents ou très semblables. Mais nous ne pouvons le savoir à moins d’exercer la surveillance de ces traitements et de recueillir des données, de les comparer et de les analyser au fil du temps. »

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Jeff Kart
IJC

Jeff Kart is executive editor of the Shared Waters IJC newsletter and a contractor to the US Section of the International Joint Commission in Washington, D.C.

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