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Science et surveillance des effets des toxines de cyanobactéries sur la santé humaine

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Jennifer Boehme
IJC

Il existe des dépôts immenses d’algues fossilisées dans des roches datant de 3 milliards d’années. Ces organismes ont survécu contrairement à d’autres formes de vie, et ont contribué à former notre atmosphère. Aujourd’hui, des proliférations d’algues semblables sont visibles de l’espace. La prolifération des cyanobactéries se poursuit dans le monde, là où les eaux contiennent des nutriments, comme l’azote ou le phosphore, en abondance ou en excès.

Dans les Grands Lacs, ces algues en prolifération flottent souvent à la surface et forment un tapis bleu‑vert. Certaines cyanobactéries en prolifération peuvent produire des composés toxiques (cyanotoxines) et nocifs pour la santé des humains et des animaux. Par conséquent, la prolifération des cyanobactéries et les cyanotoxines menacent les plans d’eau à usage récréatif des Grands Lacs et les réserves d’eau potable. Ces bactéries méritent notre attention, car les enjeux sont énormes : les Grands Lacs fournissent de l’eau potable à 35 millions de personnes et constituent une zone récréative pour des millions d’utilisateurs.

Pour mieux comprendre les problèmes de santé humaine et les difficultés de gestion liées aux cyanobactéries et aux toxines courantes dans la région, le Conseil consultatif des professionnels de la santé (CCPS) de la Commission mixte internationale (CMI) a mené une évaluation scientifique et une évaluation de la surveillance du bassin des Grands Lacs. D’après une recension des publications les plus récentes, la prolifération d’algues semble être plus fréquente et plus persistante que dans le passé, et on découvre de nouvelles cyanobactéries dans les Grands Lacs. Le rapport fait état d’indications qui laissent croire que nous pourrions réduire le risque de prolifération de cyanobactéries en réduisant les engrais polluants et en ralentissant l’augmentation de la température des lacs.

L’étude souligne aussi les lacunes en matière de surveillance de la santé et les mesures possibles de protection de la santé publique. Par exemple, il est encore difficile pour les professionnels de la santé de faire un lien entre l’exposition à des cyanotoxines de l’environnement et les cas de maladie et les diagnostics. Des questions ont aussi été soulevées quant à la mesure dans laquelle les lignes directrices existantes en santé publique sur l’exposition aux cyanotoxines protègent les enfants, et dans le rapport, on explique la nécessité d’établir des critères numériques supplémentaires pour un plus grand nombre de toxines.

D’après le rapport, le risque d’exposition aux cyanotoxines peut être atténué si on améliore la surveillance de l’eau potable et son analyse en laboratoire, quoi qu’il soit difficile de surveiller les plages et l’eau potable pour rechercher la présence de cyanotoxines. L’une des difficultés concerne la prolifération d’algues, constituée de plusieurs souches de cyanobactéries qui produisent plusieurs types de toxines, ce qui complique la recherche de stratégies simples d’analyse. Parmi les autres difficultés, citons les stratégies actuelles de traitement de l’eau, qui peuvent éliminer certaines toxines mais augmentent la quantité d’autres toxines. Par conséquent, le traitement de l’eau potable en vue d’éliminer efficacement les cyanotoxines demeure un problème crucial au Canada et aux États‑Unis.

La menace qui plane sur l’eau potable n’est pas que théorique : en 2014, une prolifération d’algues a entraîné la fermeture du réseau d’alimentation en eau de Toledo, une ville importante de l’Ohio, aux États‑Unis. Le Canada a investi massivement dans l’infrastructure et la surveillance de l’eau, et les États‑Unis envisagent d’en faire autant dans l’infrastructure.

Si la région devait améliorer adéquatement l’infrastructure liée à l’eau, des efforts binationaux seraient nécessaires. Dans le rapport du CCPS, il est recommandé de cerner des stratégies de traitement judicieuses éliminant les cyanotoxines et des technologies permettant d’éliminer les mélanges de toxines au lieu de chacune des toxines séparément, et d’être en mesure de modifier le traitement lorsqu’une nouvelle toxine apparaît. Ces mesures permettraient d’améliorer les pratiques actuelles de traitement de l’eau.

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Jennifer Boehme
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Jennifer Boehme is a senior environmental scientist at the IJC’s Great Lakes Regional Office and serves as chair of the GLOS Board.

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