Lac Saint-Laurent

 

Le lac Saint-Laurent tient lieu de réservoir du barrage hydroélectrique Moses-Saunders. Il se situe dans la section internationale du fleuve St‑Laurent que se partagent le Canada et les États-Unis. Dans cette rivière se déverse le débit du lac Ontario.

Le projet hydroélectrique Moses-Saunders a été construit dans le cadre du projet de construction de la Voie maritime du St‑Laurent lancé en 1954. Il a fallu créer un chenal navigable dans les Rapides du Long Sault ainsi que des barrages, des écluses et d’autres structures de contrôle, dont le barrage hydroélectrique Moses-Saunders près de Cornwall (Ontario) et de Massena (New York). Une fois ces ouvrages terminés, l’inondation s’est déclenchée le 1er juillet 1958, produisant dans le fleuve un élargissement et un approfondissement artificiels que l’on a nommé lac Saint-Laurent. L’arrivée des eaux a inondé une douzaine de villages en Ontario que l'on surnomme aujourd’hui collectivement « les villages perdus ». L’inondation s’est également étendue du côté de New York, mais elle n’a touché aucune collectivité aussi gravement[7].

Le lac Saint-Laurent s’étend en amont depuis le barrage Moses-Saunders vers le sud-ouest sur une distance d’environ 46 km jusqu’au village d’Iroquois (Ontario). Sa largeur atteint 7 km par endroits, et il couvre une superficie de 259 km2 [1].

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Figure 1 : Carte du lac St. Lawrence. Source : Environnement et Changement climatique Canada

Ce lac sert avant tout de bassin d’admission ou de bief au barrage hydroélectrique Moses-Saunders. Le Conseil international du lac Ontario et du fleuve St.‑Laurent (CILOFSL, ou le Conseil) régularise le débit du barrage, qui varie énormément en fonction de l’apport et du niveau d’eau du lac Ontario et du fleuve St‑Laurent. Comme il se situe juste en amont du barrage Moses-Saunders, son niveau d’eau fluctue beaucoup.

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Figure 2 : Le barrage hydroélectrique Moses-Saunders. Source : NYPA

Les résidents et les touristes font beaucoup de navigation de plaisance sur le lac. On y trouve le Stormont Yacht Club et plusieurs ports de plaisance ainsi que de nombreux excellents terrains de camping et de belles plages tout au long de ses rives. La pêche est aussi une activité fort appréciée. Le bord du lac grouille de sauvagine et accueille de très nombreux échassiers migrateurs.

Climat

La formation de glace et de frasil sur le lac Saint-Laurent influe fortement sur la régularisation du débit du fleuve St‑Laurent. Il est souvent nécessaire de réduire ce débit pour laisser la glace se former une couverture sûre et stable. Toutefois, les méthodes modernes de gestion des glaces ont considérablement réduit la fréquence et l’ampleur des embâcles ainsi que les inondations locales que la rivière causait auparavant.

Niveau de l’eau

Le Conseil international du lac Ontario et du fleuve St‑Laurent surveille et régularise le débit du barrage Moses-Saunders, qui influe sur le niveau d’eau du lac Saint-Laurent. Le Conseil régularise le débit du lac Ontario en suivant le Plan 2014 de régularisation, adopté en 2017 et élaboré conformément à l’Ordonnance[2] de 2016 approuvée par la Commission mixte internationale (CMI).

Le Conseil tient le public informé du niveau d’eau et de la régularisation du débit. Il collabore avec son Comité de gestion adaptative des Grands Lacs et du fleuve St‑Laurent (GAGL), qui surveille l’efficacité des plans de régularisation du réseau des Grands Lacs et du fleuve Saint‑Laurent[3].

