Enregistrement vidéo du webinaire des trois conseils (juillet 2020) sur les niveaux d’eau des Grands Lacs et réponses aux autres questions posées

Date

Un webinaire public sur les niveaux d’eau des Grands Lacs organisé par le Conseil international de contrôle du lac Supérieur de la Commission mixte internationale, par le Conseil international du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent et par le Conseil international de contrôle de la rivière Niagara a eu lieu le 17 juillet. Ce webinaire a donné un aperçu des raisons expliquant les niveaux des Grands Lacs à l’époque et du rôle que jouent les conseils de la CMI dans l’équilibre des intérêts de tous ceux qui sont touchés par les variations de niveau des Grands Lacs.

Après une présentation, les membres des trois conseils et le personnel de la CMI ont répondu à un certain nombre de questions.

Cependant, par manque de temps, le personnel présent n’a pas été en mesure de répondre à toutes les questions posées par les participants. Vous trouverez ci-dessous un enregistrement du webinaire (version anglaise seulement) et un tableau donnant les réponses à plus de 80 autres questions posées par les participants que nous n’avons pas pu traiter pendant le webinaire.

Nous espérons que ces renseignements supplémentaires aideront à préciser certaines choses et à renseigner les participants et les personnes qui se posent des questions ou qui ont des préoccupations au sujet des niveaux de crue.

Question

Réponse

La véritable résilience ne veut pas dire qu’il faut bétonner les rives.

Il existe bien des méthodes pour accroître la résilience des rives, dont le bétonnage, mais il est aussi possible de recourir à des mesures moins radicales, comme la remise en état des terres humides. Cela dépend vraiment du lieu et des caractéristiques du segment de berge où l’on envisage d’appliquer des mesures de résilience. Il est conseillé de consulter un ingénieur spécialisé en aménagement des berges afin de déterminer les mesures de résilience qui conviennent le mieux à tel ou tel segment de la rive.

https://www.glc.org/wp-content/uploads/GLC-Board-GLCRS-Outreach-Fact-Sheet-21Aug17.pdf

Des études antérieures de la CMI ont porté sur la formulation de plans de régularisation améliorés et sur une meilleure compréhension des facteurs susceptibles d’avoir une incidence sur ces derniers. L’étude sur la résilience des berges à laquelle cette question fait allusion ne porte pas sur la régularisation, mais vise plutôt à fournir de l’information pour aménager/gérer les berges de façon plus résiliente. Il pourrait y avoir une certaine synergie entre les différentes études en ce sens qu’une partie des données obtenues grâce à l’étude sur la résilience — comme une meilleure compréhension du climat, du régime des vagues ou des niveaux d’eau dans l’avenir — pourrait contribuer à guider l’élaboration d’un futur plan de régularisation.

Le CILOFSL a indiqué qu’il réduira éventuellement le débit sortant pour maintenir le niveau du lac Saint‑Laurent à plus de 73 m. Cela serait-il considéré comme une déviation par rapport au Plan 2014? Dans l’affirmative, quels critères du Plan 2014 permettraient de dévier des prescriptions dans des conditions prévues? Dans la négative, pourquoi pas?

 

Oui, il s’agirait d’une déviation par rapport à la stratégie approuvée par le Conseil de la CMI, cela pour compenser graduellement les écarts appliqués dans l’année écoulée. La directive sur les ajustements opérationnels de la CMI (https://www.ijc.org/fr/clofsl/qui/directives/ajustements) précise que le Conseil doit disposer d’une stratégie de sortie pour mettre fin à une période marquée par des écarts importants. Cette stratégie doit comprendre un moyen de compenser les volumes d’eau retirés ou ajoutés au lac en fonction des déviations qui auraient été conformes au Plan 2014. La stratégie visant à maintenir le niveau du lac Saint-Laurent à 73 m au moins s’inscrit dans le cadre de la stratégie du Conseil visant à compenser les augmentations de débit des dernières années, stratégie qui a été approuvée par la CMI.

Quelle corrélation existe-t-il entre le niveau du lac Michigan et le niveau des lacs en aval? (Dans la présentation, vous avez mentionné une réduction de 2 pouces du lac Ontario.)

L’augmentation du débit sortant nécessaire à l’abaissement du niveau du lac Ontario de 1 cm (ou de 1 po) en une semaine donne lieu à une augmentation environ 10 fois plus importante du niveau du cours inférieur du Saint-Laurent, parce que l’énorme volume d’eau du lac Ontario doit passer par ce cours d’eau qui est beaucoup plus étroit. Il n’y a pas d’ouvrages compensateurs permettant de réguler le débit sur les rivières St. Clair, Détroit et Niagara, et l’eau des lacs Michigan-Huron ne peut que se déverser dans le lac Ontario ou s’évaporer. Tandis que l’eau s’écoule graduellement en aval, l’évaporation et les précipitations locales ont une incidence sur le volume d’eau qui aboutit dans le lac Ontario. Les conditions hydrauliques et hydrologiques entre les lacs Michigan-Huron et le lac Ontario influent fortement sur le niveau de ce dernier.

D’après les photographies aériennes, ne serait-il pas temps d’admettre que vous n’avez aucune idée du volume d’eau qui transite par la rivière St. Clair et que, par conséquent, vous ne pouvez pas calculer les ANB?

 

Les photos aériennes montrant que de grandes quantités de sédiments se déplacent dans le réseau hydrographique ne signifient pas nécessairement que le volume d’eau passant par la rivière s’en trouve affecté, car une grande partie de ces sédiments est évacuée au niveau de l’embouchure de la rivière. Le US Army Corps of Engineers administre un programme de surveillance des variations de volume d’eau des rivières St. Clair et Détroit. Au cours des 15 dernières années, des données bathymétriques ont été recueillies et analysées pour déterminer les changements survenus au fond du chenal. Le régime d’écoulement a aussi fait l’objet d’une surveillance étroite pour déceler tout changement imprévu. Jusqu’à présent, aucun changement important n’a été relevé en ce qui concerne le volume d’eau passant par la rivière. Une mise à jour de l’analyse est en cours et les résultats devraient être connus plus tard l’an prochain.

Quand j’ai parlé d’une moyenne plus élevée que la moyenne historique, je faisais allusion à des données antérieures à 2012. Je me demande ce qui s’est produit en 2012 pour provoquer cette bascule. Il ressort clairement qu’on ne parvient pas à retrouver les niveaux des années antérieurs, soit de 1900 à 2008. Qui parviendra à m’expliquer ce phénomène?

Malgré les records enregistrés ces dernières années, les niveaux moyens du lac Supérieur et des lacs Michigan-Huron n’ont pas changé de façon significative par rapport aux données de longue date disponibles depuis 1918.Les niveaux actuels des lacs Supérieur et Michigan-Huron demeurent bien au-dessus de leurs moyennes respectives, de sorte qu’il ne faut pas s’attendre à ce que le débit sortant du lac Supérieur soit nécessairement inférieur à la moyenne. Néanmoins, en raison de la sécheresse qui règne dans le secteur du lac Supérieur depuis quelques mois, le niveau de ce lac est, pour le moment — et relativement parlant — inférieur à celui des lacs Michigan-Huron. Par conséquent, le Plan 2012 vise à équilibrer les niveaux des lacs Supérieur et Michigan-Huron par une réduction du débit sortant du lac Supérieur selon des valeurs inférieures au débit sortant naturel (ou d’avant-projet) que l’on constaterait pour des niveaux identiques du lac Supérieur. Cette réduction de débit permet de ramener le niveau des lacs Michigan-Huron plus près de la moyenne.

Pouvez-vous expliquer l’écart de niveaux entre le lac Supérieur et les lacs Michigan-Huron?

La différence de niveau entre le lac Supérieur et les lacs Michigan-Huron peut être attribuée à la géographie des lacs. Les lacs Michigan-Huron sont situés en aval du lac Supérieur et à une altitude inférieure. La différence moyenne entre les niveaux d’eau de surface des lacs Supérieur et Michigan-Huron est d’environ 7 m (23 pi). De plus, le lac Supérieur, qui est le lac le plus en amont du réseau des Grands Lacs, ne reçoit que l’eau de son propre bassin de drainage, contrairement aux lacs Michigan-Huron qui reçoivent l’eau du lac Supérieur (par la rivière St. Marys) en plus de celle de leur propre bassin. De plus, le lac Supérieur est moins grand que les lacs Michigan-Huron, et son bassin versant est relativement plus petit. Par conséquent, les apports d’eau dans le lac Supérieur varient moins dans le temps et son niveau varie également moins que celui des lacs Michigan-Huron.

Vous dites qu’il n’est toujours pas possible de véritablement contrôler le niveau du lac, mais vous parlez de ce qui est fait pour le réguler. Je sais que, si l’on n’arrive pas à mouiller son quai avant que les compagnies d’hydroélectricité commencent à prélever de l’eau, il est ensuite trop tard. Le niveau baisse d’environ 1 pied. Quand on songe à cela et aux niveaux d’eau élevés du milieu des années 1990, comment pouvez-vous dire que ces barrages n’ont pas d’influence véritable sur le niveau du lac?

