
Il faut de nombreuses années pour planifier, coordonner, mettre en œuvre et vérifier les mesures et les programmes qui restaurent, protègent et améliorent la santé environnementale et la qualité de l’eau des Grands Lacs. Cet article souligne quelques-unes des nombreuses réalisations signalées par les gouvernements du Canada et des États-Unis au cours des trois dernières années pour protéger la qualité de l’eau dans les Grands Lacs.
Tous les trois ans, les gouvernements fédéraux des deux pays résument les programmes, les politiques et les mesures qu’ils ont mis en œuvre à l’échelle nationale et binationale. Le Rapport d’étape des Parties de 2022 contient plus de 100 pages décrivant en détail les activités dirigées et financées par le gouvernement en vertu de chacune des 10 annexes de l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs réalisées de 2020 à 2022.

Une sélection des principales réalisations des gouvernements du Canada et des États-Unis est présentée dans le sommaire du Rapport d’étape des parties de 2022. Image : CMI
Cet article adopte une approche lac par lac pour mettre en évidence les plus récentes réalisations signalées par les gouvernements du Canada et des États-Unis. Le REP de 2022 fournit beaucoup plus de détails sur les activités menées par le gouvernement en vertu de chacune des annexes de l’Accord. Par exemple, le REP décrit non seulement l’assainissement de deux points névralgiques toxiques, mais aussi l’élimination de 24 cas de dégradation de l’écosystème en vertu de l’annexe 1 sur les secteurs préoccupants.
Dans le cadre de ses responsabilités en vertu de l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs, la Commission mixte internationale (CMI) évalue les progrès de ces efforts visant à restaurer et à protéger l’écosystème des Grands Lacs. Comme la CMI recueille actuellement les commentaires du public sur le REP, parcourez cet article pour en connaître les points saillants ou plongez-vous dans le rapport complet des gouvernements pour éclairer vos commentaires. Visitez la page ijc.org pour savoir comment faire part de vos commentaires en personne et virtuellement à la CMI.
(À la recherche d’une évaluation de la santé des lacs? Le rapport sur l’état des Grands Lacs en 2022 des gouvernements du Canada et des États-Unis fait le point sur l’état et les tendances des lacs à l’aide de divers indicateurs écosystémiques).
Des décennies de pollution et de dégradation dans les Grands Lacs exigent des investissements et une coordination considérables pour leur assainissement, et les gouvernements continuent de prendre des mesures pour s’assurer que les lacs sont sains et convenables comme source d’eau potable, pour les loisirs et la pêche.
Lac Supérieur

À gauche : Avant la restauration de la baie Kingsbury (août 2015). À droite : La baie Kingsbury en août 2021 pendant le dragage des sédiments. Photos : Minnesota Department of Natural Resources via the Great Lakes Restoration Initiative
Au sud du quartier Morgan Park à Duluth, au Minnesota, se trouve la région de Spirit Lake du secteur préoccupant de la rivière St. Louis, où des produits chimiques toxiques existants altèrent l’eau, les sédiments et le sol riverain. En 2020, l’Environmental Protection Agency des États‑Unis (USEPA), en partenariat avec la US Steel Corporation, a commencé à draguer, à recouvrir et à surveiller les sédiments.
Juste en aval de la rivière, un projet de restauration étalé sur trois ans et terminé en 2021 a permis de transformer la baie Kingsbury et la pointe Grassy en un précieux habitat de marais côtiers.
Des navires de recherche canadiens et américains ont passé une grande partie de 2021 à effectuer des activités d’échantillonnage et de surveillance sur le lac Supérieur dans le cadre de l’Initiative binationale des sciences coopératives et de surveillance (ISCS).
Lac Michigan
À l’automne 2020, et après plus de 30 ans d’efforts, la rivière Menominee n’est plus un point névralgique sur la liste binationale des « secteurs préoccupants ». Il était prioritaire pour le gouvernement fédéral des États-Unis de rayer la rivière Menominee de la liste des secteurs préoccupants, et il a pu le faire grâce aux mesures prises dans le cadre des activités coopératives d’assainissement et de restauration réalisées par l’USEPA, les États du Michigan et du Wisconsin, et en partenariat avec d’autres organismes fédéraux, l’industrie, des partenaires privés et des citoyens de la région.
Nous avons assisté à une autre victoire pour la qualité de l’eau du lac Michigan, avec l’achèvement d’un effort étalé sur 17 ans visant à nettoyer 6,5 millions de verges cubes de sédiments contaminés dans le cours inférieur de la rivière Fox et la baie Green en 2020.
Bien que la pandémie ait interrompu en 2020 les activités d’échantillonnage et de surveillance menées par le gouvernement, l’ISCS sur le lac Michigan a repris en 2021 pour assurer la collecte de toutes les données nécessaires au suivi des conditions de qualité de l’eau.
Lac Huron