Le niveau d’eau du lac Saint-Laurent dépend de plusieurs facteurs, notamment du niveau d’eau du lac Ontario ainsi que des effets du vent, de la glace, de la végétation aquatique, du fonctionnement hydroélectrique de pointe du barrage Moses-Saunders (c.‑à‑d. des variations du débit d’eau au cours de la journée visant à répondre le plus efficacement possible à la demande d’électricité) et du débit du fleuve. Comme la régularisation du débit des turbines se fait à travers le barrage, à l’extrémité aval de son réservoir, ces deux derniers facteurs causent un effet hydraulique intéressant. Autrement dit, lorsqu’on accroît leur débit, le niveau d’eau du lac Saint-Laurent baisse, alors que lorsqu’on le réduit son niveau d’eau monte. Une série de modules d’apprentissage en ligne[4]traitent de ce phénomène et d’autres processus (comme les pointes de production, la gestion de la glace, le fonctionnement du barrage d’Iroquois, les effets du vent).

Caractéristiques hydrauliques

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Figure 3 : Collectivités et ouvrages de régularisation situés au bord et autour du lac St. Lawrence. Source : CMI

En 1952, la CMI a approuvé le lancement d’un projet de construction transfrontalier. En 1953, la Federal Power Commission délivrait à la New York Power Authority (NYPA) un permis l’autorisant à développer la section du barrage hydroélectrique Moses-Saunders située sur la frontière canado-américaine. En 1954, le président Dwight D. Eisenhower signait une loi autorisant la construction du barrage et de la Voie maritime du St‑Laurent. La production d’électricité a commencé en juillet 1958 et le 27 juin 1959, la Reine Elizabeth II et le vice-président Richard M. Nixon ont consacré officiellement la Voie maritime du St‑Laurent et la centrale hydroélectrique comme symboles de coopération internationale[5].

La centrale Moses-Saunders génère de l’électricité pour la province de l’Ontario et pour l’État de New York. Le Conseil indique à Ontario Power Generation (OPG) et à la New York Power Authority (NYPA) les volumes de débit qu’il faut laisser passer par les différents ouvrages de régularisation qui se trouvent sur le lac.

OPG possède et exploite la centrale hydroélectrique R.H. Saunders située dans la section canadienne du barrage Moses-Saunders. Cette centrale a une capacité de 1 045 mégawatts[5]. OPG exploite aussi le barrage d’Iroquois situé à l’extrémité amont du lac Saint-Laurent. Ce barrage à vanne ne sert pas à produire de l’électricité, mais à réduire le niveau d’eau élevé du lac Saint-Laurent et à gérer les glaces. Il empêche le lac Saint-Laurent de causer de graves inondations.

La NYPA possède et exploite la centrale hydroélectrique Robert Moses située du côté américain du barrage hydroélectrique Moses-Saunders. En 1981, la NYPA a rebaptisé sa section du barrage le St. Lawrence-Franklin D. Roosevelt Power Project pour rendre honneur au fondateur de la NYPA. Cette centrale a une capacité de 912 mégawatts[5].

La construction du barrage Long Sault s’est terminée à la fin des années 1950. Ce barrage est aussi exploité par la NYPA. Il s’agit du deuxième barrage par lequel le débit du lac Saint-Laurent peut se déverser. Cet énorme déversoir arqué ne génère pas d’électricité.

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Figure 4 : Le barrage déversoir Long Sault. Source : NYPA

Comme ces barrages endiguent le fleuve, on a construit des écluses à chaque extrémité du lac pour que les navires puissent les contourner. L’écluse d’Iroquois se trouve à côté du barrage d’Iroquois, à l’extrémité amont. À l’extrémité aval, les navires passent par les écluses Eisenhower et Snell.

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Figure 5 : L’écluse Eisenhower. Source : SLSDC

En 1968, la CMI a autorisé l’Office de protection de la nature de la région de Raisin à rediriger un débit maximal de 0,7 m3/s du lac Saint-Laurent à Long Sault (Ontario) dans la dérivation de 26 km de la rivière Raisin afin d’accroître le faible débit de cet affluent. La rivière Raisin se jette ensuite dans le fleuve Saint‑Laurent en aval de Cornwall. L’Office de protection de la nature indemnise OPG pour tout volume d’eau contournant le barrage qui s'élève au‑delà d’une valeur de base fixe, que l’on ne dépasse d’ailleurs que très rarement.