Le long de la rivière Niagara, on constate des fluctuations locales du niveau d’eau attribuables à l’International Niagara Control Works (INCW), mais elles se limitent au secteur de la rivière Niagara en amont des chutes Niagara, à hauteur de la pointe nord de Grand Island. L’INCW a été construit afin de détourner l’eau d’un secteur de la rivière Niagara appelé « Chippawa Grass Island Pool », non loin des chutes elles-mêmes. Il était question de produire de l’électricité et de favoriser la répartition de l’eau sur toute la longueur des chutes Horseshoe de sorte à les rendre visuellement plus intéressantes. La rivière Niagara descend de plusieurs mètres entre le lac Érié et les chutes elles-mêmes. Ainsi, en juin dernier, le niveau moyen de Chippawa Grass Island Pool à l’INCW se situait à 3,88 m (12,7 pi) sous le niveau du lac Érié. L’INCW a un certain impact sur le niveau d’eau à proximité immédiate de l’ouvrage, mais comme il est trop bas (en altitude) et qu’il ne chevauche pas entièrement la rivière Niagara, il ne peut donc pas avoir d’effet physique sur le niveau d’eau du lac Érié. 

La volume d’eau qui se déverse dans la rivière Niagara depuis le lac Érié est fonction du niveau naturel du lac Érié ainsi que des conditions aérologiques, puisque les vents locaux peuvent pousser davantage d’eau dans la rivière Niagara. Plus le niveau du lac Érié est élevé, plus le débit de la rivière est fort. Le barrage du fleuve Saint‑Laurent influe sur le niveau du lac Ontario. Le lac Érié est beaucoup plus élevé en altitude que le lac Ontario et l’eau doit franchir les chutes Niagara avant d’aboutir dans le lac Ontario. De plus, comme la rivière Niagara décroche de 50 m (150 pi) au niveau des chutes, le niveau du lac Ontario n’a aucun effet sur le débit sortant du lac Érié. Cette différence de niveau considérable est telle que la baisse du lac Ontario ne peut avoir aucun effet sur le niveau de la rivière en amont des chutes Niagara.

Depuis toujours le niveau des lacs est naturellement influencé par les précipitations dans le Midwest. Le niveau augmente dans les années de forte pluviosité. Ne pourrait-on pas détourner davantage d’eau vers des rivières comme l’Allegheny, la Missouri et l’Ohio?

Aucun cours d’eau ne relie actuellement les Grands Lacs aux rivières que vous mentionnez. Les dérivations des Grands Lacs vers d’autres bassins hydrographiques doivent être approuvées par les deux pays et réalisées sous la supervision d’Affaires mondiales Canada et du département d’État des États-Unis. Même si une telle mesure était approuvée par les gouvernements, la capacité de ces réseaux fluviaux ne permettrait pas de prélever suffisamment d’eau dans les lacs pour réduire sensiblement leur niveau.

Autrement dit, vous ne pouvez pas contrôler de façon importante les niveaux des lacs. C’est difficile à croire, étant donné que les niveaux d’eau étaient presque aussi élevés vers le milieu des années 1990, sans que les propriétaires fonciers riverains ne subissent autant d’impacts. Comment expliquez-vous cela?

Le niveau élevé des eaux en 1993 a eu des répercussions sur les propriétaires fonciers. Dans la présentation, nous avons fait mention d’un reportage de février 1993 sur le lac Ontario illustrant l’inondation d’une propriété riveraine. Il est vrai qu’en 1993, le niveau d’eau n’a pas atteint les extrêmes de 2017 et de 2019, mais les précipitations, ainsi que les apports du lac Érié et de la rivière des Outaouais en 1993 n’ont pas été aussi importants que ce qui a été enregistré en 2017 et 2019.

Comment pouvez-vous blâmer les « changements climatiques » alors que vos graphiques montrent des pics et des creux semblables dans les lacs depuis 100 ans? 

Les précipitations records observées au cours des dernières années dans les bassins versants des Grands Lacs et de la rivière des Outaouais ont été la cause principale des niveaux d’eau extraordinairement élevés des dernières années. Les projections des modèles de changements climatiques pour les Grands Lacs pointent dans le sens d’une fréquence accrue de niveaux de crue et d’étiage. Il n’est cependant pas possible d’attribuer davantage la forte pluviosité constatée sur plusieurs mois voire sur plusieurs années à une seule cause, comme les changements climatiques ou les variations météorologiques naturelles. Quoi qu’il en soit, les années humides observées récemment correspondent à ce à quoi on peut attendre d’un climat changeant.

Je me souviens des très grandes plages du lac Érié et du lac Ontario dans les années 1960. Au fil des ans, beaucoup de propriétés et de chalets ont disparu. Il est difficile de croire que vous ne contrôlez pas les niveaux d’eau, compte tenu de vos propres cartes des niveaux d’eau. Pouvez-vous expliquer cela?

Les Conseils sont chargés de contrôler les débits sortants du lac Supérieur et du lac Ontario par la régularisation, ce qui peut avoir une incidence modeste sur les niveaux, mais les apports d’eau sont la principale explication des fluctuations de niveau dans le temps. Une grave sécheresse dans les années 1960 avait entraîné une forte baisse des niveaux dans la région des Grands Lacs. Il convient également de noter que les limites de capacité des chenaux de raccordement et des ouvrage hydrauliques à l’intérieur de ces chenaux ne peuvent pas tenir contrôler les apports d’eau records que nous avons observés dans les lacs en 2017 et 2019. Par conséquent, quand les apports en eau dépassent la capacité de régularisation et la capacité naturelle du chenal, les lacs gonflent et ni les conseils ni la CMI n’y peuvent rien.

Je vis sur les bords de la baie Georgienne (lac Huron). L’automne dernier, nos berges ont été endommagées en raison des vents violents et des crues. Avez-vous une idée des niveaux que le lac Huron pourrait atteindre cette année, et devons-nous nous attendre à des vents plus forts?

Il est probable que les niveaux de juillet que nous avons observés correspondent à des maximums pour cette année, d’après les tendances saisonnières. Le plus récent niveau maximal a été de 177,47 m (582,26 pi) le 20 juillet dernier. Le niveau des lacs Michigan-Huron devrait diminuer graduellement au cours du mois d’août et du reste de l’année, mais il devrait demeurer près de son pic saisonnier dans les prochains mois. Malheureusement, les vents, qui sont généralement moins forts en été, peuvent aussi être particulièrement violents à la fin de l’automne et au début de l’hiver dans l’ensemble des Grands Lacs. Il faut donc envisager de se préparer adéquatement à de tels événements en vue d’atténuer les risques pour les propriétés et les infrastructures riveraines.

La CMI a-t-elle envisagé de s’associer à des portails de communication comme « Great Lakes NOW », un organisme du Michigan qui produit de petites vidéos instructives sur des enjeux d’actualité en lien avec les Grands Lacs? La question des niveaux d’eau et du rôle limité de la CMI pourrait faire l’objet d’une série de vidéos très révélatrices. Soit dit en passant, votre carte du réseau des Grands Lacs est un excellent produit...il en faudrait plus de ce genre pour le grand public. Nous serions heureux de discuter davantage de cette idée avec vous.

Oui, la CMI a collaboré avec Great Lakes Now et d’autres consortiums médiatiques à la production de segments sur la qualité de l’eau et des niveaux d’eau des Grands Lacs. Par exemple, Rob Sisson, l’un des commissaires de la CMI, a récemment participé à la table ronde du lancement de Water Damage (épisode 1016) par Great Lakes Now.

Les mesures d’atténuation du littoral détruisent les terres humides et l’habitat faunique et dégradent la beauté naturelle du littoral. A-t-on songé à accroître la régularisation des niveaux d’eau pour les rendre plus efficaces? Êtes-vous conscients des répercussions des changements climatiques et du réchauffement de la planète?

Les mesures d’atténuation le long des berges peuvent avoir des répercussions sur l’environnement, et c’est l’une des raisons pour lesquelles le bétonnage des rives est réglementé au Canada et aux États-Unis. La construction de barrages et l’élargissement des chenaux ont fait l’objet d’études poussées au fil des ans, mais de telles études ont constamment démontré qu’il n’est pas possible de régulariser davantage les débits, et un dragage intensif de la rivière St. Clair et d’autres rivières, nécessaire pour accroître la capacité d’écoulement, nuirait gravement à l’environnement lotique. Cela tient surtout au fait que plus de régularisation reviendrait à transférer les conditions extrêmes d’une partie du réseau à une autre, causant des impacts particulièrement importants sur le fleuve Saint-Laurent. La CMI est en train d’évaluer l’efficacité des plans de régularisation existants en recourant à la gestion adaptative, ce qui comprend la prise en compte des nouvelles connaissances sur les tendances climatiques et les changements climatiques attendus. 

