En quoi la qualité des eaux a-t-elle changé au fil du temps dans le bassin de la rivière Souris?
Un rapport qui examine les tendances de 1970 à 2020 contribuera à éclairer les travaux du Conseil de la rivière Souris de la Commission mixte internationale (CMI).
Une carte de récits en ligne illustre les résultats grâce à des représentations interactives et à d’autres contenus multimédias.
Origines
Le Conseil de la rivière Souris avait établi des objectifs en matière de qualité des eaux en 1991 pour deux sites internationaux dans le bassin, l’un à la frontière entre la Saskatchewan et le Dakota du Nord et l’autre à la frontière entre le Manitoba et le Dakota du Nord.
La toute dernière étude, menée par l’US Geological Survey (USGS) en collaboration avec le Conseil, a été réalisée en réponse aux préoccupations concernant l’évolution de la qualité des eaux dans le bassin.
Depuis le début des années 1990, les résultats obtenus au chapitre de la qualité des eaux exprimée en teneurs de phosphore total, de sodium, de sulfate, de solides dissous totaux et de fer total dépassent régulièrement les niveaux visés. L’analyse des tendances a été établie à partir de relevés effectués à 34 sites.
Les localités de la Saskatchewan, du Dakota du Nord et du Manitoba dépendent essentiellement de la rivière Souris pour leur approvisionnement en eau, et la voie navigable est une autre source d’eau importante pour la sauvagine, les poissons et d’autres organismes aquatiques. Le dépassement des limites établies au titre de la qualité des eaux a de quoi nous préoccuper en raison de l’impact négatif qu’il peut avoir sur la qualité de l’eau potable et sur la vie aquatique.
Constats
« Le plus préoccupant, à mes yeux, est l’augmentation récente des niveaux de sulfate et de solides dissous relevés dans la plupart des sites d’observation », nous a confié Rochelle Nustad, hydrologue au Dakota Water Science Center de l’USGS et co-auteure du rapport.
Selon elle, ce phénomène rejoint les constats d’une analyse des tendances effectuée pour le bassin de la rivière Rouge. Cette rivière se jette dans la rivière Assiniboine qui est un tributaire de la rivière Rouge.
Exemple de contenu de la carte de récits
La dernière analyse de tendances a consisté à examiner l’évolution de la qualité des eaux de la rivière Souris au fil du temps. Cette étude étant terminée, Mme Nustad recommande maintenant d’entreprendre une analyse d’attribution des sédiments pour expliquer les changements. L’hydrologue suggère en outre de réévaluer les objectifs de qualité des eaux au vu du dépassement de certains paramètres constatés ces dernières années et au cours des 30 dernières années, ces derniers pouvant être différents.
« Nous pensons que ce constat tient à plusieurs facteurs, » nous dit-elle, « dont le système hydroclimatique. Nous savons que la région est soumise à une alternance de périodes humides et de périodes sèches. »
La présence de minerais de sulfate à l’état naturel associée à des conditions climatiques humides peut donner lieu à une plus grande dissolution des minéraux. Cela contribue à une augmentation des concentrations de sulfate et de solides dissous.
Les pratiques agricoles, comme l’utilisation d’engrais et les systèmes de drainage, peuvent exacerber ces concentrations. Les conditions climatiques plus humides favorisent par ailleurs une plus grande interface entre les eaux de surface, les eaux souterraines affleurantes et les milieux humides, ce qui pourrait aboutir à des déversements accru de sulfates dans les cours d’eau.
Prochaines étapes
Eric Volkman — directeur du Dakota Water Science Center de l’USGS et co-président américain du Conseil — estime que l’étude, plutôt que d’être « un signal d’alarme », est une invitation au Conseil d’examiner les données utilisées afin de commencer par déterminer les objectifs de qualité des eaux.
« Le principal avantage de cet exercice est qu’il permettra d’établir des conditions de base utiles pour l’avenir. »
Bruce Davison — chef de l’Unité des eaux transfrontalières, Services techniques Nord et Ouest, à Environnement et Changement climatique Canada, et coprésident canadien du Conseil — se dit heureux que l’étude soit terminée. « C’est un excellent travail et nous avons hâte de voir ce que cela va signifier pour le mandat du Conseil, » ajoute-t-il.
Mme Nustad pense qu’il existe différentes façons d’expliquer le dépassement des cibles en matière de qualité des eaux, comme par l’analyse des isotopes pour déterminer les concentrations de sulfates dans les eaux souterraines et les eaux de surface.
« À mon avis, il faut instaurer une surveillance continue », ajoute-t-elle. « C’est l’un des principaux moyens d’information. Si nous voulons savoir où nous allons, nous devons savoir d’où nous venons, et pour ce faire, nous devons avoir des données. »
Le rapport, « Comprehensive Water-Quality Trend Analysis for Selected Sites and Constituents in the International Souris River Basin, » est disponible (en anglais seulement) auprès de l’USGS.
La carte de récits permet de visionner les sites de prélèvement d’eau mis à contribution pour l’analyse, les valeurs dérivées des données recueillies et les photos du bassin.
Jeff Kart is executive editor of the Shared Waters IJC newsletter and a contractor to the US Section of the International Joint Commission in Washington, D.C.