La station d’épuration du village de Massena (New York) tire moins de 0,1 m3/s d’eau du lac Saint-Laurent par la conduite d’eau brute de 600 mm d’une structure que l’on appelle Massena Intake[5]. Un peu au nord du barrage hydroélectrique se trouve le canal de Cornwall. Cette structure d’entrée d’eau déverse continuellement environ 5 m3/s par ce canal historique pour que l’eau ne stagne pas. La Ville de Cornwall (Ontario) tire environ 0,5 m3/s d’eau du lac Saint-Laurent par une prise d’eau située près du canal de Cornwall.  

Population locale

Plusieurs collectivités résident autour du lac Saint-Laurent. La plus grande d’entre elles est Cornwall, qui est la ville la plus à l’est de l’Ontario et qui compte environ 46 900 habitants[6]. Sa base industrielle est devenue très variée : on y trouve les secteurs de la fabrication, de l’automobile, de la haute technologie, de l’éducation, de la transformation alimentaire ainsi que des centres de distribution et des centres d’appel. Les autres collectivités comprennent Stormont Sud, un canton de l’Est de l’Ontario (Canada) situé dans les Comtés unis de Stormont, Dundas et Glengarry. Autour du lac Saint-Laurent se trouvent aussi les collectivités de Long Sault, Ingleside, Morrisburg et Iroquois en Ontario ainsi que de Massena, Wilson Hill, Louisville et Waddington dans l’État de New York. Les cantons de Dundas Sud et de Stormont Sud s’étendent le long de la rive canadienne, en face du comté Saint-Laurent situé sur la rive américaine. De nombreux résidents peuplent aussi les îles qui parsèment le lac. Ceux-çi ont créé plusieurs associations communautaires.

L’inondation du fleuve a recouvert des dizaines de localités ontariennes, que l’on nomme aujourd’hui collectivement les villages perdus. La rive new-yorkaise a aussi été inondée, mais aucune collectivité n’y a été aussi gravement touchée. Ces villages perdus attirent de nombreux visiteurs de la localité et de l’extérieur. L’inondation a eu lieu à la suite d’un projet d’expropriation des terres sans précédent mené dans les années 1950 pour permettre la construction de la Voie maritime du Saint‑Laurent et du barrage hydroélectrique. De nombreux résidents, surtout ceux qu’elle touche personnellement, sont fiers de cette inondation historique. Quelques-uns de ces villages ont été reconstruits sur des terres plus élevées, comme Long Sault, Morrisburg et Iroquois (Ontario), et l’on y retrouve des maisons et d’autres structures amenées des villages inondés[7]. Upper Canada Village, un parc d’attractions illustrant la vie dans la campagne canadienne-anglaise en 1866, s’est ouvert en 1961 dans le cadre du plan de conservation du patrimoine du projet; on y retrouve de nombreuses structures des villages perdus[8]

La nation mohawk d’Akwesasne chevauche la frontière qui sépare le Canada des États-Unis des deux côtés du fleuve ainsi que les limites des provinces de l’Ontario et du Québec, principalement en aval du lac Saint-Laurent. Ses résidents demeurent profondément attachés au lac Saint-Laurent et aux sections avoisinantes du fleuve St‑Laurent.

Écologie locale

Plusieurs espèces indigènes, dont certaines sont en voie de disparition, ainsi que des espèces envahissantes vivent dans le lac Saint-Laurent. Plusieurs organismes, comme le St. Lawrence River Institute of Environmental Sciences (SLRIES) et la Fédération canadienne de la faune contribuent à la conservation de l’écologie locale de la région. Le lac abrite plusieurs espèces préoccupantes et notamment des espèces menacées et en voie de disparition comme la tortue mouchetée, le pygargue à tête blanche, la proie oscillante, la sterne noire et la chauve-souris de l’Indiana.