Vous parlez constamment des débits sortants de juin et ignorez les débits plus élevés que la normale (par rapport au plan de 2012) de décembre à mars. Pouvez-vous justifier cela, s’il vous plaît?

Le Conseil du lac Supérieur a obtenu le pouvoir d’appliquer des déviations de décembre 2019 à avril 2020. Pendant les mois d’hiver, les vannes ont été réglées pour donner l’équivalent d’une vanne entièrement ouverte, au lieu du réglage hivernal habituel qui consiste à n’avoir que l’équivalent d’une vanne à demi ouverte. Cela a permis de libérer une petite quantité d’eau supplémentaire dans les rapides de St. Marys afin de compenser les réductions prévues et non prévues du débit des centrales hydroélectriques qui se produisent souvent dans des conditions hivernales difficiles. Les effets de cette déviation sur les niveaux ont donné lieu à une réduction d’environ 0,7 cm dans le lac Supérieur et à une augmentation de 0,5 cm dans le lac Michigan-Huron. 

Selon des études antérieures de la CMI, le rejet des dérivations d’Ogoki et de Long Lac pourrait occasionner une baisse de niveau des lacs Michigan-Huron de 4,5 pouces. Pourquoi votre diapositive montre-t-elle que les niveaux ne baisseraient que de 0,2 pouce? Ce n’est pas ce qui était indiqué dans l’étude des niveaux d’eau de 1993. Présidente Corwin, faut-il vraiment nous priver de tous les « atouts » par tous les moyens possibles?

La diapositive montre l’effet combiné des dérivations. Dans les cas de celles de Long Lac, d’Ogoki, de Chicago et du canal Welland, leurs effets combinés ont permis d’augmenter de façon permanente le niveau du lac Supérieur d’une moyenne de 2,1 cm (0,8 pouce), d’abaisser les lacs Michigan-Huron de 0,6 cm (0,2 po), d’abaisser le lac Érié de 10 cm (4 po) et d’élever le niveau du lac Ontario de 2,4 cm (1 po)., selon le Great Lakes Diversions & Consumptive Uses-Report de 1985 de la CMI. Le Levels Reference Study report de 1993 à la CMI sur les conditions de crise a révélé que l’effet théorique maximal de la modification des dérivations serait de réduire de 3,5 pouces le niveau des lacs Michigan-Huron en deux ans. Dans son rapport de 1993 aux gouvernements du Canada et des États-Unis, la CMI a recommandé que les gouvernements déterminent les effets négatifs de la modification des débits avant de tirer des conclusions sur l’utilisation des dérivations comme mesures d’allègement en cas de crise.

Qui fait le suivi des projets de lutte contre l’érosion et les inondations qui sont mis en œuvre dans la région des Grands Lacs, et quelles sont les répercussions potentielles de ces projets?

Dans une certaine mesure, le Comité GAGL recueille des données sur les impacts subits par les municipalités et les propriétaires riverains, par le biais de sondages et de réunions avec les représentants locaux. Cela étant, il a été possible d’enregistrer certaines données sur les efforts d’atténuation. Toutefois, ni la CMI ni les conseils n’ont la responsabilité de suivre et de compiler une liste exhaustive de projets dans l’ensemble des Grands Lacs. On ignore si une agence fait le suivi de tous ces projets.

Qu’est-il arrivé à tous les résidus produits par le creusement des tunnels à Niagara Falls et sous les chutes Niagara au cours des dernières années?

La Ontario Power Generation a terminé la construction d’un tunnel en 2013 en vue de permettre le détournement de l’eau de la rivière Niagara vers les centrales Sir Adam Beck pour la production d’hydroélectricité. Cette dérivation prélève l’eau de la rivière Niagara au niveau du Chippawa Grass Island Pool, en amont des chutes Niagara, et la rejette à hauteur de la centrale Sir Adam Beck en aval des chutes Niagara. Ni le tunnel, ni les matériaux qui en ont été extraits n’ont d’incidence sur le niveau des Grands Lacs.

Dans la mesure où le lac Ontario est soumis à l’action des marées, il semble que les organismes de régularisation ne comprennent pas ce qu’il faudrait faire.

Les marées n’ont aucune influence sur le niveau d’eau du lac Ontario. On constate des changements de niveau à l’échelle locale sous l’effet de la direction, de la durée et de la vitesse des vents.

Dans quelle mesure les changements climatiques sont-ils responsables des crues?

Nous avons certes connu des séquences d’années très humides par le passé, notamment dans les années 1970, 1980 et 1990. Les précipitations records observées en 2017 et en 2019 ont été les principaux facteurs responsables des crues. Il n’est pas possible d’attribuer directement la forte pluviosité constatée sur plusieurs mois voire sur plusieurs années aux seuls changements climatiques, mais les projections des modèles climatiques pour les Grands Lacs suggèrent des périodes plus fréquentes de niveaux de crue ou d’étiage. Ainsi, les années humides observées récemment correspondent à ce à quoi on peut attendre d’un climat changeant.

Existe-t-il des données (et où puis-je les trouver éventuellement) sur les apports supplémentaires d’eau dans les grands lacs provenant du nombre croissant de communautés résidentielles qui rejettent leurs eaux dans les cours d’eau et les Grands Lacs, et dans quelle mesure ces apports causent-ils cette augmentation par rapport à la situation où nous en étions il y a 100 ans pour autant que l’on dispose de telles données sur le débit des cours d’eau? 

Il n’existe pas de synthèse qui pourrait répondre à votre questionnement, mais l’USGS fournit des données historiques sur le débit de nombreux cours d’eau du réseau. Pour de plus amples renseignements, consulter : https://waterdata.usgs.gov/nwis/rt.

Comment pouvez-vous affirmer que le Plan 2012 établit un équilibre entre les niveaux d’eau des lacs Supérieur et Michigan-Huron, alors qu’au cours des six derniers mois, le lac Supérieur a atteint des niveaux records et que les lacs Michigan-Huron n’ont jamais été aussi bas, tandis que les débits sortants dans la rivière St. Marys sont demeurés supérieurs à la moyenne? Si le plan fonctionnait bien, pourquoi les débits sortants du lac Supérieur ne sont-ils pas nettement inférieurs à la moyenne?

À l’heure actuelle, les niveaux des lacs Supérieur et Michigan-Huron demeurent bien au-dessus de leurs moyennes respectives, de sorte qu’il ne faut pas s’attendre à ce que le débit sortant du lac Supérieur passe nécessairement sous la moyenne. Tant en conditions de débit naturel que de débit régularisé, les niveaux des lacs sont généralement élevés quand les débits sortants le sont aussi. Si le niveau du lac Supérieur était inférieur à sa moyenne et que celui des lacs Michigan-Huron était supérieur à la moyenne, le débit sortant du lac Supérieur serait inférieur à la moyenne. Néanmoins, en raison des conditions de sécheresse dans la région du lac Supérieur au cours des derniers mois, le niveau de ce lac est actuellement— relativement parlant — inférieur à celui des lacs Michigan-Huron. Par conséquent, le Plan 2012 vise à équilibrer les niveaux des lacs Supérieur et Michigan-Huron par une réduction du débit sortant du lac Supérieur de sorte qu’il soit inférieur au débit naturel (ou d’avant-projet) que l’on constaterait pour ces niveaux du lac Supérieur, ramenant ainsi le niveau des lacs Michigan-Huron plus près de la moyenne.

Vous parlez des débits d’avant-projet pour les conditions de régularisation du lac Supérieur. Faut-il comprendre qu’il s’agit des débits naturels antérieurs aux ordonnances d’approbation de 1914 ou d’une autre année de référence? Comment les propriétaires fonciers peuvent-ils comparer les débits sortants du Plan 2012 à ceux estimés avant le projet?

Oui, le débit d’avant-projet correspond à ce qu’il était à la sortie du lac Supérieur en 1887, soit avant toute altération humaine importante. L’équation du débit sortant pour la relation avant le projet ou 1887 est indiquée à la condition 5b de l’ordonnance d’approbation 2014 de la CMI (https://ijc.org/sites/default/files/2014%20Supplementary%20Order%20of%20Approval.pdf)

Les niveaux d’eau dans le canton de St. Clair, à Brights Grove, tout le long de la rivière St. Clair et dans la région du lac Huron sont si élevés que des maisons sont inondées, que les berges sont grugées, etc. Quel est le plan pour y remédier?

La CMI est consciente des répercussions des crues de la rivière St. Clair et d’ailleurs dans le réseau des Grands Lacs. La construction de nouveaux barrages et la modification des chenaux ont fait l’objet d’études approfondies, mais les études ont constamment démontré que, même si de telles modifications peuvent transférer les dommages d’une partie du réseau à une autre, rien ne permet pratiquement de prévenir la crue des lacs et d’éliminer les impacts sur les berges.

Des dispositions juridiques permettent-elles d’acquérir des propriétés vulnérables aux prix du marché, c’est-à-dire pour éviter des coûts d’expropriation élevés?

