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Une application développée avec les collectivités autochtones favorise la consommation de poisson en toute sûreté

Matt Dellinger
Medical College of Wisconsin
woodlake pike

La pêche et la consommation de poisson sont essentielles aux cultures autochtones des Grands Lacs. Beaucoup de gens au Canada et aux États-Unis ne se rendent pas compte que, pour les Amérindiens, la consommation de poisson est un droit légal établi par des traités qui remontent à plus de 180 ans. La Chippewa Ottawa Resource Authority (CORA) est un organisme de gestion intertribal pour la région du Haut‑Michigan visée par le traité de 1836.

Le bassin des Grands Lacs laurentiens est le territoire ancestral des nations autochtones, y compris les Anishinaabe : la Confédération des Trois Feux des peuples Ojibwé, Odawa et Potawatomi. Les traditions confirmées par les traités représentent une institution fondamentale de l’existence sociopolitique tribale. La chasse au gibier, la pêche et la cueillette d’ingrédients cérémoniels pour des médicaments ou de l’artisanat sont des activités légalement autorisées qui relient les membres de la tribu moderne à leur passé.

Ces activités rattachent également la santé des Autochtones au bassin des Grands Lacs. Il est important de comprendre que, sur le plan culturel, les peuples autochtones attachent de la valeur à leur lien avec la terre. De nombreux membres des tribus considèrent que le sort de l’environnement est intimement lié au leur. Les activités culturelles anishinaabe exigent des écosystèmes vastes et intacts. L’intendance de l’environnement fait donc partie intégrante de l’identité tribale.

treaty ceded territories
Territoires cédés en vertu de traités associés aux tribus anishinaabe des Grands Lacs d’amont des États Unis. La pêche commerciale tribale est surveillée par la Chippewa Ottawa Resource Authority (CORA) et la Great Lakes Indian Fish and Wildlife Commission (GLIFWC). Photo : Matt Dellinger

 

Des chercheurs du Medical College of Wisconsin se sont associés à la CORA pour étudier comment les habitudes culturelles de consommation de poisson peuvent affecter la santé des Autochtones. Il est bien établi que la consommation de poissons des Grands Lacs entraîne des risques et comporte des bienfaits pour la santé. Aux fins de l’étude, les valeurs nutritionnelles des poissons ont été comparées aux polluants environnementaux (mercure et composés organochlorés) qui s’accumulent dans les poissons.

La CORA surveille ces contaminants depuis 1991 chez le touladi et le grand corégone des eaux des lacs Supérieur, Huron et Michigan cédées par traité en 1836. Le National Institute for Environmental Health Sciences a financé une subvention de 1,2 million de dollars pour permettre aux chercheurs de recueillir des données sur d’autres poissons de la région ainsi que des informations nutritionnelles sur les acides gras oméga-3 et oméga-6 essentiels. Ces travaux ont permis de faire ressortir des faits cruciaux au sujet de la consommation de poissons provenant des Grands Lacs.

Des contaminants préoccupants persistent chez les poissons des Grands Lacs, mais pas toujours à des niveaux assez élevés pour les rendre dangereux à consommer. Surtout lorsqu’on les compare aux poissons d’élevage achetés en magasin, les poissons des Grands Lacs présentent des ratios sains d’acides gras oméga-3 à oméga-6. Enfin, les acides gras oméga-3 dans bon nombre de ces poissons comportent des bienfaits qui peuvent éclipser les risques des contaminants, selon l’espèce.

Ces résultats, publiés dans le Journal of Great Lakes Research, sont importants parce que les poissons des Grands Lacs constituent pour ceux qui vivent dans le bassin plus qu’un simple aliment. Dans le cadre de l’étude, on a demandé aux membres de la tribu de la région qui relève de la CORA combien de poissons et quels types de poissons ils mangeaient habituellement en un mois.

On a ensuite montré aux membres une application mobile qui présentait les résultats de l’étude sur la nutrition et les contaminants de chaque espèce de poisson. Après avoir vu cette information dans l’application, les participants ont été invités à dire de nouveau quel poisson ils aimeraient manger. Dans la plupart des cas, les personnes interrogées ont choisi des poissons qui comportaient des bienfaits pour leur santé. Ils ont également sélectionné d’autres poissons des Grands Lacs lorsqu’ils ont pris connaissance des données recueillies par un scientifique tribal de la CORA.

La recherche illustre l’importance de fournir aux gens des données environnementales recueillies en tenant compte de l’histoire culturelle et de la santé.

La CORA représente les intérêts des signataires du traité de 1836. En utilisant la technologie du XXIe siècle en partenariat avec des subventions du National Institute for Environmental Health Sciences, la CORA peut promouvoir une consommation de poisson saine et sûre pour ses membres, comme le prévoient les traités d’origine. L’équipe prévoit diffuser l’application sur les sites Web de la CORA et du Conseil intertribal du Michigan plus tard cette année.

M. Dellinger est coauteur de l’étude dont il est question dans le présent article avec Ronald Anguzu, Noel Pingatore et Michael Ripley, coordonnateur environnemental à la CORA.

Matt Dellinger
Medical College of Wisconsin

Matt Dellinger is an associate professor at the Medical College of Wisconsin and member of the IJC Health Professionals Advisory Board. 

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