De nombreuses espèces de mammifères des forêts du Nord, comme le rat musqué, le castor, les écureuils volants, le vison, le cerf, le porc-épic, viennent s’installer sur les rives et sur les îles du lac. En hiver, la couverture de glace sur le lac facilite leurs mouvements entre la terre ferme et les îles.

Cette région est reconnue comme étant l’un des meilleurs lieux de pêche sportive en eau douce de tout le Nord-Est de l’Amérique du Nord. Les pêcheurs à la ligne viennent de partout pour pêcher le brochet, l’achigan (surtout celui à petite bouche) et le maskinongé.

Le lac abrite aussi plusieurs espèces envahissantes. On y voit surtout des moules zébrées et quaggas, des gobies à taches noires et des lamproies marines.

La vallée du Saint-Laurent est l’un des principaux couloirs de migration saisonnière à travers l’Atlantique pour de nombreuses espèces d’oiseaux. La société Audubon, à New York, a inscrit la région parmi les zones importantes de conservation des oiseaux. Les pygargues à tête blanche, que l’on ne voyait plus sur le lac depuis de nombreuses années, y sont revenus, et l’on en voit beaucoup, surtout en hiver. 

L’une des principales espèces en voie de disparition est l’anguille d’Amérique, qui a accusé un déclin spectaculaire. Le lac Saint-Laurent est une escale importante de leur route migratoire. L’organisme River Institute contribue à sensibiliser le public et invite les citoyens scientifiques à l’aider à documenter l’observation de ces animaux et à faciliter l’association d’habitats[9].

 

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Figure 6 : Anguille d’Amérique. Source : MPO 

See Also

St. Lawrence River

St. Lawrence Seaway

Moses-Saunders Power Dam

Iroquois Dam

Eisenhower Lock

Ontario Power Generation

New York Power Authority

The Lost Villages

Upper Canada Village

Cornwall, Ontario

Massena, New York

External Links

International Lake Ontario-St. Lawrence River Board

Great Lakes-St. Lawrence River Adaptive Management Committee

International Joint Commission

St. Lawrence River Institute of Environmental Sciences

Raisin Region Conservation Authority

References

1.      International Lake Ontario-St. Lawrence River Board. Observed Conditions and Regulated Outflows in 2017. Report to the International Joint Commission. 25 May 2018. 51 pages. https://legacyfiles.ijc.org/tinymce/uploaded/ISLRBC/ILOSLRB_SummaryReport.pdf. Retrieved 4 April 2019.

2.      https://ijc.org/en/loslrb. Website of the International Lake Ontario-St. Lawrence River Board. Retrieved 4 April 2019.

3.      https://ijc.org/en/glam. Website of the Great Lakes-St. Lawrence River Adaptive Management Committee. Retrieved 4 April 2019.

4.      https://ijc.org/en/loslrb/library/modules. Website of the International Lake Ontario-St. Lawrence River Board. Learning Modules. Retrieved 4 April 2019.

5.      https://en.wikipedia.org/wiki/Moses-Saunders_Power_Dam. Wikipedia page for the Moses-Saunders Power Dam. Retrieved 4 April 2019.

6.      https://en.wikipedia.org/wiki/Cornwall,_Ontario. Wikipedia page for City of Cornwall, Ontario. Retrieved 4 April 2019.

7.      https://en.wikipedia.org/wiki/The_Lost_Villages. Wikipedia page for the Lost Villages. Retrieved 4 April 2019.

8.      https://en.wikipedia.org/wiki/Upper_Canada_Village. Wikipedia page for Upper Canada Village. Retrieved 4 April 2019.

9.      https://www.riverinstitute.ca/. Website of the St. Lawrence River Institute of Environmental Sciences. Retrieved 4 April 2019.