Certaines administrations, comme la province de Québec, offrent des incitatifs financiers pour encourager les propriétaires ayant été inondés à déménager plutôt qu’à reconstruire. Toutefois, ces programmes sont relativement nouveaux et ne sont pas très répandus.

Depuis 2020, le niveau du lac Ontario est semblable à ceux de 2018, et il a atteint des records en 2019. Retrouvera-t-on, dans la partie adaptative du Plan 2014, un engagement plus ferme à abaisser le niveau du lac Ontario en-deçà de ce que prévoit la régularisation du Plan 2014 afin que les niveaux de 2019 ne se reproduisent pas en 2021? 

Le Conseil surveille constamment les niveaux d’eau et tient compte du risque prévu de crue printanière. Ce risque est pris en compte dans l’examen des mesures de régularisation susceptibles de contribuer à réduire le risque de crue. Si ce risque devenait important, le Conseil pourrait alors demander l’approbation d’appliquer des déviations en vue de le réduire. Il faut noter qu’il y a toujours eu et qu’il y aura toujours un risque de récurrence des crues, et qu’aucune mesure de régularisation ne permettra jamais d’éliminer complètement le risque d’inondation.

La CMI planifie-t-elle en fonction de situations où la nature ne respecterait pas ses cycles de précipitations pour permettre un abaissement des niveaux? La CMI est-elle financièrement prête à faire face?

Ces dernières années, les conseils de la CMI ont contrôlé les débits sortants du lac Supérieur et du lac Ontario afin de réduire l’impact de débits entrants extrêmement élevés, mais notre capacité à réguler les niveaux d’eau est relativement faible par rapport aux forces de la nature qui agissent sur ces mêmes niveaux.

Les trois quarts de ma cour arrière sont sous l’eau depuis ce printemps. L’an dernier, c’était à peu près la moitié. Par fort vent du SE, l’eau s’approche des fondations de la maison. Je ne sais pas que faire ni quelles sont les procédures relatives aux permis, etc.

Nous compatissons avec les propriétaires fonciers qui ont subi un stress financier et émotionnel, et nous avons fait ce que nous pouvions pour réduire les niveaux d’eau. Tout comme vous, nous espérons que les conditions naturelles entraîneront une baisse de niveau l’an prochain. Malheureusement, il est impossible de se dire que les niveaux d’eau n’atteindront pas de nouveau des extrêmes — que ce soit dans deux ans ou dans 200 ans —, même si personne n’est en mesure de prédire quand cela se produira, car cela dépendra des conditions météorologiques.

Les lacs ont-ils connu un cycle de crue plus régulier avant l’augmentation des émissions de carbone, ou a-t-il toujours été irrégulier? A-t-on cherché à se renseigner auprès des Premières Nations et d’autres peuples autochtones pour savoir ce que dit leur tradition orale?

Les niveaux des Grands Lacs ont toujours fluctué, et les périodes de crue ont déjà causé des dommages aux intérêts riverains. Bien que nous ayons enregistré des niveaux d’eau records en 2017 et 2019, des séquences d’années de crue se sont produites dans les années 1950, 1970, 1980 et 1990 également. La coordination avec les Premières Nations a eu lieu pendant l’élaboration des nouveaux plans de régularisation, et la CMI continue de travailler avec les Premières Nations pour en apprendre davantage de leur savoir historique sur le bassin des Grands Lacs. 

Qu’est-ce qui serait considéré comme une amélioration du plan? La réduction en priorité des niveaux en amont de quelques pouces seulement ou le contrôle des volumes déversés en aval pour ne pas causer d’inondations au Canada?

Nous sommes à l’affût de toutes les possibilités, si petites soient-elles, qui permettraient de réduire l’impact global des crues. Comme vous l’avez souligné, nous cherchons aussi à réaliser un équilibre entre les impacts en amont et en aval. Tout changement dans la façon d’atteindre cet équilibre doit être accepté par le Canada et par les États-Unis.

Vous avez souligné que l’impact de toute modification, même rapide, de l’écoulement en amont n’est pas ressenti aussi vite en aval. La priorité est-elle de garder l’eau dans les lacs ou de drainer les lacs?

La priorité est de veiller à ce que les effets négatifs des épisodes de crue sur les intérêts riverains soient équilibrés entre l’amont et l’aval. Il ne s’agit pas seulement d’abaisser le niveau du lac Ontario ou d’empêcher les zones vulnérables en aval d’être inondées, mais de faire les deux dans la mesure du possible.

Quand le Comité GAGL terminera-t-il son évaluation initiale des modifications à apporter au Plan 2014, et quand les résultats de son étude seront-ils rendus publics?  

Le Comité GAGL vise à présenter ses conclusions au Conseil sur les critères de décision pour s’écarter des débits du Plan 2014 en conditions de niveaux d’eau extrêmes à l’automne 2021. Nous nous attendons à ce que les résultats soient rendus publics à peu près au même moment. Cependant, il est important de reconnaître que le Comité GAGL fournit de l’information au Conseil au fur et à mesure qu’elle devient disponible et que, par exemple, cette information a aidé le Conseil à réguler les flux au printemps 2020.

Existe-t-il un niveau maximal nominal pour les lacs du milieu?

Les valeurs maximales des niveaux des Grands Lacs sont principalement déterminées par les conditions hydrométriques dans le bassin des Grands Lacs, lesquelles sont à leur tour déterminées par les précipitations et le climat. Notre ensemble de données de la période de relevés sur les niveaux des lacs fournit une estimation des niveaux maximums, fondée sur les conditions historiques des Grands Lacs depuis 1918. Pour consulter ces valeurs, voir : https://www.tides.gc.ca/C&A/network_means-fra.html.

Les États-Unis et/ou le Canada ont-ils envisagé de faire un renvoi à la CMI en vertu des dispositions du Traité relatif aux eaux limitrophes pour s’attaquer/atténuer plus particulièrement les conditions de crue et faire des recommandations aux gouvernements sur les mesures supplémentaires qui pourraient être prises (p. ex., changements dans les structures de contrôle)?

La construction de nouveaux barrages et la modification des chenaux ont fait l’objet d’études approfondies au fil des ans, à la fois en réponse à des renvois des États-Unis et du Canada, et pendant l’examen des ordonnances d’approbation existantes de la CMI. Le Upper Great Lakes Study Board a récemment fait état de la régularisation de plusieurs lacs en 2012. De telles études ont constamment démontré qu’il n’est pas possible de réguler davantage. L’une des principales raisons est qu’une régularisation plus poussée transférerait des conditions extrêmes d’une partie du réseau à une autre, causant des impacts particulièrement importants sur le fleuve Saint-Laurent. 

L’être humain intervient ailleurs dans le réseau des Grands Lacs, avec les diversions de Long Lac, d’Ogoki et de Chicago. De plus, il serait théoriquement possible de contrôler le débit du canal Welland. A-t-on songé à confier à un seul organisme la coordination des interventions à tous ces points de contrôle actuels et potentiels?

Les débits sortants du lac Supérieur et du lac Ontario sont régulés à l’échelle internationale, et les conseils de la CMI coordonnent déjà l’information sur leurs activités. Les débits des diversions de Long Lac, d’Ogoki, de Chicago et du canal Welland sont contrôlés par les autorités nationales de chaque pays à des fins autres que la régularisation des niveaux des Grands Lacs. Le Canada et les États-Unis devraient s’entendre avant de céder le contrôle de ces dérivations à un organisme central de coordination.

Sur la diapositive représentant la rivière St. Marys (actuellement affichée), quelle était la configuration avant toute intervention humaine? Y avait-il seulement des rapides?

Oui, à l’état naturel, le lac Supérieur débouchait directement sur les rapides de St. Marys, qui ont été considérablement modifiés par la construction des écluses, des canaux et des centrales hydroélectriques que l’on connaît aujourd’hui.

A-t-on déjà dragué les sédiments accumulés à l’embouchure du chenal de la rivière St. Clair? 

Les seules parties de la rivière St. Clair où les sédiments font habituellement l’objet d’opérations de dragage coïncident avec les voies de navigation autorisées empruntées par les navires commerciaux. Ces chenaux sont maintenus à une profondeur autorisée dont le dernier établissement remonte aux années 1960. Ces opérations de dragage ne visent qu’à maintenir la profondeur autorisée et non à creuser davantage les chenaux.

Veuillez expliquer l’effet net de la dérivation de Long Lac et d’Ogoki sur l’augmentation du niveau du lac Supérieur en 70 ans et, par conséquent, sur celle des lacs Michigan-Huron? 

Les effets combinés des dérivations de Long Lac, d’Ogoki, de Chicago et du canal Welland ont permis d’augmenter de façon permanente le niveau du lac Supérieur d’une moyenne de 2,1 cm (0,8 po), d’abaisser les lacs Michigan-Huron de 0,6 cm (0,2 po), d’abaisser le lac Érié de 10 cm (4 po) et d’élever le niveau du lac Ontario de 2,4 cm (1 po)., selon le Great Lakes Diversions & Consumptive Uses-Report de 1985 de la CMI.