Cette année (2022), des scientifiques canadiens et américains ont fait équipe pour parcourir le lac Huron, à son tour d’« année de terrain » dans le cycle de surveillance intensive de la qualité de l’eau. Bien qu’il ne s’agisse pas de croisières de vacances, les experts aiment se salir les mains en tamisant les sédiments pour examiner les créatures des fonds marins, comme illustré ci‑dessous, afin d’aider à comprendre des questions comme la pollution chimique et la structure du réseau trophique.
Par suite des améliorations apportées à la station locale de traitement des eaux usées et de la réduction de la pollution provenant d’une usine de papier en amont, le gouvernement canadien a jugé que le secteur préoccupant du port de Spanish était « en voie de rétablissement » en 1999. Le titre « En voie de rétablissement » reconnaît que des mesures d’assainissement sont prises, mais qu’il faudra beaucoup de temps à l’écosystème pour se rétablir et pour que soient réglés les problèmes causés par la pollution. Des organismes canadiens surveillent régulièrement la situation (y compris au moyen de données recueillies dans le cadre de l’ISCS susmentionné) et, en 2020, Environnement et Changement climatique Canada a conclu que le dragage des sédiments dans le port ne posait plus de problème.
Lac Érié
En 2021, l’USEPA a annoncé la radiation du secteur préoccupant de la rivière Ashtabula. Grâce à des efforts d’assainissement coordonnés dans le cadre des programmes du Superfund et des secteurs préoccupants des États-Unis, l’on a réussi à retirer de la rivière Ashtabula plus de 620 000 verges cubes de sédiments contaminés contenant 14 000 livres de BPC et de créer plus de 2 500 pieds linéaires d’habitat pour le poisson. Il s’agit d’un effort étalé sur 30 ans visant à éliminer six altérations des utilisations bénéfiques, les deux dernières — tumeurs des poissons et autres difformités, et les restrictions sur les activités de dragage — ayant été éliminées en 2020.
Pour s’attaquer au problème pernicieux des proliférations d’algues nuisibles dans le bassin du lac Érié, le Canada et les États-Unis font des progrès vers leur objectif de réduire leurs apports annuels en éléments nutritifs de 40 % par rapport aux niveaux de 2008. Grâce à leurs plans d’action nationaux, le Canada a enregistré une réduction de 44 000 livres (20 tonnes) de ses apports annuels de phosphore, et les États-Unis ont réduit leur apport de plus de 3 millions de livres (1 361 tonnes). Le tableau de bord ErieStat comporte de nouveaux indicateurs de progrès qui aident à suivre les progrès de la réduction des nutriments. Bien que les dernières statistiques sur la réduction des éléments nutritifs soient des signes de réussite, les gouvernements reconnaissent qu’il reste encore beaucoup de travail à faire pour atteindre l’objectif de réduction des éléments nutritifs de 40 %. Pour en savoir plus sur les programmes de réduction des éléments nutritifs du Canada et des États-Unis, lisez le chapitre du REP de 2022 sur les activités menées en vertu de l’annexe sur les éléments nutritifs de l’Accord relatif à la qualité de l’eau dans les Grands Lacs.
Lac Ontario
Du côté le plus à l’ouest du lac Ontario, dans le port de Hamilton, le récif Randle est en voie de se défaire de son titre superlatif de plus grande zone de sédiments contaminés au Canada. L’assainissement du récif Randle est un processus en trois étapes, et en 2021, les partenaires du projet ont terminé la deuxième étape, soit le dragage des sédiments pollués situés à l’extérieur de l’installation de confinement technique construite à la première étape.
Le plan de rétablissement de l’esturgeon jaune de l’État de New York a franchi une étape en 2021 lorsque le Department of Environmental Conservation de l’État a trouvé des œufs d’esturgeon jaune, espèce en difficulté, dans la rivière Genesee pour la première fois en 50 ans. À l’embouchure de la rivière, les efforts d’assainissement dans le secteur préoccupant de l’échancrure de Rochester ont permis d’assouplir les restrictions sur la consommation de poisson et d’animaux sauvages.
Assurez-vous d’ajouter votre voix à l’évaluation des progrès réalisés vers un écosystème assaini dans les Grands Lacs. Visitez cette page ijc.org pour savoir comment faire part de vos commentaires en personne et virtuellement à la CMI.