Pour les résidents de la région des Grands Lacs, la qualité de vie est directement et indirectement influencée par la qualité de l’eau, mais il est très difficile de déterminer les valeurs tangibles et intangibles de l’écosystème.
Les Grands Lacs, qui sont une source d’eau potable, sont aussi à l’origine d’activités récréatives. Ils sont à la base de l’agriculture, de la filtration de l’eau, de la production d’électricité et de la navigation commerciale.
Et ce ne sont là que quelques-uns des avantages ou services écosystémiques que les Grands Lacs offrent aux visiteurs et aux résidents.
L’économie régionale des Grands Lacs est évaluée à quelque 6 billions de dollars américains (7,5 billions de dollars canadiens), mais ce chiffre ne dit rien de la valeur totale de tous les services écosystémiques.
Afin de mieux cerner la valeur totale des Grands Lacs, de la mesurer et de la communiquer, le Comité des priorités scientifiques du Conseil consultatif scientifique des Grands Lacs a lancé le projet d’évaluation des services écosystémiques des Grands Lacs.
L’évaluation des services écosystémiques, qui a pour objet de quantifier la contribution directe et indirecte des écosystèmes au bien-être humain — le plus souvent en termes monétaires —, consiste à unifier les dimensions économiques et écologiques en vue de favoriser l’amélioration et la transparence des politiques et de la prise de décisions.
En avril, le Conseil a publié son rapport sur la portée de la phase 1 du projet d’évaluation des services écosystémiques des Grands Lacs (en anglais seulement), dans lequel il examine la possibilité de conduire une évaluation des services écosystémiques et de formule des recommandations en conséquence. D’autres études antérieures ont consisté à appliquer aux Grands Lacs des méthodes d’évaluation dites hors marché, selon des techniques d’évaluation de biens et de services non commerciaux. Toutefois, bon nombre de ces études sont fondées sur des données d’évaluation extérieures aux Grands Lacs, ce qui en limite la pertinence.
« Il est facile d’évaluer certains services écosystémiques d’après la valeur chiffrée des produits écoulés, comme le prix du poisson dans le cas des pêches commerciales », explique John Livernois, membre du Conseil, responsable du projet et professeur émérite d’économie et de finances à l’Université de Guelph (Ontario). « D’autres activités, comme l’observation des oiseaux, ajoutent de la valeur à la région, mais elles sont plus difficiles à quantifier parce qu’elles ne participent pas d’un marché commercial.
« S’il est possible de chiffrer la valeur des pêches commerciales d’après le prix du poisson sur les marchés, tel n’est pas le cas de l’observation du pluvier siffleur, car il n’existe pas de marché. Ce genre de données est utile à des fins stratégiques et décisionnelles pour comprendre la valeur des services écosystémiques dans la région des Grands Lacs », ajoute M. Livernois.
John Livernois, responsable du projet d’évaluation des services écosystémiques des Grands Lacs, présente les conclusions du rapport de la phase 1 lors de l’édition 2024 de la conférence annuelle de l’Association internationale de recherche sur les Grands Lacs. Source : CMI
Les données d’évaluation peuvent améliorer les décisions de gestion en matière de qualité de l’eau des Grands Lacs. En effet, quand l’existence de meilleures données sur les services écosystémiques des Grands Lacs permettent aux décideurs et aux responsables des politiques de mieux comprendre les arbitrages à faire ainsi que les répercussions de leurs décisions sur le bien-être humain et sur l’environnement.
Dans son rapport sur la Phase 1, le Conseil reconnaît qu’une étude d’évaluation de tous les écosystèmes du bassin des Grands Lacs est une vaste entreprise, mais recommande tout de même d’en entreprendre une dans le cas des milieux humides côtiers.
Ces milieux humides présentent divers avantages pour la qualité de vie, allant de l’aide au maintien de la qualité de l’eau par la filtration des polluants à l’existence de zones tampons contre les inondations en passant par le soutien à la diversité biologique.
Cependant, le développement humain a réduit de moitié la superficie des milieux humides côtiers des Grands Lacs (en anglais seulement). S’il est facile de quantifier les avantages économiques des activités de développement, il est plus difficile de quantifier les avantages découlant de la conservation et de la restauration des milieux humides. Les informations dérivées d’une telle étude d’évaluation permettraient de prouver les avantages que représentent la restauration et la conversation des milieux humides.
Afin de mieux préciser la portée d’une future étude d’évaluation des milieux humides côtiers, le rapport du Conseil recommande de se concentrer sur l’un des trois services écosystémiques mis en évidence par les milieux humides côtiers. Il s’agit de la séquestration des nutriments, de la résilience des côtes et de la protection contre les inondations, ainsi que de la composition et de l’abondance de la faune aviaire.
Les avantages directs et indirects des Grands Lacs améliorent le bien-être humain. Une meilleure compréhension de la valeur totale des Grands Lacs sur ces plans pourrait aider à soutenir les efforts de restauration, de protection et d’amélioration des Grands Lacs.
Rachel Wyatt is the communications officer at the IJC’s Great Lakes Regional Office.