La carte des précipitations indique une augmentation constante des précipitations. Comment expliquez-vous les creux historiques de 2013?

La résolution de la carte des précipitations utilisée dans la présentation n’était peut-être pas claire, mais la fin des années 1990 et le début des années 2000 ont été plus secs, tout comme en 2012, avant les bas niveaux d’eau qui se sont produits plus tard cette année‑là et au début de 2013. De plus, des températures plus élevées ont été enregistrées dans la région des Grands Lacs. Depuis 1998 et tout au long de 2012, les températures ont été particulièrement chaudes, entraînant une évaporation accrue et une baisse du niveau des lacs pendant cette période.

Et la rivière Illinois à Chicago? N’est-elle pas aussi l’exutoire des lacs Michigan-Huron?

La dérivation de Chicago est assujettie à une ordonnance stricte de la Cour suprême des États‑Unis selon laquelle le débit ne doit pas dépasser 91 m3/s ou 3 200 pi3/s. Si cette limite était dépassée, la capacité de stockage des eaux de crue pour le réseau de voies navigables de la région de Chicago s’en trouverait diminuée, ce qui risquerait de donner lieu à des inondations au centre-ville, à un arrêt de la navigation le long des voies navigables, à l’érosion des berges, à la dégradation écologique du réseau, et à d’importants problèmes de vie et de sécurité au centre-ville (ou dans toute zone jouxtant la rivière Chicago).

Le débit sortant du lac Michigan peut-il être dirigé vers la rivière Chicago et le canal Ship?

La dérivation de Chicago est assujettie à une ordonnance stricte de la Cour suprême des États‑Unis selon laquelle le débit ne doit pas dépasser 91 m3/s ou 3 200 pi3/s. Si cette limite était dépassée, la capacité de stockage des eaux de crue pour le réseau de voies navigables de la région de Chicago s’en trouverait diminuée, ce qui risquerait de donner lieu à des inondations au centre-ville, à un arrêt de la navigation le long des voies navigables, à l’érosion des berges, à la dégradation écologique du réseau, et à d’importants problèmes de vie et de sécurité au centre-ville (ou dans toute zone jouxtant la rivière Chicago).

De combien estime-t-on que le niveau des lacs Michigan-Huron devrait augmenter?

Le niveau des lacs Michigan-Huron a atteint un pic le 20 juillet et devrait diminuer graduellement au cours des prochains mois.

La méthode dite de contrôle correctif a été remise en question lors de l’AUDIENCE CONJOINTE DE LA COMMISSION PERMANENTE SUR LA CONSERVATION DE L’ENVIRONNEMENT DU SÉNAT DE L’ÉTAT DE NEW YORK. Voici ce que l’on peut lire aux pages 170 à 172 du rapport :

[Traduction]

« En vertu du Plan 2014, nous ne sommes pas autorisés à dévier de la valeur de calcul »— le programme informatique applique alors l’algorithme — à moins qu’on ne dépasse le seuil de déclenchement supérieur ou qu’on ne passe sous le seuil de déclenchement inférieur; si ce n’est que nous pouvons toujours dévier pour répondre à une demande concernant le fleuve.

Nous sommes autorisés à dévier pour les navires arrivant à Montréal. Encore une fois, nous ne pouvons pas dévier tant qu’un des seuils n’est pas atteint.

Nous pourrions très bien prévoir un mois à l’avance que nous allons dépasser le seuil.

Nous n’avons pas le droit de faire quoi que ce soit, tant que nous n’avons pas atteint un seuil.

Cela se trouve dans l’ordonnance qui dit qu’il n’est pas possible de changer quoi que ce soit à moins d’en faire la demande aux gouvernements et d’obtenir leur approbation. La règle est donc absolue.

Question : S’il faut des années pour corriger les niveaux en fonction des débits, pourquoi n’en tient-on pas compte?

Le passage que vous citez ne concerne que les déviations par rapport aux prescriptions du Plan 2014. Toutefois, le Plan 2014 prévoit des mesures correctives par ajustement des débits sortants du lac Ontario en fonction des niveaux et des apports d’eau dus à d’autres conditions actuelles et prévues en amont. Tout cela se produit dans le moment et ne prend pas des années. De plus, dans des conditions exceptionnelles, la CMI peut aussi autoriser le Conseil à s’écarter des débits prévus dans le Plan 2014, même quand le niveau du lac Ontario est inférieur aux seuils de déclenchement précisés dans l’ordonnance. La CMI a accordé ce pouvoir au Conseil en 2017 et en 2019. Néanmoins, toutes les mesures que la CMI et le Conseil sont en mesure de prendre ont moins d’influence sur les niveaux d’eau que des facteurs naturels comme les précipitations, la température et l’évaporation, qu’il n’est pas possible de prédire ou de contrôler avec précision. Si, à l’avenir, les apports dans le lac Ontario et le fleuve Saint-Laurent sont aussi élevés qu’ils l’ont été en 2017 et en 2019, les inondations se reproduiront, peu importe les mesures préventives ou correctives prises par la CMI ou par le Conseil.

La dérivation de Chicago équivaut-elle à la dérivation d’Ogoki?  Le débit à la dérivation d’Ogoki a-t-il augmenté depuis son percement?

Non. Le débit de la dérivation de Chicago à la sortie des lacs Michigan-Huron est fixé à 91 m3/s et celui de la dérivation d’Ogoki a ajouté en moyenne 114 m3/s au lac Supérieur depuis 1943. L’exploitation de la dérivation d’Ogoki n’a pas été modifiée depuis son percement.

En quoi 60 mois continus de débits supérieurs à la moyenne et de débits croissants dans la rivière St. Marys — tandis que le niveau du lac Michigan est à 34 pouces au-dessus de sa moyenne à long terme et que le lac Supérieur n’est qu’à 8 pouces au-dessus de cette même moyenne —-attestent-ils du fait que l’objectif qui consiste à « tenter d’équilibrer les niveaux de crue et d’étiage » dans ces deux plans d’eau a été atteint?

À l’heure actuelle, les niveaux des lacs Supérieur et Michigan-Huron demeurent bien au-dessus de leurs moyennes respectives. Tant en conditions de débit naturel que de débit régularisé, les niveaux des lacs sont généralement élevés quand les débits sortants le sont aussi. Néanmoins, en raison des conditions de sécheresse dans la région du lac Supérieur au cours des derniers mois, le niveau de ce lac est actuellement — relativement parlant — inférieur à celui des lacs Michigan-Huron. Par conséquent, le Plan 2012 vise à équilibrer les niveaux des lacs Supérieur et Michigan-Huron par une réduction du débit sortant du lac Supérieur de sorte qu’il soit inférieur au débit naturel (ou d’avant-projet) que l’on constaterait pour ces niveaux du lac Supérieur, ramenant ainsi le niveau du lac Michigan-Huron plus près de la moyenne.

Mis à part les lignes directrices opérationnelles du Plan 2012 et les préoccupations relatives aux autres intérêts des Grands Lacs, y a-t-il une capacité technique suffisante entre le lac Supérieur et le lac Michigan/Huron pour réduire le niveau des lacs Michigan-Huron au-delà de ce que prévoient les plans existants? Si oui, dans quelle mesure?

La CMI ne se contenterait pas de mettre de côté les lignes directrices opérationnelles existantes du Plan 2012 pour de se préoccuper des autres intérêts dans la région des Grands Lacs. Toutefois, il serait théoriquement envisageable d’abaisser toutes les vannes des ouvrages compensateurs, d’arrêter l’activité de toutes les centrales hydroélectriques et de fermer toutes les écluses pour limiter au maximum le débit sortant du lac Supérieur, ce qui aurait des conséquences catastrophiques, mais qui éliminerait temporairement presque tout l’écoulement du lac Supérieur vers les lacs Michigan-Huron. Cela aurait pour effet d’abaisser le niveau des lacs Michigan-Huron d’un peu moins de 5 cm (2 po) en moyenne après un mois. Le niveau du lac Supérieur, quant à lui, augmenterait d’un peu moins de 7 cm (3 po) par mois, et les structures finiraient par être débordées à mesure que le niveau du lac Supérieur augmenterait et que le débit incontrôlé reprendrait.

On nous dit constamment, et encore aujourd’hui, que la capacité d’abaisser le niveau des lacs Michigan-Huron en diminuant le débit sortant du lac Supérieur est « minime », « limitée » et qu’elle ne représente que « quelques centimètres ». Cependant, si l’on avait commencé à réduire le débit sortant il y a quelques années, quand les lacs Michigan-Huron étaient à leur niveau de crise, de combien de pouces ces deux lacs auraient-ils diminué jusqu’à aujourd’hui?

