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Port de Hamilton - Début de la phase finale de restauration du récif Randle

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Kevin Bunch
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La contamination de la partie occidentale du port de Hamilton, dans ce qu’on appelle le récif Randle (contamination qui remonte aux années 1800) est sur le point de passer à l’histoire, puisque la deuxième phase de confinement et de nettoyage du site touche à sa fin.

Le récif Randle est le plus grand site contaminé du côté canadien des Grands Lacs, après avoir été un réceptacle à eaux usées non traitées et un dépotoir pour déchets industriels pendant des décennies jusqu’à l’adoption de la réglementation sur la qualité de l’eau.

Le site représente environ 20 % de toute la zone contaminée d’une superficie totale de 60 hectares (148 acres). Chris McLaughlin, directeur exécutif du Bay Area Restoration Council (BARC) et membre du Conseil de la qualité de l’eau des Grands Lacs de la CMI, souligne que ce nom est celui d’un capitaine de remorqueur, Harvey Randle, qui s’était échoué là en 1964.

Le récif Randle fait partie du secteur préoccupant du port de Hamilton et a été désigné comme objectif principal de restauration dans les années 1980. Des années d’études ont mené à la stratégie actuelle de dragage et de confinement de ces déchets, selon une des page Web du BARC Randlereef.ca.

M. McLaughlin précise que le site est principalement contaminé par des hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), ainsi que par des enrobés bitumineux et des métaux lourds, en moindre quantité. Ces HAP ont été déversés par l’industrie dans cette partie du port, pratiquement sans restriction, des années 1800 au début des années 1960.

M. McLaughlin rappelle qu’en 2017, en raison de l’ampleur de la contamination et des préoccupations soulevées par les risques liés à l’élimination de toutes les substances toxiques, les pires de ces substances ont été confinées dans un périmètre de 6,2 hectares (15,3 acres) isolé des eaux du port par une enceinte de palplanche de 24 mètres (78,7 pieds). Cette installation de confinement technique, ou IC, devrait empêcher toute fuite de matières contaminées pendant au moins 200 ans. Cette première phase s’est également terminée par la reconstruction de la jetée centrale, le long de l’IC, pour permettre les opérations de dragage.

 

Au cours des deux dernières années, un volume moins important de sédiments contaminés provenant du récif Randle a été dragué, puis pompé dans l’installation de confinement à l’aide d’un pipeline immergé. Selon Roger Santiago, chef de l’Unité de l’assainissement des sédiments à Environnement et Changement climatique Canada, cette phase du dragage devrait prendre fin en 2020. En décembre 2019, près de la moitié des travaux de dragage avaient été réalisés.

Toujours selon M. Santiago, la troisième et dernière phase devrait débuter en 2021. Il sera alors question d’assécher et de comprimer tous ces sédiments, de traiter l’eau pour la débarrasser des contaminants, de la tester, puis de la rejeter dans le lac Ontario. L’IC sera ensuite hermétiquement obstruée pour isoler complètement les contaminants qu’elle contient du milieu ambiant. L’Administration portuaire d’Hamilton-Oshawa sera propriétaire de l’installation et responsable de la surveillance, de l’entretien et de l’aménagement du site pendant sa durée de vie utile de 200 ans. Elle transformera alors le site en installation portuaire.

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Un énorme tuyau d’aspiration permet de draguer les matières contaminées du récif Randle. Crédit photo : Riggs Engineering

M. McLaughlin rappelle qu’en 2002, quand la formule de l’IC a été proposée, l’idée avait été critiquée au motif que cette solution revenait à remettre le problème à plus tard. Cependant, ajoute-t-il, le retrait pur et simple d’une telle quantité de contaminants aurait augmenté les risques de propagation. Le plan de confinement, lui, signifiait que la contamination serait isolée des eaux du port en attendant qu’on trouve une solution plus définitive.

D’aucuns se sont également plaints que les opérations de nettoyage aient coûté 138,9 millions de dollars aux gouvernements provincial, fédéral et local, à l’Administration portuaire d’Hamilton-Oshawa et à Stelco, et que d’autres acteurs du secteur privé, également responsables de la pollution, n’aient rien eu à payer.

Le hic, de préciser M. McLaughlin, « c’est que plus aucune de ces entités n’existe de nos jours ». « Nous pourrions toujours argumenter pendant des décennies pour savoir qui est responsable de cette situation, mais il est de l’intérêt public de consacrer des fonds publics au confinement de ces matières. »

Même quand la troisième phase sera terminée, il faudra régler d’autres problèmes dans le secteur préoccupant (SP) du port de Hamilton avant de pouvoir passer à la phase de surveillance en vue d’un éventuel retrait du site de la liste des SP.

C’est ainsi, ajoute M. McLaughlin, qu’il faudra encore régler des problèmes concernant la vie marine, comme les populations de poissons qui ont été décimées, les habitats qui sont désormais limités, les problèmes de consommation de poisson et certains problèmes de qualité de l’eau et de contamination qui subsistent. Par exemple, les services d’ArcerlorMittal Dofasco ont été retenus pour retirer les sédiments contaminés près de la rampe d’accès Kenilworth, dans un délai de deux ans à compter de 2021. 

Pour M. McLaughlin, grâce aux travaux réalisés jusqu’à maintenant pour régler le problème des eaux d’égout non traitées et des déchets industriels, des progrès notables ont été réalisés dans le secteur préoccupant. Vous trouverez de plus amples renseignements (en anglais) dans une fiche d’information sur la dépollution du port de Hamilton.

Ce chantier devrait se solder par plusieurs avantages sur les plans de l’environnement, de l’économie et de la qualité de vie.

Selon un rapport sur la revitalisation des Grands Lacs (en anglais), publié par l’International Association for Great Lakes Research, l’élimination de la plus grande source de contamination pourrait contribuer à stimuler le développement des entreprises dans la région, et la superficie gagnée sur le lac devrait permettre à l’administration portuaire d’étendre ses activités.

La propreté de l’eau pourrait également stimuler le développement résidentiel et commercial du secteur riverain, et ainsi générer jusqu’à 170 millions de dollars de retombées pour la région d’ici 2032. On devrait aussi assister à une amélioration de la qualité de l’eau et des habitudes des poissons et des organismes aquatiques, et pouvoir éviter que les riverains soient exposés aux contaminants.

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Tuyau de dragage se déversant dans l’IC (été 2019). Crédit photo : Riggs Engineering

 

 

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Kevin Bunch

Kevin Bunch is a writer-communications specialist at the IJC’s US Section office in Washington, D.C.

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