Le niveau du lac Supérieur s’est également situé près ou au-dessus des records enregistrés durant cette période. La diminution du niveau des lacs Michigan-Huron aurait été fonction de l’ampleur de la réduction appliquée et de la durée de cette action. Pour abaisser le niveau des lacs Michigan-Huron de seulement 1 cm (0,4 po), il faut réduire le débit sortant de 400 m3/s, soit une diminution d’environ 20 % du débit moyen de la rivière St. Marys. De plus, si l’on avait commencé à réduire le débit du lac Supérieur il y a des années, les niveaux records de l’an dernier auraient été encore plus élevés, ce qui aurait entraîné des inondations plus graves et causé davantage de dommages dus à l’érosion des berges. Dans les périodes de temps violent et humide, la régularisation du débit sortant vise à équilibrer les conditions de crue, en amont sur le lac Supérieur et en aval sur les lacs Michigan-Huron

J’en ai assez qu’on nous réponde qu’on va fermer les dérivations vers le lac Supérieur, que la régularisation du débit sortant de ce lac a des effets limités et que les résultats ne sont pas immédiatement perceptibles. Pourquoi est-ce que vous, qui êtes aux manettes, ne pouvez pas comprendre l’importance de prendre des mesures à un moment donné et de laisser le temps au temps pour constater des effets cumulatifs correspondant à une réduction pouvant aller de quelques pouces à plusieurs pouces au fil des mois ou des années? Passer de quelques pouces à plusieurs pouces, est loin d’être NÉGLIGEABLE, puisque la courbe niveau-dommages est exponentielle. Autrement dit, si la faible distance qui sépare mon nez de ma bouche ne représente pas grand-chose, quand on parle de hauteur d’eau, elle devient déterminante dans ma capacité à respirer.

Des études ont montré que l’inversion des dérivations de Long Lac et d’Ogoki apporterait un certain soulagement, puisqu’elle permettrait d’abaisser le niveau du lac Michigan de 2 à 3 pouces. Mais il faudrait environ deux ans pour obtenir cette correction et, pendant ce temps, les conditions météorologiques auraient une influence beaucoup plus grande sur les niveaux d’eau. De plus, une telle mesure aurait d’importantes répercussions négatives dans les bassins où les dérivations sont situées, comme des dommages aux infrastructures publiques, l’érosion des berges, l’interruption du tourisme, des répercussions sur les terrains de chasse des Premières Nations, des dommages à l’écosystème et des dommages biologiques, et une réduction de la production d’électricité. Les effets combinés des dérivations de Long Lac, d’Ogoki, de Chicago et du canal Welland ont permis d’augmenter de façon permanente le niveau du lac Supérieur d’une moyenne de 2,1 cm (0,8 po), d’abaisser les lacs Michigan-Huron de 0,6 cm (0,2 po), d’abaisser le lac Érié de 10 cm (4 po) et d’élever le niveau du lac Ontario de 2,4 cm (1 po)., selon le Great Lakes Diversions & Consumptive Uses-Report de 1985 de la CMI.

Prévoyez-vous que le niveau du fleuve Saint-Laurent sera plus élevé qu’en 2019? J’ai un chalet en amont du barrage Moses Saunders, à Brockville (Ontario). En 2017 et en 2019, nous sommes passés à quelques centimètres d’être inondés.

Malheureusement, à l’avenir, votre propriété demeurera vulnérable aux inondations pendant des périodes de pluie semblables, et il est possible que le niveau d’eau à Brockville dépasse ce que nous avons connu en 2019 à un moment donné. Nous vous invitons à vous adresser à vos représentants municipaux et experts des offices de protection de la nature de votre région qui sont les mieux placés pour vous aider à améliorer la résilience de votre propriété dans la mesure du possible.

On enregistre actuellement des températures record en Sibérie, le thermomètre atteignant des pics inimaginables de presque 50 oC. Comment pourrions-nous atténuer les effets de telles températures sur nos Grands Lacs? Nous savons que cela est dû aux changements climatiques, mais comment pourrions-nous, localement, atténuer les effets sur nos Grands Lacs. Dans mon cas, c’est le lac Érié qui me préoccupe. Merci!

Malheureusement, il n’existe pas de méthode fiable pour atténuer l’effet des températures exceptionnellement élevées et donc leur impact sur les lacs.

Comment expliquez-vous qu’en utilisant la méthode des composantes pour calculer les apports nets du bassin (ANB), les ANB des lacs Michigan-Huron ont été inférieurs à la moyenne pendant trois des quatre dernières années?

Et avez-vous remarqué que les lacs Michigan Huron et la baie Georgienne n’ont pas connu de déclin normal?

 

L’ensemble de données sur les apports nets du bassin (ANB) de la méthode des composantes dont il est question ici comporte un degré élevé d’incertitude, car les données reposent sur un ensemble limité d’observations des précipitations, de stations de mesure du ruissellement et de modèles d’évaporation. Des études et des recherches visant à mieux comprendre et à améliorer ces ensembles de données sont en cours. La méthode de calcul des ANB résiduels repose sur les niveaux d’eau et les débits des canaux de connexion. Bien que les sources employées soient aussi l’objet d’une certaine incertitude, cette méthode est généralement considérée comme plus précise. Elle montre que les ANB sont demeurés supérieurs à la moyenne ces dernières années. Cela recoupe certains ensembles de données sur les précipitations les plus avancés actuellement disponibles. La baisse des niveaux d’eau à l’automne dernier a été bien inférieure à la normale dans le secteur des lacs Michigan-Huron, mais les ANB dans la même période a été supérieure à la moyenne, ce qui a mené à une très faible baisse saisonnière.

Dans quelle mesure le Comité GAGL ou les Conseils peuvent-ils prendre des mesures à l’égard des niveaux d’eau en fonction des hausses ou des baisses prévues plutôt qu’en fonction des seuils de déclenchement, soit quand il est souvent trop tard pour apporter un soulagement significatif?

 

Nous n’avons pas encore les moyens de prévoir les conditions météorologiques à des mois d’avance. L’adoption de mesures à l’égard des hausses et des baisses de niveau prévues pourrait avoir des répercussions imprévues, surtout en regard de l’incertitude associée aux conditions météorologiques et aux niveaux d’eau attendus. Le Conseil international du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent se fonde sur des prévisions probabilistes à court terme (1 à 4 semaines), qui tiennent compte de l’incertitude, pour faciliter sa prise de décisions. En 2019 et 2020, le Conseil a réussi à éliminer de l’eau en surplus avant le printemps 2020 grâce aux mesures de déviation qu’il a mises en œuvre (qui étaient en partie fondées sur les conditions prévues), mais il a absolument fallu que les conditions météorologiques soient favorables pour permettre que ces mesures soient efficaces. Il n’est toutefois pas possible de fonder la stratégie de régularisation sur les prévisions météorologiques et les niveaux d’eau à long terme, compte tenu des limites actuelles en matière d’exactitude et de l’incertitude inhérente aux résultats des prévisions. 

Chaque pied d’eau en plus dans les lacs représente 19,65 billions de gallons d’eau. Étant donné que les lacs sont en train de gagner plusieurs pieds, est-ce que l’augmentation de la capacité thermique de cette énorme quantité d’eau excédentaire influence les systèmes météorologiques qui, à leur tour, causent plus de précipitations? Sommes-nous maintenant dans un cercle vicieux?

À ce stade-ci, nous ne sommes pas au courant de recherches établissant un lien entre l’augmentation des volumes d’eau dans le bassin des Grands Lacs et l’augmentation des précipitations.

Pourquoi le « niveau moyen » de contribution aux Grands Lacs sur votre diapositive ne s’applique-t-il qu’aux années 1901 à 2000 et non aux années 1901 à 2020?  Cela ne fausse-t-il pas la référence globale à la moyenne historique? 

La période 1901-2000 est simplement le paramètre par défaut sur le site Web de la NOAA, d’où proviennent ces données et graphiques : (https://www.ncdc.noaa.gov/cag/regional/time-series). La modification de la période de référence jusqu’en 2019 ne change pas de façon significative les résultats ou la conclusion générale selon laquelle les dernières années ont été extrêmement humides.

Jusqu’à quel point peut-on faire confiance dans la précision des données sur les précipitations pour l’ensemble du bassin depuis 1895? Il est difficile de croire que, dès 1895, les données sur les précipitations étaient très fiables à l’échelle du bassin parce qu’elles peuvent avoir été affectées par le faible nombre de points de collectes des précipitations. 

La technologie et les réseaux de stations de précipitations ont effectivement évolué au fil du temps, et nous sommes d’accord pour dire que les données sur les précipitations d’il y a longtemps comportent un degré d’incertitude plus élevé que les ensembles de données plus récents. Les utilisateurs des données doivent donc faire attention à la façon dont ils les utilisent. Nous croyons toutefois qu’elles demeurent utiles pour dégager les tendances à long terme.

Quelles mesures d’adaptation sont recommandées ou envisagées pour les situations de crue ou d’étiage?

De nombreuses administrations de la région des Grands Lacs sont en train de recourir à tout un éventail de mesures d’adaptation pour tenir compte d’un plus large éventail de niveaux d’eau, comme la protection des routes, des égouts et des infrastructures de traitement des eaux usées, la reconstruction des rampes de mise à l’eau et d’autres installations récréatives, l’utilisation des déblais de dragage pour ériger des plages-barrière, etc. 

Comment les propriétaires fonciers au Canada doivent-ils s’y prendre pour obtenir une indemnisation au titre des dommages à leurs berges/propriétés et des réparations coûteuses que cela représente? Du côté américain, le gouverneur Cuomo a indiqué qu’il distribuait des fonds aux propriétaires fonciers américains. Les propriétaires fonciers du lac Ontario, dont je fais partie, viennent d’effectuer pour la TROISIÈME FOIS depuis 2017 des réparations coûteuses à leurs berges.

Nous croyons comprendre que l’aide aux propriétaires est du ressort des autorités provinciales.

Les propriétaires sont-ils responsables d’embaucher un ingénieur pour élaborer un plan de résilience et, dans l’affirmative, en quoi le DEC correspond-t-il au plan?

Nous croyons savoir que les programmes américains donneront des renseignements généraux et des documents d’orientation sur les options de protection des berges et les permis requis. Toutefois, il est généralement recommandé d’embaucher un ingénieur spécialisé en aménagement des berges qui recommandera des solutions adaptées aux conditions propres à chaque propriété.

À votre avis, quelle incidence la dérivation de Chicago dans le lac Michigan a-t-elle sur l’ensemble du réseau et y a-t-il quelque chose à faire à ce sujet?

Les effets combinés des dérivations de Long Lac, d’Ogoki, de Chicago et du canal Welland ont permis de hausser de façon permanente le niveau du lac Supérieur de 2,1 cm (0,8 po) en moyenne, d’abaisser les lacs Michigan-Huron de 0,6 cm (0,2 po), d’abaisser le lac Érié de 10 cm (4 po) et d’élever le niveau du lac Ontario de 2,4 cm (1 po)., selon le selon le Great Lakes Diversions & Consumptive Uses-Report de 1985 de la CMI.

Mon voisin, d’origine hollandaise, est ingénieur et a une vaste expérience de la régularisation des niveaux d’eau. Il dit que la solution pour la baie Georgienne serait de draguer la rivière Détroit. Qu’en pensez-vous?

Le creusement des rivières St. Clair et Détroit réduirait le niveau des lacs Michigan-Huron (cela s’est produit dans le passé lors de projets de dragage pour la navigation commerciale). Toutefois, cette mesure occasionnerait aussi des répercussions permanentes à long terme sous la forme d’une réduction de niveau des lacs Michigan-Huron et d’une augmentation du niveau du lac Érié. Le niveau de ce dernier est actuellement très élevé et les répercussions sur les propriétés riveraines sont semblables à celles constatées sur les berges des lacs Michigan-Huron. De plus, à l’avenir, en période d’étiage, le niveau des lacs Michigan-Huron serait exacerbé. Un tel projet serait aussi extrêmement coûteux et il faudrait bien en étudier les impacts.

L’organisme Georgian Bay Forever est d’avis que les problèmes d’écoulement dans la rivière St. Clair causent des restrictions de débit et, par conséquent, un niveau d’eau plus élevé dans les lacs Huron-Michigan. Avez-vous quelque chose à dire à ce sujet?

Le US Army Corps of Engineers administre un programme de surveillance des variations de volume d’eau des rivières St. Clair et Détroit. Au cours des 15 dernières années, des données bathymétriques ont été recueillies et analysées pour déterminer les changements survenus au fond du chenal. Le régime d’écoulement a aussi fait l’objet d’une surveillance étroite pour déceler tout changement imprévu. Jusqu’à présent, aucun changement important n’a été relevé en ce qui concerne le volume d’eau passant par la rivière. Une mise à jour de l’analyse est en cours et les résultats devraient être connus plus tard l’an prochain.

Ne pourrait-on pas tirer des leçons de ce qui se fait dans d’autres pays aux prises avec des problèmes d’inondation semblables à ceux du lac Ontario?

Il y a certes des leçons à tirer des approches techniques et sociales utilisées dans différents pays pour réduire les impacts des inondations et de l’érosion, mais il faut aussi tenir compte des circonstances différentes qui sont les nôtres.

Quel rôle les changements climatiques jouent-ils dans la fluctuation des niveaux d’eau?

Nous avons certes connu des séquences d’années très humides dans le passé, notamment dans les années 1970, 1980 et 1990. Les précipitations records observées ces dernières années ont été les principaux facteurs responsables des crues. Il n’est pas possible d’attribuer directement la forte pluviosité constatée sur plusieurs mois voire sur plusieurs années aux seuls changements climatiques, mais les projections des modèles climatiques pour les Grands Lacs suggèrent des périodes plus fréquentes de niveaux de crue ou d’étiage. Ainsi, les années humides observées récemment correspondent à ce à quoi on peut attendre d’un climat changeant.

Le débit sortant du lac Érié vers le lac Ontario est-il mesuré quotidiennement et où peut-on trouver ces données? Même question pour la rivière des Outaouais : le débit est-il mesuré quotidiennement à Montréal?

L’International Niagara Committee prépare des rapports annuels sur le débit sortant du lac Ontario. Ces rapports peuvent être fournis par les gouvernements américain et canadien en format électronique. Le gouvernement du Canada diffuse également des données sur le débit quotidien de la rivière Niagara à Fort Erie (02HA013) sur la page Web https://eau.ec.gc.ca/index_f.html. Le débit quotidien de la rivière des Outaouais à Carillon est affiché à http://rivieredesoutaouais.ca/conditions-actuelles/.

Y a-t-il un conseil des lacs Michigan‑Huron et Érié?

Non, pas précisément. Le Conseil international de contrôle du lac Supérieur tient compte des niveaux des lacs Michigan-Huron pour agir sur le débit sortant du lac Supérieur. Autrement, il n’y a pas de structures de régularisation des débits entre le lac Michigan-Huron et le lac St. Clair ou entre le lac St. Clair et le lac Érié, et il n’y a donc pas de plan de régularisation qui nécessite la surveillance de la CMI/du Conseil.  

Si le débit sortant moyen du lac Supérieur est de 2 190 m3/s, quel est son débit sortant minimum viable?

Pour la période de référence de 1900 à 2019, le débit sortant moyen à long terme du lac Supérieur a été de 2 120 m3/s. Le débit sortant minimum mensuel record de 1 160 m3/s a été enregistré en septembre 1955. Le plan de régularisation actuel (Plan de régularisation du lac Supérieur, 2012) exige également que, tous les 5 juin, le débit minimal soit de 1 700 m3/s pour satisfaire aux exigences de frai de l’esturgeon jaune. 

L’explication des niveaux d’eau élevés dans les lacs du centre fondée sur la météorologie n’est pas convaincante. Il faut améliorer cela. Beaucoup de données pourraient être présentées.

Les données sur les précipitations qui ont été présentées montrent une augmentation et des précipitations sur le bassin des Grands Lacs au cours des dernières années. C’est la principale cause des niveaux d’eau records des dernières années.

Le US Army Corps of Engineers a-t-il une influence sur les niveaux d’eau des Grands Lacs?

La CMI a un pouvoir direct en matière de régularisation des projets qui ont une influence limitée sur les niveaux des Grands Lacs. Ce pouvoir découle du Traité des eaux limitrophes de 1909. C’est par le biais de ses ordonnances et directives que la CMI a créé des conseils chargés de superviser l’exécution de ses plans de régularisation. Le Conseil international de contrôle du lac Supérieur et le Conseil international du lac Ontario et du fleuve Saint-Laurent contrôlent les débits sortants des ouvrages compensateurs dans la rivière St. Marys, entre le lac Supérieur et les lacs Michigan-Huron, et le barrage Moses-Saunders sur le fleuve Saint-Laurent. Le US Army Corps of Engineers (USACE) et Environnement et Changement climatique Canada (ECCC) fournissent des experts techniques pour appuyer et conseiller (et, dans certains cas, présider) ces conseils et les aider dans leurs processus décisionnels. Ces conseils doivent prendre toutes les décisions par consensus, et l’USACE et ECCC ne sont pas les entités déléguées investies de la responsabilité d’exploiter des structures hydrauliques pouvant influer sur le niveau du lac.

Comme le lit de la rivière est plus bas du côté canadien, le fait de forcer l’eau vers l’ouvrage régulateur provoque une augmentation de niveau au Chippawa Grass island Pool. Sur une longue période, cela fait gonfler le lac Érié et d’autres plans d’eau en amont. (Tout comme ce que vous avez dit au sujet du débit au barrage Moses-Saunders qui a une incidence sur le débit du lac Ontario.)

La rivière Niagara peut absorber un énorme volume d’eau. L’International Niagara Control Works (INCW) a été conçu pour contrôler les niveaux d’eau en amont des chutes Niagara afin de détourner l’eau de la rivière vers les centrales pour la production d’hydroélectricité. En raison de la taille relativement petite de l’INCW et de l’importante capacité de la rivière Niagara, dont le débit est essentiellement contrôlé par la déclivité très abrupte de son lit au débouché du lac Érié, l’INCW n’a aucune incidence sur les niveaux du lac Ontario et du lac Érié, ni sur les niveaux en amont. En juin, le niveau moyen du Chippawa Grass island Pool en amont de l’INCW était de 3,88 m (12,7 pi) inférieur à celui du lac Érié. Cette différence procure un gradient hydraulique constant donnant lieu au débit très élevé de la rivière Niagara. De plus, comme la rivière Niagara décroche de 50 m (150 pi) au franchissement des chutes Niagara, le niveau du lac Ontario n’a aucun effet sur celui du lac Érié.

On parle de privatiser l’ouvrage régulateur de Niagara et de le confier à une entreprise privée, selon un modèle qui toucherait à la fois les citoyens du Canada et des États-Unis. Est-ce exact? Est-il logique de privatiser?

 

L’International Niagara Control Works est exploité par des sociétés d’hydroélectricité des États-Unis et du Canada (la Ontario Power Generation et la New York Power Authority). Son exploitation doit être conforme à la directive de 1993 du Conseil international de contrôle de la rivière Niagara, qui prévoit des limites pour la protection du public. Ni le Conseil ni la CMI ne parlent actuellement de privatiser l’INCW.

Si vous continuer d’affirmer que les ouvrages de la rivière Niagara n’ont pas d’incidence sur le niveau du lac Érié, alors pourquoi ne pas éliminer l’ouvrage régulateur de 2 500 pi, sauf pour ce qui est des prises d’eau des centrales hydroélectriques?

L’International Niagara Control Works a été construit dans le seul but de détourner l’eau vers les centrales à des fins de production d’hydroélectricité, conformément au Traité entre le Canada et les États-Unis d’Amérique concernant la dérivation des eaux du Niagara, de 1950. Il ne se déploie que sur un peu plus de la moitié de la rivière Niagara, laissant le reste de la rivière entièrement libre pour le passage de l’eau.

Comment pourrions-nous protéger les berges du côté ouest de la partie méridionale de la baie Georgienne où nous avons déjà vu, l’an dernier par exemple, une houle de six pieds avec des crêtes espacées de trois secondes?

Il faut tenir compte des conditions qui prévalent à l’endroit en question lorsqu’on évalue l’efficacité des différents plans de protection des berges. Nous vous suggérons de consulter un ingénieur spécialisé en aménagement des berges. Toutefois, certaines propriétés peuvent être vulnérables au point que la protection des berges ne sera pas suffisante pour les épargner.

Depuis le dragage de la rivière St. Clair, qui devait favoriser une augmentation du débit naturel, ce tronçon a-t-il commencé à se remplir de limons charriés par les crues? Si c’est le cas, que peut-on faire ou qu’a-t-on fait pour retrouver la profondeur gagnée?

Précisons que la rivière St. Clair avait été draguée pour permettre à de plus gros navires commerciaux d’emprunter le réseau des Grands Lacs, et non pour favoriser un écoulement supérieur. Les chenaux de navigation sont entretenus à une profondeur donnée et, à mesure que des matériaux s’y déposent, ils sont retirés. Le US Army Corps of Engineers administre un programme de surveillance des variations de volume d’eau des rivières St. Clair et Détroit. Au cours des 15 dernières années, des données bathymétriques ont été recueillies et analysées pour déterminer les changements survenus au fond du chenal. Le régime d’écoulement a aussi fait l’objet d’une surveillance étroite pour déceler tout changement imprévu. Jusqu’à présent, aucun changement important n’a été relevé en ce qui concerne le volume d’eau passant par la rivière. Une mise à jour de l’analyse est en cours et les résultats devraient être connus plus tard l’an prochain.

Quel pourcentage (approximativement) des variations annuelles du niveau d’eau des lacs Michigan-Huron peut être attribué au débit sortant du lac Supérieur?

L’influence sur les niveaux d’eau des débits sortants du lac Supérieur par rapport aux ANB totaux peut varier considérablement d’un mois à l’autre. Quand le débit sortant est élevé et que les ANB sont faibles, l’influence du débit sur les niveaux d’eau est beaucoup plus grande que lorsque le débit sortant est faible et que les ANB sont conséquents. Cela dit, en moyenne, on pourrait dire que le débit sortant a une influence de 5 à 15 % sur les niveaux d’eau. Une autre façon d’envisager cette contribution consiste à comparer le débit sortant moyen à long terme de la rivière St. Marys aux autres composantes à l’entrée et à la sortie. La comparaison montre que le débit sortant de la St. Marys représente environ 14 % des apports d’eau totaux dans les lacs Michigan-Huron. 

L’augmentation des débits entrants dans les lacs Michigan-Huron contribue-t-elle à une augmentation des précipitations sur le bassin de ces mêmes lacs?

Les débits entrants dans les lacs Michigan-Huron en provenance du lac Supérieur n’ont aucun effet sur le régime de précipitations. L’augmentation des débits sortants du lac Supérieur donne lieu à une augmentation du niveau des lacs Michigan-Huron, ce qui est pris en considération dans la régularisation des débits sortants.

Pourriez-vous résumer les mesures précises que prennent les organismes gouvernementaux des deux pays pour aider les propriétaires riverains à protéger leurs propriétés, tant celles qui existent déjà que celles qui sont prévues, surtout en ce qui concerne le lac Michigan?

Les conseils et l’aide aux propriétaires sont généralement fournis par les États. Nous vous recommandons de communiquer avec les responsables du programme de gestion des zones riveraines de l’État où vous vivez.

L’ajout de nouveaux contrôles là où il n’y en a pas déjà serait-il une solution? 

La construction de nouveaux barrages et la modification des chenaux ont fait l’objet d’études approfondies au fil des ans, à la fois en réponse à des renvois des États-Unis et du Canada, et à l’occasion de l’examen des ordonnances d’approbation existantes de la CMI. En 2012, le Groupe d’étude international sur les Grands Lacs a mentionné la régularisation de plusieurs lacs. De telles études ont constamment démontré qu’il n’est pas possible de régulariser davantage les régimes d’écoulement. Cela tient principalement au fait qu’une régularisation accrue transférerait les conditions extrêmes d’une partie du réseau à une autre, et causerait des impacts particulièrement importants sur le fleuve Saint-Laurent. 

Quel désavantage y aurait-il à abaisser le niveau du lac Ontario?

Un abaissement trop important du niveau du lac Ontario pourrait avoir un certain nombre d’effets : limitations aux points de mise à l’eau des embarcations; conditions de navigation dangereuses dues à l’apparition de hauts fonds; profondeurs réduites dans le chenal de navigation et à hauteur des quais commerciaux; réductions de la production d’hydroélectricité; impacts sur les poissons et sur la faune; problèmes de qualité de l’eau; exposition potentielle des prises d’eau municipales et industrielles et des émissaires d’évacuation.

La présentation ne mentionne pas la dérivation de Chicago?  Pourquoi pas et quel effet aurait l’ouverture des écluses de Chicago sur le niveau du lac?

La dérivation de Chicago est assujettie à une ordonnance stricte de la Cour suprême des États‑Unis selon laquelle le débit ne doit pas dépasser 91 m3/s ou 3 200 pi3/s. Si cette limite était dépassée, la capacité de stockage des eaux de crue pour le réseau de voies navigables de la région de Chicago s’en trouverait diminuée, ce qui risquerait de donner lieu à des inondations au centre-ville, à un arrêt de la navigation le long des voies navigables, à l’érosion des berges, à la dégradation écologique du réseau, et à d’importants problèmes de vie et de sécurité au centre-ville (ou dans toute zone jouxtant la rivière Chicago).

Vient-on d’apprendre aujourd’hui que le niveau des lacs peut être et est effectivement influencé par les ajustements humains apportés aux débits sortants? 

Les conseils de la CMI ont une certaine influence sur les niveaux des lacs en raison de la régularisation des débits sortants du lac Supérieur et du lac Ontario. Toutefois, les principaux facteurs d’influence demeurent les apports d’eau incontrôlés dus aux conditions météorologiques dans les bassins de ces deux lacs et à l’influence qu’ils peuvent avoir en aval.

Existe-t-il un site Web ou des données partagées sur le positionnement quotidien des vannes (levées, baissées, à mi-course) de l’ouvrage régulateur de Niagara?  Je suppose qu’il existe un tableau ou une feuille de calcul qui contient de telles données.

L’International Niagara Control Works est exploité par des sociétés d’hydroélectricité des États-Unis et du Canada (la Ontario Power Generation et la New York Power Authority). Son exploitation doit être conforme à la directive de 1993 du Conseil international de contrôle de la rivière Niagara, qui prévoit des limites pour la protection du public. Des renseignements sur le fonctionnement de l’INCW se trouvent dans les rapports d’étape semestriels du Conseil international de contrôle de la rivière Niagara, sur le site Web du Conseil à l’adresse  https://www.ijc.org/fr/ccrn/bibliotheque/publications.